Enfance

La violence dans les médias et l’agressivité chez l’enfant

L’absence d’un consensus au sujet de la relation entre la violence dans les médias et l’agressivité dans le monde réel n’a pas découragé les chercheurs de s’intéresser à la question. Voici quelques-unes des conclusions auxquelles ont mené diverses recherches entreprises jusqu’à aujourd’hui concernant la violence dans les médias.

Les enfants qui consomment des contenus médiatiques d’une grande violence sont plus susceptibles de devenir agressifs

En fait, des chercheurs ont comparé en laboratoire les réactions de 24 jeunes téléspectateurs. La moitié d’entre eux a regardé un épisode de dessin violent. Alors que les douze autres ont visionné un dessin animé non violent. Les chercheurs ont ensuite observé les enfants en train de jouer. Ils ont remarqué que les spectateurs du dessin animé violent étaient beaucoup plus susceptibles de frapper leurs petits camarades ou de briser des jouets. Tout au long des années, ces recherches en laboratoire ont constamment montré que le spectacle de la violence était associé à une accélération du rythme cardiaque et de la respiration ; à une hausse de la tension artérielle et à une plus grande disposition à blesser l’autre ou à le punir.

Cependant, ces expériences ont été fortement critiquées en ce qui concerne leur côté artificiel. Et leur focalisation sur les effets à court terme. Une autre recherche révélait que près de la moitié des parents avaient mentionné que leurs enfants reproduisaient des actes agressifs présentés à la télévision. Toutefois, il est intéressant de noter que la majorité des jeunes ont une tendance marquée à imiter des comportements positifs.

La violence dans les médias

La violence dans les médias éveille chez certains enfants des sentiments de peur

Plusieurs études avancent que les scènes de violence à la télévision effraient les jeunes enfants et que cet effet peut perdurer. En 1998, Singer, Slovak, Frierson et York ont interrogé 2 000 élèves de l’Ohio, âgés de huit à treize ans. Ils ont découvert parmi eux la présence de divers troubles psychologiques, comme l’anxiété; la dépression et le stress post-traumatique variables en fonction du nombre d’heures consacrées quotidiennement à la télévision. Une autre enquête, réalisée cette fois auprès de 500 parents a révélé que les enfants qui avaient un poste de télévision dans leur chambre risquaient davantage de souffrir de troubles du sommeil.

Sur un échantillon de 314 enfants, âgés de 9 à 12 ans, on a découvert que s’ils distinguaient facilement de la réalité les dessins animés; les films d’espionnage, les émissions à contenu plus réaliste les plongeaient souvent dans la confusion. Quand ils n’arrivaient pas à en suivre l’intrigue, les scènes de violence devenaient pour eux incompréhensibles et d’autant plus effrayantes. C’est particulièrement problématique car les enfants préféraient ce genre d’émissions réalistes, selon eux, plus divertissantes. Plus l’enfant est jeune, moins il est capable d’identifier la violence comme telle.

La violence dans les médias rend insensible à la véritable violence

Plusieurs études ont montré que les gens exposés régulièrement aux émissions de télévision violentes ont tendance à accepter plus facilement la vraie violence. Et éprouvent moins de sympathie pour les gens qui en sont victimes. Ainsi, ceux qui regardaient plus de 25 heures de télévision par semaine étaient beaucoup moins susceptibles d’être troublés par la vraie violence que ceux qui en regardaient quatre heures ou moins. Fred Molitor et Ken Hirsch ont confirmé en 1994, que les enfants acceptent plus facilement l’agressivité dans la vie réelle si; dans des émissions ou des films violents, ils en ont déjà été témoins.

La violence des medias

Les consommateurs de violence dans les médias ont tendance à croire le monde plus dangereux qu’il ne l’est

De tous les chercheurs, George Gerbner est celui qui a mené l’enquête la plus étendue dans le temps sur la violence à la télévision. Son travail suggère que les grands consommateurs d’émissions violentes ont tendance à adopter une vision du monde similaire à celle présentée par la télévision. Une attitude qualifiée par Gerbner de « syndrome de la méchanceté de l’univers ». Son étude a également montré que les personnes qui regardent beaucoup la télévision sont plus susceptibles d’en subir les effets suivants. Surestimer le risque d’être victime d’un acte criminel. Penser que leur quartier est dangereux. Croire que leur crainte d’être attaquées est un problème très sérieux. Etre convaincu que le taux de criminalité est en hausse. Ces faits n’étant pas avérés mais c’est l’effet de la violence dans les médias.

Dans le contexte très destructeur de certaines familles abandonniques ou destructrices, la télévision accroît son pouvoir sur le jeune. Le terrain est libre, les parents l’ont laissé vide. La télévision devient donc la seule présence constructive dans le foyer ou dans la chambre de l’enfant. Sa vie est quotidiennement sur stimulée par les médias laissant entrer l’anxiété, l’instabilité ou même l’agressivité. L’impact de l’audiovisuel favorise et stimule surtout l’imagerie et non pas l’imaginaire. Cela empêche l’émergence d’un système critique et favorise alors les fantasmes plus archaïques comme l’agressivité ou l’impulsivité non réprimée. L’impulsivité, l’agressivité, la sexualité passionnelle, l’agressivité existent dans de très nombreuses émissions, séries ou films. La télévision n’invente pas la violence mais elle la met en scène et la pousse à pénétrer dans chaque foyer.

L’internet et la violence

La violence virtuelle est tout aussi facile d’accès sur l’Internet. Les enfants et les adolescents peuvent y télécharger des paroles de chansons violentes. Ils peuvent aussi visiter des sites qui proposent images et vidéo-clips d’une grande violence, souvent à caractère sexuel. En effet, plusieurs sites populaires diffusent des images réelles d’accidents, tortures et mutilations. Plusieurs jeunes considèrent ces sites comme l’équivalent en ligne de films d’horreur inoffensifs. Mais l’insidieuse combinaison de violence et de sexualité qu’on y retrouve est pour le moins inquiétante.

De nombreux indices laissent penser que ce genre de sites est bien connu des élèves. Même si parents et enseignants en ignorent parfois l’existence. Cette accumulation de violence, de dégradation et de cruauté dans les médias expose les jeunes à un continuum de violence; qui va de l’arrogance d’émissions à des manifestations extrêmes de misogynie et de sadisme. De plus, les jeunes maîtrisent généralement mieux que leurs parents l’exploration des nouveaux médias. Un phénomène d’autant plus inquiétant que l’internet est en train de prendre la place d’honneur dans les activités familiales. Et qu’une majorité de parents croient qu’il est préférable que leurs enfants naviguent sur internet au lieu d’autres divertissements.

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