Pédagogie

Composants et spécificités de la communication orale

L’oral a toujours précédé l’écrit et occupe une place prédominante dans les relations humaines. L’enfant parle dans sa langue maternelle bien avant de savoir tracer ses premières lettres. De même, l’étranger se trouve immédiatement confronté à la langue orale: questions du douanier à la descente de l’avion, recherche d’un moyen de transport pour se rendre à son hôtel… C’est pourquoi l’apprenant éprouve le besoin d’être rapidement capable de communiquer oralement, ce qui suppose l’acquisition de compétences de compréhension et d’expression. Ces deux aspects de la compétence de communication sont en interaction incessante et continue.

Dans le cadre des approches communicatives, on distingue actuellement le système oral de la langue comme un système autonome régi par ses propres lois, distinctes de celles de la langue écrite, ce qui nous amène à parler des spécificités de l’oral.

Les spécificités de l’oral

Si l’on établit un parallèle avec l’écrit, la première particularité de l’oral est son caractère éphémère. En effet lorsqu’on est devant un texte, on a toujours la possibilité de le relire que ce soit pour le comprendre ou pour le modifier si l’on est en phase de production. Rien de tel à l’oral. Certes, dans une situation de communication de la vie courante, on peut faire répéter l’interlocuteur mais il n’est guère envisageable de le faire systématiquement ou trop fréquemment. Par contre, s’il s’agit de comprendre une information diffusée à la radio, à la télévision ou par un haut-parleur dans le métro, une gare ou un aéroport, impossible de recourir à la répétition. De même lorsqu’on s’exprime, il est difficile de se reprendre et de reformuler son énoncé jusqu’à ce qu’il soit correct.

Parler de système oral veut dire tenir compte à la fois de plusieurs facteurs issus tant du discours émis que de la situation de communication dans laquelle il est émis, c’est-à-dire:

  • des conditions d’émission et de réception spécifiques incluant les composantes physiques et visuelles de la situation de communication;
  • un discours syntaxique propre organisé avec des répétitions, des ruptures de constructions. des raccourcis, des hésitations…;
  • un découpage en unités significatives linguistiques et extra-linguistiques (groupes de souffle, phonèmes. mais aussi intonations, rythmes et pauses…);
  • l’existence de facteurs sonores porteurs de sens quant aux intentions communicatives ou indicateurs de la situation, comme les qualités de voix (tendues, agressives. accélérées, ou posées, douces…), les bruits externes et situationnels, les silences, mais également des brouillages ou des interférences.
la communication orale en classe

Les traits de l’oral

Ces traits propres à l’oral ont des fonctions syntaxiques et sémantiques variées. Parmi ces traits, on peut citer :

  • Les traits prosodiques : Ce sont les pauses, les accents d’insistance, les modifications de la courbe intonative, le débit. Si l’on prend par exemple les pauses, ils ont quatre fonctions. Les pauses opèrent des segmentations dans le discours, soulignant ainsi, parfois, son organisation syntaxique. Elles peuvent produire des effets d’emphase sur certaines unités. Elles peuvent aussi aider à comprendre l’attitude et l’état d’esprit du locuteur. Enfin, elles contribuent à la reconnaissance d’une situation de communication donnée.
  • Les liaisons et les enchaînements : Pour certains étrangers, il est difficile de percevoir la différence entre deux énoncés tels que: «Ils ont peut-être envie » et « Ils sont peut-être en vie ».
  • Les contractions : Elles sont généralement occultées dans l’apprentissage. Les enseignants s’attachent à enseigner une langue grammaticalement correcte. Or, dans toute conversation orale, les raccourcis sont nombreux «Y a qu’à y aller!»; «T’as compris?»; «J’sais pas»… On peut également ajouter les troncations (ne pas donner le mot en entier) : «Le prof est absent»; ou «Ce soir, on dîne au resto ».
  • Les hésitations, ruptures : Il s’agit des hésitations, ruptures de constructions, constructions inachevées et reformulations liées à la linéarité de la chaîne parlée. Il est fréquent de commencer une phrase, de s’interrompre puis de la reprendre différemment. Par exemple: «Je pense que si… Enfin on pourrait dire que. . . ».
  • Les interjections et mots de discours : Ce sont des mots comme «ben, hein, euh, bof, ah ».

Le jeu social

La communication orale est influencé par le rôle que joue plusieurs facteurs de la société dont par exemple :

  • Les accents régionaux : L’étranger qui arrive en France n’entendra pas exactement le même français selon qu’il séjournera à Marseille, Toulouse, Lille, Strasbourg ou Paris. Il percevra une langue tantôt chantante, tantôt plus gutturale, pointue ou encore chuintante. Le « e » final sera prononcé (dans le sud) ou muet; le « r» sera guttural ou roulé.
  • Les accents sociaux : On peut distinguer l’accent des classes sociales aisées et l’accent des jeunes des quartiers populaires.
  • Les registres de langue : Il est évident qu’on ne s’adresse pas de la même façon à un supérieur hiérarchique, à un ami, à une personne âgée ou à un enfant. Outre l’interlocuteur, la situation de communication déterminera le choix du registre de langue: entretien d’embauche, dispute avec un voisin… On distingue quatre registres de langue : soutenu, courant, familier et argotique. Chacun est marqué à la fois sur le plan syntaxique et lexical. Sur le premier plan, on peut mentionner l’altération des tournures interrogatives et négatives : « T’es content?», «Je crois pas », « J’ai pas d’argent»… En ce qui concerne le lexique, la langue française dispose d’une grande richesse de vocabulaire. Ainsi on peut dire « Ça ne me fait rien » ou « Ça m’est égal » (français courant); «Je m’en moque pas mal » ou « Ça me fait ni chaud ni froid» (langue familière); «Je m’en balance», «Je m’en fiche » (langue argotique) ou «Je m’en fous » (vulgaire). Les jeunes ont leur langue qui est comme un emblème de solidarité. C’est une langue qui évolue très vite, avec dans la plupart des cas des termes courants mais auxquels est attribuée une nouvelle acception.
la communication orale en jeux

La communication corporelle

Le corps communique aussi plusieurs indications qui peuvent être spécifiques à une culture bien précise. Voici trois indicateurs qui peuvent nous expliquer cela :

  • La gestuelle : En France, on peut exprimer le refus ou encore le désintérêt avec un mouvement des épaules. Un Japonais peut ne pas être d’accord tout en souriant. En effet, un même geste peut avoir une signification différente selon les cultures. Il est donc important de sensibiliser les apprenants à cette composante de la communication orale pour leur permettre d’interpréter correctement les gestes de leurs interlocuteurs et leur éviter d’avoir eux-mêmes des gestes déplacés ou non-compris.
  • Les mimiques : Les Latins laissent facilement transparaître leurs émotions et leurs sentiments sur leur visage. Un froncement de sourcils, une moue de dépit, un sourire ironique, des yeux agrandis, peuvent aisément se substituer à un énoncé.
  • La proxémie : La distance entre les personnes, les contacts physiques entre les locuteurs, jouent également un rôle important dans la communication orale.

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