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La mémoire de travail, quel impact sur les apprentissages

La mémoire est une composante essentielle dans les apprentissages. Cette fonction permet de stocker et restituer des informations et des souvenirs et de les traiter pour les réutiliser lors d’une réflexion. Il existe plusieurs types de mémoires telles que la mémoire court terme, la mémoire de travail, la mémoire sémantique, la mémoire épisodique, etc.

Qu’est ce que la mémoire de travail ?

La mémoire à court terme enregistre des informations pendant des périodes courtes (quelques secondes). Alors que la mémoire de travail stocke des informations quelques secondes simultanément à la réalisation d’autres tâches. Par exemple, lorsqu’on nous épelle une phrase lettre par lettre, cela sollicite notre mémoire à court terme. Mais lorsque l’on nous dicte une phrase mot à mot, alors on doit réfléchir à l’orthographe des mots. Et cela sollicite notre mémoire de travail.

Cette dernière permet de rester concentré et focus sur une tâche. Elle permet de stocker des informations qui seront réutilisées et traitées pour réaliser des tâches spécifiques.

Cette mémoire vive du cerveau utilisé en permanence à l’école et à la vie professionnelle, mais aussi dans la vie de tous les jours, a un rôle central dans notre quotidien. Lors d’un calcul mental ou pour la mémorisation de l’orthographe d’un mot, la mémoire de travail est sollicitée. Elle permet de réaliser efficacement en simultané plusieurs tâches.

Peut-on entrainer la mémoire travail ?

Si la mémoire de travail est autant sollicitée et importante dans notre système scolaire alors il faut pouvoir l’entraîner. En effet, un entrainement régulier permet de la rendre plus efficace et de la faire évoluer dans le temps. Elle est un facteur essentiel du développement cognitif (Barrouillet & Camos, 2007). De plus, elle constitue un facteur prédictif déterminant dans la réussite scolaire des élèves (Alloway, 2013).

Certains professionnels de santé, tels les orthophonistes, réalisent des travaux spécifiques à l’aide d’exercices pour améliorer la mémoire de travail. Ces exercices peuvent être basés sur l’énonciation d’une suite de chiffres ou de lettres, plus ou moins longues, qui sont à restituer dans l’ordre. L’exercice peut aussi être l’épellation d’un mot à l’envers ou dans le désordre. Garder une information en mémoire tout en la restituant constitue une gymnastique mentale très coûteuse en énergie. Une fois ces exercices réalisés, il n’est pas rare, pour le dyslexique, qu’il ait une sensation de fatigue, tant les ressources cognitives mobilisées sont importantes.

fatigue

Comment contourner le problème ?

La mémoire de travail est souvent peu extensible car utilisée sur le court terme. Elle peut donc être rapidement surchargée. Pour éviter cela, il est recommandé de regrouper les informations. Segmenter les chiffres et les mots en les regroupant permet de ménager la mémoire en simplifiant la tâche de mémorisation. Si trop d’informations sont transmises en même temps, le risque est qu’aucunes ne puissent être retenues. Mais en les distillant petit à petit, l’apprenant a plus de chances de les mémoriser. De plus, tout ce qui permet à l’élève de moins solliciter sa mémoire de travail est bon à prendre pour réserver son activité cognitive à des tâches plus importantes.

Il est notamment possible d’utiliser des mémos qui synthétisent les opérations mathématiques de base ou les règles de grammaire et de conjugaison essentielles (terminaisons). Une autre stratégie consiste à créer des processus ou des routines appliquées par l’élève. Ils lui permettent de soulager la charge cognitive notamment lors de la relecture de ses écrits ou de la vérification de ces calculs. Cette habitude de suivre une routine de relecture (par exemple); évite de se fatiguer et d’être plus efficace dans les tâches sollicitant la mémoire de travail. Les élèves ayant une mémoire déficiente ont souvent du mal à maintenir leur attention; qui est aussi une condition de l’efficacité de la mémoire. Il faut en permanence veiller à la concurrence des tâches pour éviter que toute l’attention soit absorbée par des tâches périphériques.

Quel type d’élève peut avoir une mémoire de travail déficiente ?

On retrouve des mémoires de travail déficientes chez les élèves ayant des troubles des apprentissages tels que la dyslexie, la dysorthographie ou les TDA/H (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité).

Chez ce public spécifique, on retrouve des difficultés à automatiser les processus d’apprentissage, de lecture ou de calcul. Pour un dyslexique, une concentration supplémentaire est nécessaire pour le déchiffrage des lettres et des mots. Cette situation de surcharge cognitive et de double tâche, i.e. effectuer plusieurs opérations cognitives à la fois comme lire et comprendre ou lire et calculer; provoque une grande fatigabilité et rend difficile une utilisation de la mémoire de travail et de court terme.

La déficience de la mémoire de travail est récurrente chez les élèves ayant des troubles dys et des apprentissages. Chez d’autres profils d’élève, c’est le contraire qui est observé. D’après certaines études – Van Viersen, Guinet et Embs (2014) et Foley-Nicpon et al (2012) – la mémoire de travail serait plus élevée chez les enfants à haut potentiel. En effet, parmi les élèves ayant les meilleurs résultats, notamment en primaire, beaucoup ont ce type de mémoire développé.

La mémoire de travail

Quelle sont les impacts d’un entrainement de la mémoire de travail ?

D’après une étude (Alaoui 2012), un entraînement spécifique de la mémoire de travail ainsi qu’une rééducation orthophonique aurait permis à des enfants HP dyslexiques de s’améliorer dans certaines tâches. En effet, la compréhension en lecture et la mise en œuvre de certaines règles grammaticales sont améliorées. Comme s’améliorent en quantité comme en qualité la mémoire de travail, l’orthographe (morphosyntaxique et d’usage). Cette mémoire aurait donc un rôle de compensation dans les troubles de la lecture tels que la dyslexie.

C’est en partie pour cette raison que ces types d’entrainements font partie de la rééducation orthophonique prodiguée en cas de dyslexie. La mémoire de travail est généralement testée lors du bilan orthophonique. Elle peut généralement constituer un indice supplémentaire pour poser un diagnostic.

Même si la mémoire de travail stocke principalement des informations sur le court terme – environ 30 secondes -; une partie de celles-ci peuvent rester et être assimilées sur le long terme. Ce phénomène d’assimilation des connaissances est encore méconnu aujourd’hui.

En résumé :

  • La fatigue et la diminution de l’attention fragilisent l’exploitation de la mémoire de travail.
  • Cette mémoire étant déficiente chez les élèves ayant des troubles des apprentissages, son entrainement est d’autant plus important.
  • L’automatisation des processus de travail ou d’apprentissage permet de mieux mobiliser la mémoire à court terme et celle de travail.
  • Les stratégies de compensation et l’entraînement peuvent avoir des résultats intéressants sur tout type d’apprenant.
  • La mémoire de travail favorise l’apprentissage à long terme.

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