Didactique et apprentissage quels sont les liens à travailler
La didactique n’est autre que de l’apprentissage dans une discipline scolaire. C’est en fait la construction d’outils nouveaux pour construire des situations d’apprentissage. Elle peut représenter un champ d’application des problématiques d’apprentissage. On arrive à dire alors que l’élève du didacticien, c’est l’apprenant, l’élève du pédagogue, c’est une personne globale. Cependant, tout ceci semble nier sans aucune hésitation que l’apprentissage puisse être un champ autonome de recherches. C’est-à-dire que la recherche en apprentissage puisse être conduite sans se focaliser sur la spécificité des savoirs mis en circulation, de la didactique en quelque sorte. Cet article se propose donc d’analyser les liens possibles entre didactique et apprentissage qu’il vaut mieux les travailler pour bien mener sa mission d’enseignant ou de formateur de façon plus générale.
La didactique, un domaine qui se justifie en soi et pour soi
Faire comme s’il n’y avait pas question à travailler entre didactique et apprentissage conduit à décréter par exemple; que la didactique du français est la théorisation des démarches d’enseignement et des processus d’acquisitions liés aux contenus de savoirs propres à la discipline. Ce qui revient à réduire la didactique au scolaire. Ensuite à réduire l’apprentissage à l’acquisition donc à l’instruire. Enfin, à annexer les problématiques d’apprentissage puisque la didactique n’est plus alors que de l’apprentissage dans une discipline donnée, ici le Français.
On est en train de nous construire une didactique sans sujet. Car la didactique se focalise sur les savoirs attachés à une discipline scolaire et s’y enferme, au service de l’institution. Elle oublie d’interroger le ou les projets de cette institution et accepte vite d’en faire un champ dos, un domaine vrai qui se justifierait en soi et pour soi. De ce fait, la recherche didactique n’interroge pas non plus son propre projet en tant que recherche. Mais il faut bien des limites à un champ de recherche. Limites qu’on ne confondra pas avec des frontières. L’intérêt de la limite est fonctionnel dans le champ même, pour le champ concerné, d’abord. La limite organise le domaine d’étude et donc le programme de recherche.
La didactique (et notamment celle du Français) serait alors une transformation de savoirs empruntés aux disciplines connexes (psychologie, linguistique, sociologie…); qui deviennent des objets didactiques à faire acquérir, dans une logique de contrôle sans interrogation épistémologique. Peut-être faut-il alors accepter que le regard didactique échoue à parler de l’imaginaire; du symbolique et exclut le sujet se construisant. Ce qui devient alors l’apanage de la dimension évaluation. L’évaluation comme questionnement, comme problématisation du sens, implique, elle, un sujet en devenir alors que la dimension didactique et apprentissage n’impliquerait qu’un savoir à acquérir ?
Le travail didactique du formateur n’est pas une simple transposition
Les figures imaginaires du formateur tendent vers un évaluateur contrôleur des apprentissages de l’autre. On aurait tort de penser que seuls les enseignants utilisent ces figures. Les formateurs d’enseignants, même quand ils ne sont pas d’anciens enseignants eux-mêmes, et les formateurs d’adultes en entreprise; tendent eux aussi à assimiler formation à un corps constitué, figé, de savoirs à acquérir. Les Nouvelles Technologies, quand elles se réclament de l’autoformation et ne sont qu’un retour informatisé à la pédagogie du travail autonome ou programme renforcent cette tendance.
Toute formation est alors pensée comme étant d’abord de la transmission de savoirs. Pour pouvoir gérer la formation, la planifier, la prévoir et la contrôler, les formateurs didactisent; inventent de la cohérence dans le champ de savoir référent. Le travail didactique du formateur (qu’on ne confondra pas avec la recherche didactique sur les situations d’enseignement ou de formation); n’est pas une simple transposition. Ce travail du praticien de la formation est davantage une transmutation d’un savoir pluriel, évolutif, temporaire, régulable, en un savoir relativement objective, figé et clos. Ce n’est pas une perte de sens mais la création d’un autre sens.
Didactique et apprentissage, les procédures de transformation
En fait, si on accepte que la didactique se définit par un travail, un traitement, par des procédures de transformation d’un savoir de plus savant que soi en un savoir communicable en fonction des contraintes pédagogiques spécifiques à une formation précise. Les procédures relevant de la logique didactique sont alors des transformations opérées sur :
- l’ordre des notions ;
- le degré de complication choisi, ou tenu, l’exhaustivité des cas d’emploi des notions ;
- le degré de complétude du champ théorique convoqué où s’est développé le concept ou la théorie. C’est-à-dire la prise en compte ou non du contexte historique dans lequel on a créé les notions ;
- la mise en tâche : l’élection des activités, des situations didactiques de manipulation de ces notions pour fabriquer un produit.
Ce travail peut ne pas se réduire à une dogmatisation; si elle est objet d’auto-évaluation par le formateur et par le formé. Sinon, on conçoit, vu la prise de pouvoir que ce travail suppose (le pouvoir du planificateur); que le formateur, seul maître à bord, puisse en arriver à se soutenir d’une figure de transformateur, d’évaluateur-contrôleur.
4 commentaires