Les manuels scolaires partisans et adversaires

Nous développerons dans cet article un certain nombre d’idées et de conseils relatifs à la lecture et à l’utilisation qui peut être faite des livres en général et des manuels en particulier. Mais nous voulons faire une place particulière à ces outils nécessaires que sont les livres et les manuels scolaires.

Distinction livres et manuels scolaires

Le terme de manuel est utilisé pour un livre d’un format pratique, maniable renfermant les notions essentielles d’un art, d’une science, d’une technique, reproduit à un très grand nombre d’exemplaires tous identiques, conçu pour être utilisé par des élèves, guidés par leur maître, qui peuvent l’avoir en permanence sous la main pour répondre à telle question, fournir tel renseignement, proposer telle démarche, clarifier telle notion avant de la fixer, de l’assimiler. Et chacun comprendra que, si tous les manuels sont des livres, la réciproque n’est pas vraie !

Pour et contre

Les manuels ont eu, trop longtemps, la réputation de symboliser un enseignement traditionnaliste et routinier. Desséché parce que réducteur, faisant une place excessive aux formules et aux résumés, sclérosant parce que simplifiant à l’extrême une réalité en fait beaucoup plus complexe ; se substituant à la vie, aux choses, aux faits, formant écran entre l’image qu’il donne de la réalité et la réalité elle-même.

Le reproche a pu, dans une certaine mesure, être mérité par certains manuels. Mais, en les stigmatisant de manière extrême, on est tombé d’un excès dans l’autre. Les adversaires des manuels scolaires ont utilisé, de manière trop partielle et souvent partiale, les reproches des pédagogues qui voulaient remplacer les livres par l’emploi des seules techniques audiovisuelles. Et de véritables campagnes se sont développées pour tenter de montrer leur inutilité quand ce n’était pas leur nocivité.

Les partisans, en revanche, tout en prenant quelque distance avec un emploi abusif, n’ont cessé d’en recommander l’emploi raisonné, maîtrisé, judicieux. Chacun sait que la maîtrise de la lecture est au cœur de la réussite scolaire. Cette maîtrise de la lecture au sens large du terme. C’est-à-dire aussi bien celle des textes que celle des images, des tableaux, des graphiques, disons des imprimés et de tous les écrits sociaux de manière générale, ne peut se réduire, c’est certain, à l’utilisation des seuls manuels. Mais elle passe par eux.

N’ont-ils pas l’avantage de donner la possibilité, dans une classe, de mettre sous tous les yeux, au même instant, le même texte, la même illustration, le même croquis ? N’ont-ils pas celui de fournir des références communes a toute la classe et de faciliter, par là-même, dialogues et échanges ? Encore, n’ont-ils pas celui de donner aux familles qui le souhaitent la possibilité de prolonger !

Emploi des livres et des manuels scolaires

Très tôt, c’est-à-dire dès l’école maternelle, il faut mettre à la disposition des enfants des livres. Beaucoup de livres, sans texte d’abord, puis avec des textes en relation directe avec l’image, l’amour du livre, de la chose écrite, prennent très tôt naissance dans l’esprit des enfants. Les manuels sont officiellement, pour les écoles, à la charge des collectivités. Il y a place donc pour un emploi large autant que maîtrisé; fréquent mais non exclusif; de manière à faire du manuel un outil de travail, capable de fournir un certain nombre de renseignements. Mais aussi de contribuer à initier ses utilisateurs à un travail de recherche personnelle en développant des techniques aussi diverses que la lecture ; sous toutes ses formes, l’observation, l’analyse, la synthèse et à les conduire, peu à peu; à un autodidactisme qui sera nécessaire demain tout autant et plus encore qu’aujourd’hui.

Le choix des manuels

C’est là une chose essentielle, et divers critères doivent être, tour à tour, examinés. Le manuel choisi doit, en effet :

• correspondre au programme officiel, à tout le programme officiel mais rien qu’à lui ; trop nombreux, en effet, sont les manuels qui alourdissent un contenu ;
• être d’une utilisation commode : format, typographie, présentation, simplicité des recherches; appareil pédagogique qui ne doit cependant pas constituer un carcan -sont à prendre en compte ;
• être agréable à consulter et présenter des qualités esthétiques indéniables ;
• laisser une place à l’initiative personnelle, à la recherche, aux éventuels prolongements ;
• être exempt de coquilles, de parti-pris trop flagrants, de connotations racistes, d’erreurs.

Le choix d’un manuel, fort délicat, effectué à tête reposée pendant les vacances; doit s’opérer, non en fonction d’une mode, d’un engouement passager. Mais de l’utilisation qui va en être faite par ceux qui ont mission de l’utiliser et de le faire utiliser. C’est à un examen attentif, sérieux, des divers spécimens qu’ils peuvent se procurer. Que les maîtres doivent procéder avant d’arrêter un choix qui engage leur travail, pour un temps limité, certes, car le monde bouge et la pédagogie aussi. Mais qui dépasse le cadre de l’année scolaire en cours.

Pour conclure

En liaison avec tout ce qui précède, disons simplement, pour conclure; qu’au-delà des romans qu’on trouve habituellement dans les bibliothèques de classe. il est utile de réunir :

• tous les spécimens dont le maître ne se sert pas mais qui lui auront été utiles pour le choix des manuels de sa classe ;
• des dictionnaires spécialisés (de synonymes, étymologiques, analogiques, des citations. des proverbes, des rimes…); destinés à compléter ceux que les enfants possèdent eux-mêmes ;
• une flore et des ouvrages permettant de déterminer oiseaux, poissons, insectes. plantes, champignons, roches… ;
• des revues, des catalogues, des illustrés, des bandes dessinées bien choisis ;
• des ouvrages présentant simultanément texte et bande dessinée … ;

C’est à ce prix que les livres et manuels scolaires pourront jouer pleinement le rôle qu’on est en droit d’attendre.