Education

L’auto-évaluation et l’auto-contrôle quelles différences

L’auto-évaluation est un processus constitutif de l’humain. Ce n’est pas seulement un ensemble de procédures qui se transmettent dans le cadre d’une didactique. Apprendre à auto-évaluer les produits qu’on réalise n’est pas la totalité de l’auto-évaluation. Il s’agit alors seulement de vérifier la conformité des opérations conduites par rapport à un référentiel donné ou en construction. Ce qui est appris, ce sont des procédures de gestion de la tâche pour aboutir au bon produit. Les critères procéduraux focalisent l’attention. Mais, ce faisant, est activé un processus : l’auto-contrôle. Ce désir de conformité nécessaire à la constitution de l’individu, ce jeu entre individualisation et socialisation.

Et puis, tout le reste du temps, voire en même temps, s’active le processus d’auto-questionnement : bouillonnement du sujet au monde, élaboration, fondation de sens, de remises en question. L’auto-questionnement n’est pas pensable en soi, pas davantage que l’auto-contrôle. Seuls les cognitivistes isolent l’auto-contrôle, comme le tout de l’auto-évaluation. L’évaluation formatrice quant à elle, a confondu auto-évaluation et auto-contrôle. Aujourd’hui, on sait que Contrôle et Evaluation vont de pair, vont l’amble L’auto-questionnement n’a d’intérêt que par rapport à ses liens avec l’auto-contrôle. Et ce sont des liens de tension.

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L’auto-évaluation s’éduque

L’auto-évaluation est pensée comme travail de l’apprenant dans des situations de médiation. Situations où l’objet du travail est la parole par l’investissement dans les signes. Le travail sur les procédures favorise la revendication, le développement et la prise en considération des processus. Le processuel n’est pas un simple retour à un quelconque relationnel confondu la plupart du temps avec le maternage, la convivialité et la satisfaction. La dimension des processus humains n’est pas à côté de la didactique, à côté de l’évaluation. Mais dans le dispositif de formation. Pour le formateur ce n’est pas une autre dimension à laquelle on devrait le former de manière spécifique, qu’il lui faudrait instrumenter. C’est la prise en compte de l’altérité, de l’autre changeant, la reconnaissance des situations de vie.

On oublie simplement de dire que ces processus sont présents aussi dans les faits d’éducation. Les futurs enseignants, par exemple, ne savent pas clairement qu’ils devront les assumer; avoir des stratégies d’accueil qui permettront de ne pas les bloquer d’une façon ou d’une autre. Avoir de la considération pour la personne scolaire de l’élève, par exemple, permet d’éviter les dérives de la logique techniciste que la recherche des procédures entraîne. L’auto-contrôle est à distinguer de l’auto-évaluation. L’auto-contrôle s’occupe en priorité des procédures; en accointances avec le monde du contrôle, du bilan, de la mesure, de la vérification des acquis.

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Concept de l’auto-évaluation

L’auto-évaluation est alors à conceptualiser non pas comme l’acquisition de mécanismes de conformité. Mais comme la possibilité de répondre en conformité quand c’est nécessaire. Parce qu’on sait que cette conformité n’est qu’une norme contractuelle, qu’elle n’est pas vraie : un jeu social. Disons que l’énigme du monde nous amène à introduire l’idée de jeu. L’irréductible ontologie de l’être, c’est le jeu. Il faut réintroduire cette notion, la repenser.

D’autant plus que l’auto-évaluation, c’est tout le reste du temps, la possibilité de chercher du sens, d’apprendre le monde, de prêter du sens à ce qui est vécu dans la formation, de voir dans le vide. Le plaisir de pérégriner finit par l’emporter sur le désir de savoir (d’augmenter et de renouveler le champ du savoir). Et au bout du voyage, il est beaucoup moins question de savoir que de voir dans le vide c’est la mise en situation de l’auto-questionnement.

L’auto-régulation que l’auto-évaluation met en jeu n’est pas réductible à un schème d’actions ipso facto disponible qui ne dépendrait que d’une maturation ou de l’intégration du savoir. Mais elle demande, comme toutes les composantes de l’auto-évaluation, une mise en situation d’apprentissage. A ce titre, l’auto-régulation, relève au moins autant du social que du psychologique. Le processus Auto s’éduque. Il n’est pas possible en formation, pas plus que dans l’enseignement, de simplement convoquer l’auto-évaluation du formé. La signification du travail sur les critères se situe ici. Ce travail dépend de la modélisation des situations que font les acteurs : la survalorisation de la logique des savoirs, l’obsession du contrôle de l’autre et des situations, la résolution de problèmes résultat de la confusion entre apprendre et acquérir, sont aujourd’hui autant de freins à la mise en acte de situations d’auto-évaluation dans toutes leurs contradictions.

Pour conclure

En somme, l’évaluation formative, l’évaluation qui se veut au service du formé souffre encore de la confusion majeure entre l’interaction pédagogique partout prônée et l’intervention du formateur. Sous couvert de former les enseignants à la première, on ne les forme qu’à agir sur l’élève. Comme si l’élève n’était que pâte molle. L’élève, le formé n’est pas encore un existant. Au mieux on se centre sur lui au lieu de faire avec lui. On oublie sans cesse et sans le vouloir, que le formé existe avant que d’être formé et qu’il porte en lui ce qui le formera. On n’en finit pas de poser des réponses, au lieu de faire qu’il y ait des questions. La pensée complexe est une méthode (une gymnastique de l’esprit) pour concevoir le sujet au monde. Elle suppose de faire de la plasticité du sujet une valeur.

Viser l’autonomie de l’élève, vouloir que les outils soient des outils d’autoguidage, d’autoréglage, de mises aux points successifs, objets évolutifs, réglables, ne met pas à l’abri du risque d’induction de situations de mise en calibrage. Exalté par la rationalisation des procédures des tâches pour que le formé s’auto-contrôle; on risque toujours de mettre en chantier la route solide, droite, obligatoire devant conduire à la réussite. Ce qui aboutit au résultat inverse, à un assujettissement aux normes, par dérive de logique. Décidément, former, ce n’est pas montrer la route. Ce n’est pas d’abord l’établissement du référentiel pour le contrôle. Mais la mise en circulation à des régimes différents, d’actes de communication, dans une relation humaine, dans le travail du sens.

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