Pédagogie

Le rôle de la lecture et les fonctions de l’écrit

Pour l’adulte lui-même, acquérir un savoir de longue haleine sans aucune perspective n’est pas d’une évidence extrême. À plus forte raison pour l’enfant. Il est donc important que ce dernier connaisse, avant même de savoir lire, ce que l’on trouve dans les livres. Et par conséquent qu’il pressente le rôle de la lecture et les fonctions de l’écrit. Il faudra veiller ensuite, au cours de la scolarité ultérieure, à ce que cette prise de conscience ne se dilue pas dans les obligations scolaires.

Lire pour le plaisir

Grâce à la richesse du coin lecture et aux histoires racontées, et surtout lues, à l’école maternelle, le très jeune enfant est aisément convaincu que lire est une activité agréable. Et que le livre peut être source d’évasion et d’émerveillement. Toutefois, les difficultés et l’aspect répétitif de l’apprentissage, l’aridité d’activités de contrôle et de perfectionnement trop ou mal exploitées risquent de lui faire vite oublier ses premiers émois.

rôle de la lecture

Lire pour communiquer

Il s’agit d’utiliser au mieux les moindres occasions de la vie de la classe (projets, sorties, échanges de productions à l’intérieur et à l’extérieur de l’école, correspondance, messages aux parents, etc.) ; pour insister sur le rôle de communication dans l’espace et le temps. Quitte à mettre l’écrit en parallèle avec d’autres moyens actuels (téléphone portable…) qui assument la même fonction. Et d’analyser les avantages et les inconvénients des uns et des autres. La correspondance scolaire, si riche dès la petite section, s’est imposée dans de nombreuses classes pour motiver les apprentissages et pour promouvoir le rôle de la lecture.

On est toutefois surpris de voir que des moyens aussi simples et usuels que les messages aux parents ; accompagnés de réponses éventuelles, sont rarement exploités au mieux de leurs possibilités. Cela fait réfléchir et pose le problème central déjà soulevé. Tout se passe en effet comme si les efforts de l’enseignant, au lieu de se traduire constamment en attitudes, se concrétisaient dans des techniques, ou dans un ensemble de techniques, qui peu à peu se substituent à l’objectif qu’elles sont censées atteindre.

Lire pour se remémorer

L’écrit, mémoire du groupe, autre forme de communication, peut prendre également de multiples formes dans les classes. Si au Cycle 1, la transcription par l’adulte de textes, projets, jeux . . . qui permet à celui qui sait lire d’y revenir sans problème, est un bon moyen de montrer le rôle de l’écrit-communication dans le temps, les occasions d’ancrer cette idée ne manquent pas pour les élèves plus grands. Encore faut-il souligner ce rôle de l’écrit, surtout dans les cas où il n’a justement pas été utilisé. De la même manière les nombreux affichages que l’on trouve dans les classes n’ont de sens que si l’on crée des occasions de s’y référer. Ce qui implique qu’ils ne peuvent rester identiques toute l’année. Mais qu’ils doivent être organisés et évoluer, se renouveler à mesure qu’ils deviennent caducs.

S’informer, autre rôle de la lecture

Qu’il s’agisse des ouvrages encyclopédiques, des dictionnaires,… les écrits informatifs ne manquent pas dans la classe. Il n’est cependant pas évident de les percevoir comme tels par les enfants. Ou que tous les apprenants aient compris que la plupart des questions qu’ils peuvent se poser à l’école trouvent leur réponse dans des écrits dont ils disposent librement, qu’il suffirait d’y avoir recours de façon autonome. Il est vrai que l’utilisation de ces écrits passe souvent par l’intermédiaire du maître. Ces activités restant indifférenciées à l’intérieur du travail scolaire, les élèves les oublient sitôt le document refermé et ne s’y réfèrent plus jamais d’eux-mêmes.

L’accès à l’autonomie est bien au centre du problème de l’apprentissage. C’est à cela que tend, que doit tendre, toute l’entreprise pédagogique en matière de lecture. C’est cela aussi qui doit présider à l’examen. Il n’est pas seulement question des pratiques de la classe de lecture. Mais également de comportements tout à fait ordinaires dans la conduite de la classe.

Par exemple, un élève se plaint de ne pouvoir lire un mot du texte écrit au tableau par l’enseignant. Dans la plupart des cas, ce dernier se sentant pris en faute, se précipite et efface le mot incriminé pour le réécrire de façon plus lisible. Les maîtres qui gardent réellement présent à l’esprit le double objectif d’apprentissage et d’autonomie ont une réaction beaucoup plus fine. Avant de corriger, ils s’assurent que l’enfant pourrait effectivement lire autre chose, dans le contexte de la phrase ou du texte. L’attitude adoptée ici est comparable à celle, au début de l’apprentissage ; de faire relire par l’enfant la phrase entière avec le mot qu’il aurait mal déchiffré, pour lui demander si elle présente ainsi un sens. Plutôt que de recourir à des stratégies de déchiffrement qui viennent manifestement d’échouer.

Rôle de la lecture en résumé

Le rôle de l’école est donc non seulement de mettre en place et de développer la capacité de lire. Mais encore de la nourrir et d’aider les enfants à l’utiliser librement et à bon escient. Pour leur seul plaisir, pour communiquer, pour se remémorer, pour s’informer. La tâche n’est pas simple. La situation scolaire étant nécessairement vécue comme artificielle et par définition coupée de la vie familiale ; la tentation est forte pour les enfants de confondre lecture et leçon de lecture. Une activité scolaire, souvent agréable, mais perçue comme sans relation avec les pratiques quotidiennes. Si la lecture ne peut s’apprendre par simple imitation, le comportement de lecteur, lui, comme la plupart des comportements humains, ne se développe naturellement que dans un environnement de lecteurs. Les enfants qui ne trouvent pas dans leur famille de modèles de lecteurs peuvent difficilement en trouver ailleurs qu’à l’école.

On est alors en droit de se demander si l’action pédagogique, y compris la plus performante; suffit, quand elle ne va pas de pair avec un rapport personnel privilégié de l’enseignant avec l’écrit. C’est ce rapport personnel qui enclenche le processus de réussite. Son absence ne peut conduire qu’à une semi-réussite, donc à un semi-échec; d’un savoir-lire qui ne servirait qu’en classe de lecture. Comment un maître qui n’utiliserait l’écrit que dans l’exercice de son métier, dans des pratiques souvent sources de désagrément ; comment un maître qui ne manifesterait jamais son plaisir à lire ou écrire ; qui n’aurait jamais ouvertement recours à l’écrit pour communiquer, se remémorer ou s’informer ; comment ce maître pourrait-il inciter les enfants à percevoir la lecture autrement qu’une pratique étrangère qui ne trouve son sens que dans le monde de l’école ?

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