La société a beaucoup évolué. L’accroissement du niveau moyen d’instruction des parents, le développement technologique et la diversification des moyens d’information sont des facteurs dont l’école et ses maîtres ont impérativement à tenir compte. Il ne leur suffit plus de faire apprendre. Ils doivent se fixer comme objectif d’apprendre à apprendre. Il est nécessaire, pour cela, de maîtriser et d’intégrer à l’œuvre éducative tous les apports, dans leur diversité et leur richesse, dont les enfants seront les bénéficiaires. Ces apports proviennent du milieu familial, de la liaison parents-enseignants, mais aussi de l’environnement, au sens large du terme, au sein duquel vit et se développe l’enfant.
Le milieu familial
Certes, les disparités sont grandes. Il y a, sur ce plan, des favorisés et des défavorisés. Les différences n’étant d’ailleurs pas toujours fonction du seul bien-être matériel. Il convient de prendre en compte, avec beaucoup de mesure et de délicatesse, les activités familiales dont l’enfant est l’acteur ou le spectateur. Il fut un temps où l’entretien matinal, érigé hélas trop souvent en habitude, pouvait jouer ce rôle. Son systématisme a été l’une des causes d’un échec qui n’est d’ailleurs ni général ni irréversible. Sans revenir à des excès révolus, l’instituteur doit avoir à cœur de s’informer pour orienter son action à partir du vécu des enfants. Certaines pratiques pédagogiques courantes l’aideront à y parvenir.
Les moyens d’information
Certains regrettent leur influence croissante et s’inquiètent devant le temps grandissant passé par trop d’enfants devant leurs écrans. Mais c’est un fait, dont il doit être tenu compte. Il faut le maîtriser en apprenant à choisir, à sélectionner, à regarder de manière active ; à juger objectivement, à intégrer les informations reçues. Il y a donc nécessité, pour le maître, de se tenir lui-même informé tout en étant consolent des limites, de temps en particulier, de cette obligation.
L’environnement
Il va bien au-delà de la famille, du réseau d’amis et de tout ce qu’apportent les moyens d’information. Tout ce qui entoure l’enfant le marque et l’influence. Ce sont les transports de toutes sortes, la rue, l’informatique, la modification des habitudes alimentaires, vestimentaires, les graves problèmes sociaux, le chômage des parents et ses conséquences… Rien de tout cela n’est à négliger. La liaison parents-enseignants en est fortement imprégnée, influencée, parfois perturbée. L’école se doit de tenir compte, et largement, de tel état de fait.
La liaison parents-enseignants
Nous touchons là à quelque chose d’essentiel dont il faut mesurer l’importance et la nécessité. Il y a, certes, d’assez nombreux parents qui s’intéressent de très près à la scolarité de leurs enfants. Les contacts avec eux sont aisés, souvent fructueux, parce que confiants, voire amicaux. Mais, il y a encore sont ceux qui n’ont jamais parlé. Autrement que pour échanger un salut avec l’instituteur de leur fils ou de leur fille. Ou qui, même, ne le connaissent pas, autrement que de nom.
Cette méconnaissance est rarement délibérée, sauf dans quelques cas extrêmes. Elle a souvent une double origine. La crainte qu’ils ont de converser avec quelqu’un dont ils pensent qu’il représente à la fois la loi, le savoir, dont ils sont eux-mêmes dépourvus et l’institution. D’autre part, la pudeur de le rencontrer. Et, par conséquent, de s’exhiber, au sens psychologique du terme, devant lui en risquant le réveil douloureux de leur propre scolarité voire de leur échec scolaire personnel. A l’école de lutter contre cela et de faire l’effort qui consiste à aller vers ceux qui sont réticents ; de les mettre à l’aise et en confiance en toute simplicité.
Types de liaison parents-enseignants
Des relations individuelles peuvent s’établir, à de multiples occasions, à la demande des familles ou sur proposition des enseignants. Ce peut être lors d’une inscription, d’un changement de classe ou de section, d’une absence de l’enfant, d’un problème de santé, d’une rencontre fortuite. Ceci peut être aussi à l’occasion d’une sortie, d’une participation bénévole, d’une sollicitation personnelle pour une activité précise. Certains parents peuvent être des intervenants extérieurs de talent.
D’autre part, les relations institutionnelles sont celles qui s’instaurent avec les associations de parents d’élèves ou dans le cadre du Conseil d’école. Les occasions à saisir sont nombreuses. Les réunions d’information, la communication des travaux de l’enfant (cahiers de classe ou autres, réalisations diverses…) ; l’envoi de bulletins scolaires ; les fêtes diverses réalisées en cours ou en fin d’année. Les sorties collectives communes enfants-parents dans le cadre d’un projet de classe source d’échanges fructueux et de bonne compréhension mutuelle.
En bref, il faut que les parents se sentent concernés, tout au long de l’année scolaire, intégrés à diverses actions et activités, sollicités, impliqués, responsabilisés, dans le cadre d’une concertation, fructueuse quand elle est authentique, et considérée non comme une exception. Mais comme une règle. Il faut pour cela que les maîtres soient convaincus qu’ils n’ont pas à redouter une immixtion dans leur pratique professionnelle. Et qu’ils ont tout à gagner, au prix, éventuellement, de quelques précautions, à une attitude confiante et ouverte.