La différenciation des structures en classe hétérogène
La différenciation des structures constitue le dispositif nécessaire, mais non suffisant, à la différenciation de la pédagogie. Cette différenciation commence dès que la classe hétérogène est divisée en groupes d’élèves répartis selon les critères définis lors du diagnostic initial. Elle s’organise autour de la combinaison de quatre paramètres : les élèves, les animateurs, les lieux, le temps.
Les élèves, paramètre principal de différenciation des structures
Pour répartir les élèves selon une démarche de pédagogie différenciée, trois éléments sont à déterminer : les classes et matières concernées, le critère de répartition, l’effectif.
- Les élèves de classes différentes en maternelle et primaire se répartissent en cycles organisés en plusieurs groupes sur un temps limité. Plusieurs classes d’un même type sont regroupées dans une seule matière pour constituer des groupes de niveau-matière soit sur un ensemble de l’horaire, soit sur une partie. Cette répartition nécessite un alignement des cours. Toutefois, on peut partager une classe hétérogène en sous-groupes, dans une même matière.
- Les élèves sont répartis suivant leurs résultats dans des apprentissages donnés lorsque le dispositif choisi est celui de la différenciation des contenus. Par contre, lorsque le dispositif choisi est celui de la différenciation des itinéraires, les élèves se répartissent en fonction d’autres critères comme les affinités entre élèves, leurs itinéraires d’appropriation et leur styles cognitifs (image mentale, mode de pensée), leurs désirs et préférences concernant le choix du contenu et le lieu où ils veulent travailler. En outre, il y a deux modes de répartition. Soit des groupes homogènes où les élèves ont, par exemple, la même démarche de pensée et d’expression. Soit des groupes hétérogènes. Et c’est la répartition la plus constructive. Elle permet à la différenciation pédagogique d’atteindre le maximum de ses effets grâce à l’augmentation des interactions cognitives et comportementales.
- En ce qui concerne l’effectif, les effectifs restreints, de 8 à 15-16 élèves, facilitent la pratique d’une pédagogie différenciée mais le choix de techniques de dynamique de groupe appropriées permet d’avoir plus d’élèves pendant une séquence. Alors que l’aide individualisée, la pédagogie du projet, le tutorat demandent parfois de n’avoir que 3-4 élèves et même un seul.
Les animateurs
En réalité, lorsqu’une équipe élabore en concertation un projet de pédagogie différenciée, il est intéressant de lister le nombre de personnes sur qui elle pourra compter, et déterminer, en élargissant le cadre de référence habituel, quel rôle éventuel celles-ci devraient jouer. On peut en effet, faire appel pour animer une séquence de pédagogie différenciée, à divers types d’intervenants.
- Les intervenants internes à l’établissement. Les enseignants sont les premiers, évidemment, à animer un groupe puisqu’ils sont à l’origine du projet. Ils peuvent représenter des matières identiques ou différentes, être seuls ou en tandem. En second lieu, tout le personnel éducatif de l’établissement (documentaliste, conseillé d’éducation, chef d’établissement, adjoint, conseiller d’orientation, assistante sociale, etc.). En 3ème lieu les élèves. Parfois, ils arrivent à expliquer et intéresser de façon plus positive qu’un enseignant, en permettant le déblocage psychologique de leurs camarades. Dans le cadre de l’aide individualisée, en particulier, ils savent être de très efficaces animateurs. Il y a un autre résultat bénéfique de cette animation par les élèves, c’est que ceux-ci progressent aussi. En fait, ils demandent des explications et des idées à leurs enseignants. Ils s’efforcent d’améliorer leur expression pour être mieux compris de ceux dont ils s’occupent.
- Les intervenants extérieurs. Les parents, tout d’abord, doivent être intégrés auparavant à l’équipe pédagogique pour participer à la réflexion collective préalable. Ensuite, il y a les animateurs locaux qui viennent du centre culturel, de la bibliothèque, du foyer de jeunes, etc. Ils s’intéressent très souvent intéressés à prendre en charge un groupe d’élèves, mais n’osent pas toujours le proposer aux enseignants. Enfin, il y a les intervenants spécialistes d’un domaine (santé, informatique, musique, poésie, cinéma, danse, etc.). Ils peuvent aussi animer des séances de pédagogie différenciée s’ils s’associent tôt à la réflexion et aux décisions.
Les lieux, paramètre contraignant la différenciation des structures
Très variés et nombreux, ils peuvent être listés en concertation avant de déterminer le dispositif de différenciation des structures. Car c’est un paramètre très contraignant en fait.
- La salle de classe. C’est celle d’un enseignant concerné ou de ses collègues éventuels, avec qui il s’aligne et auxquels il adresse une partie de ses élèves.
- Le centre de documentation et d’information et/ou les bibliothèques éventuelles de l’école et des environs. Ils peuvent être les lieux privilégiés de la pédagogie différenciée à condition d’intégrer le documentaliste à l’équipe de façon très régulière et concrète en le faisant participer à l’élaboration du projet et en le prévenant suffisamment tôt de la venue d’un groupe.
- Toutes les formes d’études. Études surveillées, dirigées, permanences sont des lieux de pédagogie différenciée si on les organise de façon rigoureuse en accord avec les surveillants et les conseillers d’éducation.
- Une salle libre à la carte. Tout lieu de l’établissement comme la cantine, le foyer, la salle des professeurs ou des salles spécialisées en informatique à la disposition des élèves, sous la responsabilité d’un adulte, pour un travail précis et prévu.
- Lieux extérieurs à l’établissement. Dans le cadre d’une séquence de pédagogie différenciée, des élèves sortent de leur établissement pour participer à une activité commune avec une autre classe proche (voyage, visite de musée, enquêtes, etc.) comme cela se pratique déjà à l’école primaire.
- Le domicile de l’élève. Lieu habituel du travail complémentaire à la classe. On doit l’intégrer davantage à une séquence en clarifiant, auprès des élèves, la structuration de celle-ci. Une phase de pédagogie différenciée peut être commencée une heure en classe. Et continuée deux heures au C.D.I. et terminée en une heure environ à la maison.
Le temps
La structuration du temps est une des conditions nécessaires à la réussite optimale d’une séquence de pédagogie différenciée. La durée des séquences peut être aménagée selon cinq types d’horaires de base. Ces horaires permettent d’organiser des structures plus nuancées en fonction d’objectifs ponctuels.
- L’horaire centré. L’apprentissage s’effectue en continuité, dans la même discipline, sur 3 ou 4 heures consécutives. Cette structure peut se moduler en alternance avec un horaire et des cours habituels.
- L’horaire varié. En fait, l’apprentissage s’effectue, dans la même discipline, selon un horaire faisant alterner sur deux semaines (ou plus). Des durées courtes pour un travail intense nécessitant une attention soutenue avec des durées longues pour l’approfondissement et la maturation.
- Celui globalisé. Sur un temps assez long, un semestre par exemple, des heures hebdomadaires globalisées sous forme de modules où un programme complémentaire, parfois optionnel, peut être traité.
- L’horaire mobile. Les apprentissages s’effectuent en effet dans plusieurs disciplines en une séance de 3 à 4 heures que les professeurs concernés animent.
- L’horaire souple. Les apprentissages s’effectuent dans deux disciplines en une séance de 2 à 4 heures, différente selon la tâche à réaliser. Au cours de cette séance, ils travaillent sur un objectif interdisciplinaire déterminé en concertation dans le cadre du projet de pédagogie différenciée.
La mise en œuvre d’une différenciation des structures exige de la rigueur, de la disponibilité, des structures souples ainsi qu’un changement des cadres de références habituels. Pratiqué par de nombreux enseignants, cette différenciation des structures, novatrice, qui envisage l’hétérogénéité comme une richesse, porte ses fruits dans les classes. Elle motive les élèves et leur permet de progresser. Les équipes trouveront dans cette démarche des moyens d’aider les élèves à grandir, à s’épanouir et à devenir des adultes responsables sans avoir leurs ailes rognées, dès les premières années, par l’échec scolaire !
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