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Conduites évaluatives de l’enseignant et Objectivité de la note

Il est fondamental pour tout enseignant de prendre conscience du rôle et de l’intérêt de l’évaluation. Celle-ci ne se limite pas à la notation des devoirs, des interrogations écrites ou orales ou des épreuves d’examens. C’est une dimension quotidienne des conduites évaluatives de l’enseignant. Il faut savoir la doser et l’utiliser à bon escient.

conduites évaluatives

L’évaluation est liée au traitement des erreurs, mais son champ est plus vaste

L’évaluation est bien sûr liée au traitement des erreurs, mais son champ d’application est beaucoup plus vaste. Elle inclut la façon dont l’enseignant réagit aux productions correctes ou incorrectes de ses élèves. Certains professeurs ne cessent de confronter leurs élèves à ce qu’ils considèrent, en tant que détenteurs d’un savoir, comme la norme. Perfectionnistes et intransigeants, ils ne cessent d’interrompre les élèves pour corriger telle ou telle faute. Les conséquences d’une telle attitude ne peuvent être que néfastes, si l’on tient compte des connaissances actuelles sur la façon dont le cerveau fonctionne. Mais aussi si l’on vise à développer chez les élèves une compétence de communication. conduites évaluatives

Une ambiance plus propice à une communication plus ou moins spontanée ou authentique sera favorisée par un maître qui n’interrompt pas à tout moment le cours de l’interaction pour corriger les erreurs. Sinon, l’engrenage de la réussite pourrait s’enclencher. Le linguiste Claude Hagège s’oppose lui aussi à tout « acharnement thérapeutique », notamment dans les débuts de l’apprentissage d’une langue. Une correction immédiate et systématique, par interruption abrupte du message enfantin, risque d’induire chez les enfants, même les moins fragiles, divers effets négatifs.

  • Angoisse de la faute,
  • développement de stratégies ayant pour but l’évitement de la communication,
  • diminution de l’ardeur à prendre part aux échanges dans le cadre de la classe,
  • déclin de la motivation et de la curiosité d’apprendre,
  • méfiance à l’égard du maître,
  • et même, chez les plus sensibles, accroissement de l’émotivité ou comportements agressifs vis à vis de l’entourage.

En conséquence, la correction par le pédagogue ne doit s’appliquer, du moins au début, qu’aux écarts qui constituent de sérieux obstacles à la communication. En particulier, il est préférable qu’elle n’intervienne pas lorsqu’il s’agit de cas d’extension. conduites évaluatives

Les conduites évaluatives doivent renforcer la motivation chez tous les élèves

Insistons maintenant sur les conduites à tenir en cas de réussite de l’élève. Si le maître ne réagit pas, la réussite aura moins d’impact, elle ne contribuera pas autant à renforcer la motivation, surtout celle des élèves les plus faibles. Dans tous les cas, il faut que l’élève soit reconnu dans sa réussite. Tout effort entrepris mérite d’être considéré, ne serait-ce que par regard ou un sourire. Mais la plupart des enseignants a une tendance naturelle à n’apporter du feedback positif qu’aux élèves les plus forts.

En effet, que se produit-il le plus souvent en classe ? Le professeur se fait très vite une opinion sur les capacités plus ou moins inégales de ses élèves. Cette opinion se fonde souvent de façon indirecte sur des jugements portés antérieurement par autrui. Elle se forge également à partir de réactions au physique et à la voix des élèves. Cette opinion faite, le professeur traite les élèves en fonction des prévisions que ses jugements aléatoires lui permettent d’établir. Inconsciemment, il va solliciter bien davantage les élèves considérés comme forts. Il se crée autour d’eux un climat émotionnel plus chaleureux grâce à la communication non verbale: regards, mimiques, gestes.

Certains spécialistes disent même que ces regards pourraient avoir une résonance possible avec le contact œil à œil maternel et seraient donc particulièrement favorables au développement cognitif. En ce qui concerne les échanges d’ordre verbal, ces mêmes élèves privilégiés sont beaucoup plus souvent interrogés. On les incite à répondre, à donner leurs opinions ainsi qu’à questionner. Ils peuvent ainsi se sentir de plus en plus à l’aise en situation de communication. Concernant le partage du savoir, le maître a tendance à leur prodiguer un enseignement d’un niveau supérieur quant au nombre et à la complexité des informations. conduites évaluatives

conduites évaluatives en classe

Les facteurs altérant l’objectivité de l’évaluation

D’abord, commençons par ce qu’on appelle « les effets d’assimilation ». Le plus souvent, l’enseignant influencé par les résultats antérieurs des élèves. Un élève déjà révélé fort est mieux noté et inversement. Les progrès de l’élève faible donc difficilement perçus. La prise de conscience de ce type de phénomènes par les enseignants favoriserait la progression de la majorité des élèves. conduites évaluatives

Joue aussi sur l’évaluation « l’effet de halo ». Celui-ci se produit quand il y a contamination de paramètres extérieurs sur l’appréhension des aspects purement techniques d’une production d’élève. C’est alors à travers une sorte de filtre que l’on perçoit la compétence visée. Ces filtres peuvent être de nature différente. À l’écrit, l’évaluateur peut être fortement influencé par des aspects formels tels que la présentation, l’orthographe ou la lisibilité de la copie. Lors d’une évaluation orale, l’attitude générale du candidat importe énormément. Dégage-t-il une impression de laisser-aller ou de maîtrise de soi ? Tout compte, les gestes et mimiques, la façon de s’exprimer…

Toutes ces remarques indiquent bien à quel point une note peut varier. La quête de la vraie note est donc illusoire et mystifiante. Des expériences de multi-correction le prouvent. Pour obtenir une note fiable, il faudrait 13 correcteurs en mathématiques, 28 en anglais et 127 en philosophie pour une même copie. Malgré tout, la note reste souvent omniprésente dans le cadre de l’Education Nationale. Pourquoi cette pérennité de la note ? Il faut bien reconnaître qu’elle confère à l’enseignant un pouvoir de fait. Elle est aussi le signe d’une société où tout se chiffre. Enfin, elle fait partie intégrante des représentations que les élèves et les parents se font de l’école. conduites évaluatives

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