Le principal enjeu de la formation continue des enseignants est de tendre à l’amélioration du système d’enseignement. Le second enjeu donne le moyen pour parvenir à l’amélioration du système. Favoriser une réflexion sur la pratique professionnelle pour la changer et l’adapter. Il faut donc partir de ce qui existe. Les choix plus secondaires vont dans ce sens : développer la mise en œuvre de projets, rendre l’enseignant plus autonome et responsable dans sa démarche ou encore doter les enseignants de compétences élargies.
Ce n’est qu’en tout dernier choix que vient la nécessité de permettre à l’enseignant de gagner en aisance dans une situation de classe ou de réactualiser les savoirs. La vision de la formation est donc avant tout professionnelle. Amélioration des pratiques et approche globale, systémique de la fonction d’enseignant dans l’établissement. Et secondairement elle reste située à l’échelle de la classe et des contenus.
Conception de la formation continue
En effet, la formation est ainsi conçue dans une logique d’engagement professionnel à visée transformatrice plus que dans une logique de transmission et d’amélioration de contenus. En cohérence avec cette perception de la formation, les formations à développer en priorité, d’après les formateurs, sont des formations centrées sur les compétences et les pratiques. Ce qui atteste de la nécessité de travailler sur les pratiques actuelles devenues obsolètes.
En second lieu apparaissent les formations liées à l’établissement (approche systémique et collective). Les formations disciplinaires restent pourtant à développer. Mais apparaît aussi la nécessité de formations interdisciplinaires ainsi que de formations pédagogiques transversales. Une série de commentaires vont plus loin dans les propositions concrètes sur la formation.
Temps alloué et manque de suivi
D’abord, les formateurs réclament pour eux-mêmes plus de temps de formation et un suivi pour la formation. Le souhait de développer une culture commune entre formateurs par des échanges, des réseaux, une mutualisation des expériences s’exprime fortement. La richesse de la co-animation, la nécessité d’échanges entre formateurs. Mais aussi d’évaluation des formations sont vivement affirmés. Le point qui revient le plus nettement est la nécessaire amélioration des formations de formateurs. Le manque de suivi des formations exprimé par plusieurs acteurs. Chacun suit sa petite formation à sa guise, il n’y a pas de retombée collective. Enfin, allouer plus de temps au formateur pour travailler sur la formation. Mais aussi pour la recherche est une suggestion faite régulièrement.
Enjeux de la formation continue
À ce niveau, la perception des enjeux de la formation continue diffère selon les profils. Le principal enjeu de la formation continue des enseignants est de favoriser une réflexion sur la pratique pour les disciplinaires et les accompagnateurs. Ces derniers citent à égalité cependant le souhait de développer la mise en œuvre de projets. Ceci va dans le sens de leur mission d’accompagnateurs.
Les professionnels réfléchis de la formation ajoutent comme premier enjeu la nécessité de tendre à l’amélioration du système d’enseignement. Si cette modalité apparaît aussi comme second choix des formateurs disciplinaires, on peut penser que l’enjeu existe à différentes dimensions selon le groupe. Signification à l’échelle de la classe pour les disciplinaires. Et sens plus systémique, pratique plus ancrée dans les établissements pour les professionnels praticiens.
Ainsi chaque groupe préconise-t-il de poursuivre le type de formation dans lequel il est déjà spécialisé. En plus, pour les disciplinaires comme pour les professionnels, un souci affirmé de prendre appui sur les pratiques effectivement mises en œuvre pour mener à bien leurs objectifs de formation si différents soient-ils.
Pour les praticiens professionnels, le trait le plus frappant est le taux maximal d’individus regrettant leur isolement en tant que formateur, la faiblesse des réseaux entre formateurs. Et le constat que c’est surtout par militantisme que les formateurs se professionnalisent. Ceci est sans doute à approfondir mais semble à lier au manque de reconnaissance des spécificités de leurs fonctions de formation également exprimé.
Enfin, il ne faut pas nier l’existence d’une expression explicite de satisfaction à être formateur. Le double statut enseignant et formateur ensemble est vécu comme enrichissant pour certains. Les formateurs ont conscience de participer à l’éducation du citoyen futur. Et de partager donc une implication collective gratifiante et enrichissante en vue du changement.
