Enfance

Enfant maltraité en milieu familial quel rôle octroyé à l’école

Les maltraitances envers les enfants dans et par leur milieu familial représentent un facteur important de risque pour leur développement et la qualité de leur insertion scolaire. La détermination de la société à protéger les enfants de possibles mauvais traitements et les réseaux de soins qui en ont découlé participent à leur prévention. L’école a un rôle important à jouer dans ces réseaux puisqu’elle peut constituer un facteur de protection. En effet, l’école est une opportunité pour ces enfants de bénéficier d’un ancrage social favorable, notamment pour le développement de leurs compétences relationnelles. Cependant, les violences institutionnelles qui peuvent se produire en classe et dans les établissements scolaires entraveraient l’école dans sa fonction de protection des élèves victimes de maltraitance. En effet, l’enfant maltraité a tendance à intégrer des modèles d’interactions violentes et à les reproduire dans le milieu scolaire, que ce soit à l’égard des élèves ou des enseignants.

Face à la pénibilité que peuvent représenter de tels comportements, l’enseignant risque à son tour d’adopter des interactions violentes générant ainsi de nouveaux abus à l’égard de l’élève. Et cela d’autant plus s’il est épuisé professionnellement. Si tel est le cas, l’école est mise en échec. Elle ne parvient pas à assurer les facteurs de protection. Mais renforce les facteurs de risque liés aux abus subis dans la famille. De ce point de vue, la prévention des violences institutionnelles devrait permettre de renforcer le rôle favorable de l’école auprès de tous les élèves. Et plus particulièrement auprès de ceux qui ont été maltraités afin qu’ils puissent se développer de manière optimale. Nous montrons comment les facteurs de protection pour les enseignants comme la compréhension des émotions et le soutien social sont protecteurs pour les élèves.

maltraité en milieu familial

L’enfant maltraité risque des difficultés développementales et scolaires

Les maltraitances envers les enfants peuvent se diviser en :

  • Les maltraitances physiques : il s’agit de l’utilisation de la force physique envers un enfant. Battre, frapper, secouer, étouffer, pousser, mutiler, etc., sont des manifestations de cette force.
  • Les abus sexuels : l’utilisation de l’enfant à des fins sexuelles par un adulte ou un adolescent. Il peut s’agir d’inceste, de tentative de viol par un parent ou par un inconnu, d’exposition de l’enfant à des actes indécents, à des rites sexuels.
  • Les maltraitances psychologiques : elles ont été reconnues récemment comme une des formes de victimisation de l’enfant ; elles comprennent notamment les abus verbaux et la dépréciation, les actes symboliques dans le but, par exemple, de terroriser l’enfant.
  • La négligence : il s’agit d’un déficit des soins prodigués à l’enfant, d’un défaut de prise en compte de ses besoins physiques (nourriture, hygiène) ou psychologiques (protection, amour). La négligence recouvre des attitudes qui vont du manque de disponibilité au rejet total de l’enfant.

Certes, il est évident que les conséquences sur le développement intellectuel, émotionnel et social de l’enfant peuvent être graves et causer des difficultés d’intégration et de faibles performances scolaires. D’ailleurs, l’enfant maltraité éprouve une difficulté à se trouver face à un adulte, y compris des enseignants. Ils peuvent être perçus comme une source importante de stress. Afin de gérer cette situation, cet enfant a tendance à rester en retrait de la vie de la classe. Ce qui diminue les occasions de socialisation et d’apprentissage. En plus, ces enfants risquent de générer des conflits avec les autres élèves. Conflits souvent difficiles à gérer par les professionnels scolaires. En effet, l’enfant maltraité a tendance à intégrer des modèles d’interactions violentes et à les reproduire dans le milieu scolaire.

L’école comme facteur de risque

L’école présente un facteur de risque pour les enfants maltraités, notamment lorsqu’elle développe des violences institutionnelles à leur égard. En effet, les violences manifestées à l’école par certains élèves peuvent amener les professionnels à agir en miroir. Ce en reproduisant de manière inconsciente des comportements violents. De plus, les professionnels risquent de reproduire ce type de relations entre eux. Et dépenser beaucoup d’énergie à leurs problèmes de collaboration au risque de négliger les besoins des élèves. La violence institutionnelle de l’école est le plus souvent liée essentiellement à des incidents mineurs. Répétitifs, expérimentés tant par les élèves que par les professionnels de l’école. Les enfants ayant subi des maltraitances intrafamiliales sont tout particulièrement vulnérables à ce type de violence institutionnelle, soit en qualité de victime, soit en tant qu’agresseur.

De plus, l’institution scolaire s’est vue chargée de la mission de repérer d’éventuels abus sur les élèves et de les signaler. Cette mission risque d’éveiller de grandes angoisses chez les enseignants. Afin de tenter de résorber celles-ci, ils courent le risque de mobiliser de manière inconsciente des mécanismes de défense. Tels le déni, la banalisation, le doute, l’inhibition du désir de savoir. Ces mécanismes favorisent la non-action tout en déculpabilisant l’intervenant. Dans le même ordre d’idées, les professionnels peuvent ignorer leur existence, minimiser la gravité des actes commis. Ou banaliser les comportements en les attribuant à une agressivité normale du point de vue développemental.

L’enfant maltraité de part la famille risque donc d’enfermer les professionnels dans un paradoxe. Ceci pourrait s’énoncer ainsi : « Je ne veux pas que tu me battes. Mais je te provoque parce que je crois que tous les adultes sont violents avec les enfants, et je vais le prouver. »

Enfant maltraité

L’école comme facteur de protection pour l’enfant maltraité

Si les abus envers les enfants représentent un facteur important de risque pour leur développement et leur insertion scolaire. Il convient de souligner que tous les enfants abusés ne rencontrent pas forcément des problèmes de développement. Certains d’entre eux peuvent évoluer de manière optimale et devenir des adultes confiants et compétents. Ainsi, pour appréhender une situation dans toute sa complexité, il faut tenir compte non seulement des facteurs de risque que présentent les abus pour le développement de l’enfant maltraité. Mais également des facteurs de protection que son environnement social devrait pouvoir lui fournir.

Si l’école a peu d’impact sur les facteurs de risque véhiculés par des milieux familiaux maltraitants. Elle a, en revanche, la possibilité d’améliorer les conditions de vie des élèves et la sécurité au sein de la collectivité scolaire. D’une manière générale, soulignons que la meilleure prévention est la réussite scolaire. Ici, une bonne intégration scolaire représente un facteur organisateur important du développement. Avec des effets positifs à long terme comme la diminution des risques de délinquance. Et l’augmentation des chances d’insertion professionnelle et sociale.

Prévenir l’échec, renforcer l’inclusion, développer une pensée critique et des compétences sociales sont des facteurs de protection essentiels que de nombreuses recherches ont mis en évidence. Les compétences sociales sont celles qui permettent à l’individu de faire face aux défis de la vie quotidienne. En fait, le développement de ces compétences, favorise l’adoption de comportements positifs. Et la protection face aux conduites à risque de l’enfant maltraité. Divers travaux portant notamment sur la comparaison de diverses écoles. Et la perception individuelle des enseignants ou des élèves ont permis de reconnaître les dimensions du climat scolaire . Ayant un effet positif sur le comportement des élèves.

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