Education

La mutation de la société et ses effets sur l’éducation

Cet article voudrait attirer l’attention des acteurs du terrain de l’éducation sur quelques variables sociétales avec lesquelles ils devront s’adapter. Il y a en fait plusieurs changements catalysant la mutation de la société et qui influencent et influenceront toutes les institutions. L’école, confrontée de plus en plus à ces variables, devra s’adapter sinon elle subira de l’intérieur comme de l’extérieur les turbulences causées par cette mutation. Notre société s’est profondément individualisée. L’égocentrisme a remplacé le collectif décalant ainsi certaines valeurs comme la fraternité, la charité, la solidarité et bien d’autres.

École et individualisation

Les moyens d’échanges d’information n’ont jamais été si nombreux. Inutile de rappeler la formidable explosion d’échanges par Internet. Or, les adultes et les jeunes éprouvent beaucoup plus de difficultés à communiquer entre eux. Les aspects tant non verbaux que sensoriels, incontournables pour un rapport interpersonnel, sont supprimés du schéma de la communication au profit d’une indigestion d’échanges d’informations. L’école doit s’adapter à cette variable mais en évitant de favoriser ce mouvement. Bien qu’elle ne puisse entraver la marche du progrès et la mutation de la société, elle peut garantir dans ses murs un minimum de communication. En effet, les pédagogies différenciées et individualisées se marient au profit du collectif. Nous pourrions ajouter aussi la pédagogie du projet au service de structures et de projets collectifs.

Nous rappelons que les ados comme les adultes ne sont pas égaux face à cette mutation de la société. Soit ils disposent individuellement de certaines ressources et peuvent décider de leur vie, soit ces ressources leur manquent et ce n’est pas eux qui mènent le jeu. L’homme a besoin de capitaux, de support : une capacité de disposer de réserves qui peuvent être de type relationnel, culturel, économique, etc. Ces assises permettent aux personnes de développer des stratégies individuelles. Ceux et celles qui n’y parviennent pas tombent dans la sujétion comme nos ados. Proies faciles pour tous les extrémismes. Par conséquent, de nos jours, plutôt que de nous focaliser sur les champs collectifs ou collectivistes, il est indispensable de nous centrer sur le champ psychologique et individualisé.

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École et hétérogénéisation

L’enseignement n’est pas seulement multiple car il comporte des disciplines diverses; des programmes de niveaux divers et une multitude de sections. Mais, il l’est surtout à l’intérieur même de son fonctionnement humain par le sens que donnent les enseignants à leur action. Quelles que soient les règles formelles ou informelles d’origine organisationnelle et institutionnelle; la part d’indétermination de l’action éducative reste importante; car ces prescriptions ne concernent que quelques types de conduites et d’activités. Les équipes pédagogiques doivent construire plus de cohérence avec les élèves. La socialisation et la pacification de certains établissements demandent impérativement la construction d’une cohésion autour des savoir-être fondamentaux pour suivre la mutation de la société.

Sur le terrain, nous constatons que l’école se dualise. Celle-ci étant la victime d’une hétérogénéité de moins en moins bien contrôlée et encadrée. De nombreuses classes deviennent difficilement gérables, tant les élèves qui s’y trouvent doivent tout apprendre les uns des autres. Ils sont tous des étrangers. Plus rien ne les rassemble. Les écoles en discrimination positive manquent de moyens et de personnel qualifié pour créer dans ces assemblées la solidarité et le respect nécessaire. Il est vital de recréer une école neuve, de la repenser afin d’affronter ce temps semé d’égocentristes et d’individualistes. C’est un paradoxe étonnant. Plus notre école est empreinte d’hétérogénéité, plus elle s’individualise laissant ainsi le champ libre à la haine et à la violence.

Les rites de cette mutation de la société

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Le rite pourrait être pensé comme un comportement répétitif, collectif créant du lien social. Le rite et le rituel ne peuvent que difficilement être dissociés des mythes et des croyances sociales d’un groupe particulier ou plus large. Un rite de passage, c’est une transmission d’un savoir être en société, en famille ou ailleurs. En effet, la famille développe ses propres rites de passage ou abandonne complètement cette responsabilité structurante. De sorte que ce sont les adolescents eux-mêmes qui développent leurs rites. Mais avec tous les excès et les dérapages que cela implique. L’initiation se métamorphose en sentiment de crise partagé par l’enfant et sa famille.

Nulle évidence sociale ne vient garantir au jeune, à ce moment, une signification et une valeur à son existence. Les jeunes sont de plus en plus souvent amenés à prendre l’initiative suite à la mutation de la société.
Chacun s’accorde à dire que le changement d’établissement scolaire pour un élève constitue une sorte d’épreuve plus ou moins lourde. Cette épreuve assimilée à un rituel de passage ou initiatique dans la mesure où le jeune a connu l’avant et l’après.

Durant cette transition, Il doit exister des lieux de parole que l’on puisse réguler avec des rituels, car la parole ne se construit pas sans rituels. En accord et en harmonie avec ses élèves, l’enseignant peut, à son niveau, proposer différents rites structurants. Par exemple, en maternelle, quelques institutrices utilisent un gros bonhomme souriant et un autre grincheux qui symbolisent la bonne ou la mauvaise humeur, la joie ou la tristesse. Tous les matins, l’enfant colle une gommette, qui le représente, sur le ventre du bonhomme de son choix. Par ce geste et le dialogue qui s’installe, l’enfant apprend à exprimer des émotions, des sentiments.

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