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3 pratiques d’enseignement pour prévenir les violences scolaires

Assurer la sécurité physique et psychologique des élèves et des professionnels est une des missions centrales des organisations scolaires, souvent inscrites d’ailleurs dans un texte légal. Sans cette sécurité, l’enseignement est très difficile à mettre en place et l’apprentissage est fortement compromis. En outre, les situations d’insécurité intense ou répétée ou violences scolaires peuvent avoir des conséquences négatives importantes sur le bien-être des élèves et des enseignants. L’objectif du présent article est de réfléchir aux moyens par lesquels les professionnels œuvrant dans les écoles peuvent avoir une action préventive sur les comportements violents.

les violences scolaires

La nature des violences scolaires

Une large majorité des interactions sociales au sein des écoles se déroule dans un climat jugé positif. Le respect des règles constitue l’essentiel des conduites manifestées par les élèves en contexte scolaire. Parmi la minorité des situations ou des comportements jugés problématiques par certains acteurs, la non-conformité aux règles liées au fonctionnement des classes et des écoles est nettement plus répandue que l’atteinte à l’intégrité des personnes. Ainsi, il s’agit le plus souvent d’absentéisme, de bavardage, de niveau de langage inapproprié, etc.

Dans le registre de l’atteinte aux personnes, largement sanctionné par la loi, les atteintes verbales (moqueries, insultes) sont les plus répandues, suivies des atteintes relationnelles (rejet, exclusion) ainsi que des atteintes contre les biens (vol, dégradation) ; les atteintes physiques sont les plus rares. Ces différents types d’atteintes peuvent se combiner sous forme de maltraitance entre pairs, qui viennent clairement en tête des situations de souffrance évoquées par les élèves. Ces situations se caractérisent par des actions négatives (physiques, verbales ou sociales) dirigées intentionnellement et de manière répétée vers un élève perçu comme étant moins à même de se défendre.

Enfin, les agressions aiguës et les crimes sont les situations les moins fréquentes et restent rares en milieu scolaire, particulièrement envers les enseignants. On voit bien que les violences scolaires recouvrent des phénomènes en partie de nature différente. Et qui n’entretiennent pas nécessairement des relations obligées entre eux. (par exemple, le harcèlement peut se développer en l’absence de problèmes majeurs de discipline et inversement ; des incidents disciplinaires fréquents n’impliquent pas systématiquement la présence de nombreuses agressions). Pourtant, ces trois phénomènes affectent le sentiment de sécurité et de bien-être à l’école.

Les conséquences des violences scolaires

Certes, les incidents disciplinaires perturbent l’enseignement et réduisent les opportunités d’apprentissage des élèves. L’acquisition de connaissances scolaires est notamment liée au temps d’enseignement. Plus encore, au temps d’engagement des élèves dans des activités d’apprentissage. La répétition d’incidents disciplinaires ou de violences scolaires peut donc avoir des effets négatifs sur les compétences scolaires acquises par les élèves. Avec des conséquences éventuelles sur la suite de leur scolarité et leur intégration sociale. Elle peut aussi avoir une influence sur la satisfaction et la motivation professionnelle des enseignants. En outre, les élèves identifiés comme enfreignant de manière récurrente les règles scolaires risquent de susciter des réactions négatives de la part de leurs enseignants. Et d’être confrontés à une escalade des sanctions. Ce qui risque d’avoir des répercussions sur leur motivation et leurs résultats scolaires.

Être impliqué dans une situation de harcèlement, que ce soit comme victime, comme auteur ou les deux à la fois, est également associé à une série de difficultés d’adaptation. Les élèves au profil de victimes se démarquent par leur détresse psychologique. Les auteurs de brimades se distinguent par un vécu scolaire négatif. Quant aux élèves présentant un profil d’agresseur-victime. Ils ou elles se caractérisent par l’expérience scolaire et le vécu émotionnel le plus négatif des autres. À plus long terme, une position de victime qui devient chronique serait un facteur de risque pour le bien-être émotionnel. Tandis qu’une position d’agresseur qui s’installe dans la durée serait un facteur de risque pour l’engagement dans des comportements délinquants au sens large.

Quoique moins étudié dans le cadre scolaire, le harcèlement peut aussi se produire entre professionnels travaillant au sein des écoles. Toutefois, il faut veiller à ne pas aggraver la moindre déviance. Le recours à l’agression peut parfois constituer une réaction transitoire à des événements de vie stressants.

la violence en école

Comment les prévenir ?

Sans doute, les phénomènes désignés comme violences scolaires sont très complexes. Une réponse unique à tous les cas de figures est illusoire. Cela n’implique pas qu’intervenir est obligatoirement compliqué. Mais que différents niveaux et axes d’intervention sont possibles et ont intérêt à être combinés.

En fait, les punitions, les exclusions et les suspensions sont les réponses les plus répandues des écoles aux comportements problématiques des élèves. Ces réponses sont peu efficaces et ont parfois pour conséquence d’aggraver les difficultés initiales. Les recherches indiquent clairement que l’autorité scolaire demande plus que des punitions. Elle cherche à développer le contrôle de soi et les compétences sociales chez les élèves. Or, si la sanction est un signal qui vise à stopper un comportement. Elle n’aide pas à développer d’autres manières de se conduire.

La confiance et le sentiment d’appartenance nécessitent un travail éducatif qui cultive le respect, l’attention à l’autre, la convivialité et les obligations mutuelles entre enseignants et élèves, ainsi qu’entre élèves. Un tel climat ne permet pas seulement de réduire l’expression de comportements violents. Mais aussi de favoriser les apprentissages.

En effet, les recherches concernant la régulation des activités d’apprentissage suggèrent que les pratiques de classe peuvent avoir un impact sur l’intensité des problèmes de comportements des élèves. Les résultats de ces recherches invitent à réfléchir à trois aspects des pratiques d’enseignement.

  • La mise en place d’environnements d’apprentissage préventifs à travers le modèle de comportement proposé, les routines instaurées et le monitoring de l’évolution des élèves sur les plans cognitif, affectif et relationnel.
  • La manière de réagir face à des situations conflictuelles ou de crise, afin de limiter les risques d’escalade.
  • Le retour réflexif individuel ou collectif sur ses actions, en vue d’une prise de recul et d’une amélioration.

Pour conclure

Certainement, des actions sont possibles à différents niveaux. Celui d’une classe, celui d’un cycle, celui d’un groupe à risque, celui d’un établissement. Chacun de ces niveaux a sa pertinence et semble avoir un effet repérable contre les violences scolaires. Ces différents niveaux d’action peuvent, bien entendu, se combiner de façon à renforcer leurs effets. Mais l’absence d’une telle coordination ne condamne pas les acteurs à l’impuissance ou à l’inaction. Si un accompagnement des enseignants ou des équipes éducatives peut être utile à chaque niveau d’intervention. C’est sans doute dans la construction d’une synergie entre différents niveaux et différentes démarches, plus exigeante et plus difficile à atteindre, qu’un accompagnement s’avère le plus crucial.

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