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Être acteur d’un projet de formation

Être acteur d’un projet de formation n’est pas seulement la présence dans le circuit du projet. La pensée par projets rend prioritaire la parole des personnes investies dans l’action, l’interrogation sur le sens de ce qu’elles font. On ne fait pas des projets en s’adressant qu’à des agents, à des subalternes, sans s’adresser d’abord à ce qui, en eux, en fait des auteurs. Tant qu’on confond les rôles tenus avec les fonctions à remplir, on ne peut installer une politique de projet.

Rôle du formateur dans la pensée par projets

Le formateur n’est pas le chef du projet, il en est le garant. Il ne détient pas les réponses, ni la clef du projet, ni sa vérité. Il est garant que le projet se fonde, il n’est pas garant que le projet se fabrique. Donc, il est là pour aider non pas seulement à boucler sur ce qui était prévu. Mais à ouvrir sur la compréhension de l’imprévisible apparu, sur la prise en considération des écarts, qui ne sont pas toujours des erreurs. Il n’est pas responsable des actions. Mais il participe depuis sa place à la recherche du sens que les actions entraînent et aussi font apparaître occasionnellement.

S’interroger sur son propre fonctionnement est la dimension nouvelle qu’apporte la pensée de projet. On n’est plus dans un moule ni sur un rail. Les objectifs peuvent n’être que des outils, un moyen d’instrumenter l’intuition car employer le découpage en objectifs et les taxonomies, c’est une technique qui ne nécessite pas d’avoir à s’engager ni à travailler son investissement. Alors que c’est prioritaire dans le travail en projet.

La pensée par projets c’est la prise en considération, la reconnaissance de l’implication des acteurs qui agissent tous sur le système, chacun depuis sa place. On n’est pas victime du système, on est autant passif, agi par le système que ce qu’on agit sur lui.

être acteur d'un projet

Être acteur du projet, quelles implications ?

On n’écrit pas un projet. On rédige un document qui explicite un dispositif dont l’objectif est que les acteurs soient en projet et non pas qu’ils aient des projets. Le document dispositif contient les axes du projet-programmatique. Il s’en suit que tout intervenant (élève, stagiaire, enseignant, responsable service formation) doit être acteur de projet. Voyons ce que ça peut recouvrir.

En premier lieu, il ne suffit pas d’être inclus dans un dispositif pour adhérer aux valeurs du projet qu’il est censé mettre en œuvre, ni pour vouloir contrôler que les actions qu’on mène vont effectivement dans le sens des orientations affichées. Une classe, ainsi, fonctionnant dans la pédagogie de projet  n’est pas une garantie que les élèves sont en projet. Ils font des projets. On ne peut pas conclure qu’ils travaillent la visée du projet.

En second lieu, afficher un projet, puis se donner les moyens de le réaliser, ce n’est pas d’abord déduire des objectifs opérationnels qui désigneraient des produits à réaliser. Le travail de projet n’est pas de nature déductive. Le programme ne découle pas naturellement d’un projet-visée contrairement à ce qu’a pu faire croire la théorie des objectifs.

Enfin, vouloir être acteur de projet ce n’est pas non plus recueillir la volonté, la motivation ou la parole personnelle. Contribuer au développement de l’élève, par exemple, c’est d’abord lui faire réussir les tâches scolaires. Ensuite, c’est effectivement établir une relation d’aide. La relation d’aide est, pour le formateur, de l’ordre du stratégique, pas des objectifs à atteindre. Et, ce faisant, il s’agit bien de respecter la personnalité du formé. En effet, sa parole à entendre accompagne l’apprentissage de la tâche. Il ne s’agit pas de faire des choses vivantes. Mais de faire, ce qu’on doit faire, avec le vivant de la relation élève/enseignant ou stagiaire/formateur.

un projet

En résumé…

La réussite du projet ne dépend pas d’une simple et correcte décomposition de la visée en objectifs assortis de critères de réussite et d’outils de mesure. Mais dépend de l’adéquation entre l’organisation mise en place et le désir qu’auront les acteurs de réaliser la visée dans cette organisation. La régulation est le moteur du projet. Mais d’autre part, la participation des acteurs n’est ni une donne préalable, ni une donnée de départ. Elle ne découle pas immédiatement de la visée, encore moins du programme. Elle est rendue possible par les critères de la phase élaboration du projet, entre la conception et la réalisation. Ces critères globaux du projet qui seront régulables dans l’action, dans un dispositif indiquant chaque acteur du projet.

Dès lors, la stratégie du responsable d’un projet consiste à installer une organisation qui favorise, sinon crée, la coopération des acteurs à la visée. C’est toute l’importance de la phase d’élaboration du projet. Sans cette stratégie, qui accompagnera aussi toute la réalisation du projet; aucun projet même porteur de visées sublimes ne peut fonctionner. Car l’établissement du programmatique ne peut à soi seul mettre les acteurs en projet, il les met dans le projet. Ce n’est pas la même chose. Les intentions et les désirs ne se concrétisent pas toujours dans des actions.

On ne force donc personne à être acteur d’un projet. Mais être responsable d’un projet; (et c’est le poste de l’enseignant dans sa classe, du formateur en stage, du responsable dans sa fonction d’encadrement); c’est bien avoir la mission d’installer des conditions qui font que les acteurs du projet ou abandonnent ou se retrouvent investis dans ce projet qui présente leurs visées personnelles.

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