Education

École et autorité l’établissement de moins en moins respectée

L’autorité est acte d’auteur à l’égard de quelqu’un d’autre qui n’occupe pas la même position dans un rapport et sur lequel s’exerce cette autorité (exemple : celle d’éduquer, de juger, de soigner). Ainsi dit-on de quelqu’un, lorsqu’il n’a pas besoin d’exercer une contrainte physique ou un pouvoir pour imposer une obéissance inconditionnelle, qu’il est investi d’une autorité. On parle d’attribuer à quelqu’un l’autorité de faire ceci ou cela. Bref, l’autorité n’est ni fonction d’un pouvoir, ni fonction de l’usage de qualités physiques violentes, d’une force morale intrinsèque, d’une attitude naturelle ou d’une menace. Elle dessine une relation, foncièrement symbolique. Son efficacité ne découle d’ailleurs pas d’un ordre, d’une persuasion ou d’une argumentation, mais de la façon dont elle est socialement valorisée et émise puis reçue. La conjonction de plusieurs phénomènes explique, de nos jours, le retour de l’autorité. Ecole et autorité sera le débat que nous proposons dans cet article.

enfant roi

Ecole et autorité, le mythe de l’enfant-roi

En fait, nous vivons une période où la société est nostalgique d’une forme complètement idéalisée de l’école traditionnelle. Cela renvoie à l’idée d’un éventuel âge d’or de l’éducation où tout se passait bien. On oublie de dire que, durant cette période, la majorité des élèves était exclue du système scolaire; que le châtiment corporel, quoique interdit, massivement utilisé; et qu’un nombre significatif d’enfants sortait alors de l’école sans maîtriser les savoirs de base. Enfin, notre société vit objectivement un moment où la question de l’autorité se pose de nouveau, en particulier le rapport d’autorité entre enfant et adulte.

L’école est moins respectée. Le mythe de l’enfant-roi est en train de triompher dans nos sociétés mais pas d’abord dans l’école. C’est le mythe d’un enfant avant tout consommateur qui peut obtenir satisfaction à tous ses désirs. De plus, l’évolution des configurations familiales met souvent l’enfant en situation d’arbitre conduisant les parents à en tout donner pour conquérir son affection.

Voici peu, on attendait de l’école qu’elle mette fin, par un apport d’éducation à la citoyenneté, à l’incivilité et à la violence. En effet, l’aggravation du désordre et des difficultés rencontrées par l’institution scolaire conduisent à réclamer à présent le retour de l’autorité. Cette revendication insistante appelle une réflexion sur la relation du savoir et du pouvoir; sur les places respectives de la rencontre avec le monde et de la transmission dans le processus éducatif; Sur la contradiction entre l’idéal pédagogique de non-directivité et la fonction magistrale. La problématique de l’autorité renvoie en fait à l’avenir du modèle éducatif humaniste; dont la déscolarisation croissante de l’école montre toute l’incertitude.

Comment retrouver une véritable autorité à l’école ?

Comment agir pour que l’école et les maîtres retrouvent une véritable autorité fondée sur d’autres principes que les rapports de forces ? Et comment éviter la surenchère de la violence qui se développe dans certains établissements ?

Pour certains enseignants, la question ne se pose même pas. Pour eux, l’école est un sanctuaire. Alors, les fidèles rentrent et les autres s’excluent au moindre faux pas. Fort heureusement, d’autres pensent qu’on ne peut pas exiger a priori de quelqu’un ce qu’on se charge précisément de lui apprendre. Comment donc peut-on amener les jeunes à écouter l’enseignant, à modifier le rapport de force au profit de défis humains et cognitifs ? La véritable autorité est celle qui libère, celle qui permet d’agir ensemble, celle qui est au service de tous et qui protège chacun. Les élèves ne peuvent l’apprendre que par l’éducation. Quand ils comprennent que la loi les protège, ils la respectent.

En effet, il est essentiel de rappeler que le bon maître, s’il ne doit pas renoncer à son autorité, sait néanmoins ne pas en abuser. Un pouvoir légitimé n’est ni charismatique, ni absolu. Mais, négocié, discuté, institutionnalisé. Ce n’est pas le pouvoir du plus fort, mais le pouvoir d’une personne autorisée à l’exercer. On parle beaucoup de crise d’autorité dans l’école. Pour que l’autorité soit recevable par le jeune, il est essentiel que l’adulte responsable soit crédible à ses yeux. Le fondement de l’autorité réside, auprès des jeunes, dans la bienveillance, la justice et la crédibilité de celui qui en est la figure. Cela n’est possible que sur fond de cohérence des adultes qui interviennent sur le terrain de l’éducation. Le développement et l’autonomisation et des équipes pédagogiques sont les axes à privilégier au plus vite dans les écoles.

École et citoyenneté

L’école en elle-même produit de la violence par l’humiliation qu’elle engendre. L’école de masse, voulue et décidée par nos politiques, repose sur un postulat éthique. Tout enfant est l’égal de l’autre. Or, s’il existe une égalité de tous, il règne une inégalité des performances. Contrairement au sport, quand l’élève échoue, il se sent méprisé. En réponse, on a trouvé cette formule particulièrement critiquable: « Je ne te juge pas, je juge ton travail ». Si l’élève ne réussit pas, trois stratégies peuvent se développer. L’élève feint de respecter les règles, obtient alors une note plancher, et on a la paix. Si devant la mauvaise note, l’élève reconnaît qu’il n’a pas travaillé, il reconnaît un lien rationnel. Si l’enseignant dérape en justifiant l’échec, en lui renvoyant sa nullité, la violence peut survenir, école et autorité peuvent devenir non respectées.

Dans l’école de masse, le problème est donc celui de l’écart entre les affirmations morales des enseignants et les pratiques effectives de la non-application de ces principes. Le conseil de classe est le lieu par excellence où s’exprime cet écart.

Dans l’école, mais aussi dans la famille : ce qui est moral, ce sont les sentiments authentiques. Du règne de la morale, on évolue vers le règne de l’éthique. La légitimité, aujourd’hui, c’est la capacité à dire en quoi telle contrainte, tel choix sont bons. Un vrai parent ne se contente pas de vivre avec le jeune, il explique. La loi objective, nécessaire dans l’école, doit être reconnue comme juste. Pour qu’elle le soit, elle doit être réciproque, pour les élèves, pour les enseignants. Un maître peut sanctionner un élève retardataire. S’il l’est lui aussi, il ne le peut pas. Les établissements qui ont le moins de violence sont ceux où adultes et élèves obéissent aux mêmes règles.

école et autorité

Ecole et autorité, pour conclure

En matière d’autorité et de citoyenneté, l’école doit balayer devant sa porte en abandonnant certains principes inhumains. Les élèves attendent du respect. Dans le sport, on console les vaincus. À l’école, les bulletins doivent exprimer du positif. Le système scolaire n’est pas la somme des qualités individuelles de ses membres. Le bon établissement est celui où les professeurs comprennent qu’ils sont l’établissement. Le système est établi de telle sorte que l’on n’y est pas sanctionné et que l’on y est peu récompensé. La générosité individuelle qu’expriment les professeurs ne passe pas le cap du collectif. Nous voyons deux visages : générosité personnelle, fermeture professionnelle jusqu’au refus de l’obligation du travail d’équipe. C’est aussi toucher à un idéal, à un honneur, ce qui s’exprime dans le refus d’être éducateur. Notre système n’a pas réalisé son autocritique. Plus la conscience citoyenne est éveillée tôt, plus le jeune s’intègre dans la société.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
error: Content is protected !!