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Institutrice zélée pour un préscolaire fructueux

L’instauration d’une éducation solide doit avoir pour point de départ une éducation préscolaire digne de ce nom, qui est capable de faire passer le petit enfant d’une activité libre qui a sa fin en elle-même, à un stade de maturité scolaire qui prélude au vrai travail nécessitant l’effort et l’application par l’institutrice.

Période préscolaire : l’enfant subit les transformations essentielles

On a cru longtemps que les premières années de l’enfant n’auraient guère d’importance sur son éducation. On pensait que jusqu’à 3 ou 4 ans, le bébé était encore inconscient et incapable de comprendre de sorte que les parents et les éducateurs attribuaient peu de conséquence à ses réactions. Or l’expérience a montré que c’était là une grande erreur. Ce sont, au contraire, les premières années de l’existence qui, au point de vue psychologique et éducatif ont le plus d’importance. Henri Wallon a écrit « C’est dans la période préscolaire, que l’enfant subit les transformations essentielles».

En effet, c’est durant les premières années et notamment jusqu’ à 5-6 ans que l’enfant éprouve ses premières relations humaines avec une intensité qui le marque pour toute la vie. De plus, il les éprouve organiquement, c’est à dire qu’il est en grande partie inconscient des émois qui l’agitent. C’est que la pensée n’est pas encore développée et qu’il ne peut ni raisonner, ni comprendre intellectuellement le milieu des autres. Mais il sent intensément. Il éprouve avec une force qui le bouleverse, souvent inconsciemment, les émotions que déclenche en lui le milieu. Ces idées, relativement récentes, ne sont guère partagées que par les spécialistes. Beaucoup de gens continuent à penser qu’avant l’âge scolaire, l’enfant n’a besoin que d’être bien soigné pour se développer normalement. C’est là, une condition certes nécessaire, mais pas suffisante.

Une formation psychopédagogique pour devenir institutrice

Le tout petit a besoin de quelque chose de plus encore que de simples soins matériels. C’est une personne. Il faut qu’on lui parle, qu’on joue avec lui et surtout qu’on le comprenne de façon à pouvoir répondre à ses aspirations difficiles à saisir.

L’école maternelle n’est ni une garderie, ni un asile. La primauté de son rôle éducatif est évidente. Pour être pleinement atteint celui-ci requiert de la part des institutrices de solides connaissances psychopédagogiques ainsi qu’une spécialisation poussée. Plus que les méthodes pédagogiques qu’elles doivent mettre en pratique, ces institutrices auront à utiliser leur richesse humaine personnelle pour vivre en intelligence avec les enfants, au jour le jour, un problème pratique différent.

Contact personnel avec chacun des enfants, pour sympathiser avec son émotion présente ou deviner son inquiétude. Autorité souple qui tantôt lâche la bride et tantôt impose la règle. Intervention directe dans les jeux et les activités pour encourager, pour suggérer pour orienter.

Il faut que l’attitude et la conduite de l’institutrice soient assez nuancées pour s’ajuster, à la diversité et à la mobilité des caractères. Cette adaptation individuelle exige le don d’intuition, cette aptitude à saisir directement un enfant dans sa nature profonde et complexe. C’est en vivant avec les enfants qu’on peut le mieux affiner ce sens naturel. Cependant, il est indispensable qu’une institutrice d’école maternelle possède une sérieuse culture psychologique et ne cesse de la compléter et de l’approfondir. La psychologie de l’enfant est une science jeune mais qui ne cesse de progresser. Elle a déjà établi un certain nombre de données solides. Celles-ci peuvent orienter les observations et les réflexions des institutrices et les aider à comprendre les enfants.

une institutrice

L’éducation préscolaire est essentiellement sensorielle

L’enfant vient au monde avec toutes les facultés de l’homme fait, mais ses facultés sont à l’état virtuel. Elles ne se développent que si elles sont sollicitées, c’est-à-dire que si l’enfant se trouve dans les conditions voulues. Elles ne se manifestent pas toutes simultanément. Les facultés perceptives, la mémoire, l’imagination sont les premières facultés qui apparaissent chez l’enfant. Longtemps, elles seront ses facultés dominantes. La capacité d’attention est d’abord très courte parce que les sens sont sollicités de tous les côtés à la fois et l’enfant n’est pas habitué à la résistance, c’est à dire à l’effort.

Le rôle de l’éducation préscolaire consiste à organiser un milieu riche de suggestions, à aider à la socialisation de l’enfant, à affermir son éducation sensorielle, à «connaître» sa nature profonde pour l’aider à réaliser tout ce qu’ il a de possibilités et de virtualités. Dans le jeune âge, l’éducation sera donc essentiellement sensorielle. On ne parlera aux enfants que des objets qu’ils peuvent voir, toucher, sentir, manier. L’institutrice les leur fera comparer, dire ce qui les fait ressembler ou ce qui les fait distinguer. Et comme ils sont créateurs, on les invitera à combiner des couleurs différentes, des cubes, des jetons, des anneaux. Comme ils sont poètes, on leur racontera des récits merveilleux. On les laissera dessiner des images de leur cru, on les fera réciter, chanter.

institutrice compétente et zélée

Pratiques d’une institutrice compétente et zélée

Pour remplir son rôle avec succès, l’institutrice maternelle ne sera jamais trop cultivée, documentée en toutes choses pour réaliser elle-même le moyen de continuer à satisfaire ses curiosités intellectuelles, ses goûts artistiques, à nourrir son imagination, afin d’avoir la possibilité de toujours se renouveler. Les écoles maternelles servies par des institutrices aussi zélées que compétentes, peuvent remplir, avec toute leur foi, les tâches éducatives pour lesquelles elles ont vocation.

Parmi ces tâches figure celle qui consiste à acheminer au travail par le jeu, à faire en sorte que le travail s’insère dans le cadre du jeu. L’intérêt amorçant l’effort, il s’agit d’amener l’enfant à entreprendre de lui-même une activité constructive pour obtenir un résultat, à se soumettre à ses exigences, à surmonter les difficultés qu’elle présente, à la poursuivre jusqu’à son achèvement. Ce qui le prépare à comprendre ce qu’est une tâche, à l’accepter lorsqu’on la lui impose et à l’accomplir avec sérieux. A cette nouvelle étape, il atteint le stade de maturité scolaire.

D’une activité libre qui a sa fin en elle-même, le petit enfant passe à l’effort systématique pour créer quelque chose qui prélude au vrai travail. Il prend ainsi l’habitude de l’attention soutenue, de l’application, de l’effort, en un mot l’habitude du travail. Ce qui le rend apte vers six ans à tirer profit de l’enseignement primaire. Apprendre à lire, à écrire et à compter, acquérir solidement par réflexe aussi bien que par réflexion les mécanismes fondamentaux de l’expression et du raisonnement, appuyer cette étude abstraite par des exercices concrets: dessin, observation, activités manuelles, cultiver l’imagination et la curiosité, jeter en même temps les bases de l’éducation morale et civique par des habitudes de travail, de camaraderie, de coopération, n’est-ce pas là l’essentiel ?

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