La pédagogie différents courants et nouvelles finalités
Même si l’apprentissage n’est pas toujours le résultat obtenu par l’enseignement, il en est toujours l’objectif, le but visé. Tout pédagogue cherche à faire réussir l’apprentissage de son élève. L’intention de faire apprendre est inhérente à l’activité d’enseigner. Déjà, le pédagogue n’est pas l’enseignant qui fait la classe, mais l’adulte qui veille sur l’enfant, conduit, accompagne l’élève vers le savoir. Donc, la pédagogie est, dès l’origine, centrée sur les élèves, et les questions auxquelles elle doit répondre concernent les élèves, dans leur rapport aux savoirs. Comment apprennent-ils, comment construisent-ils ou reconstruisent-ils les savoirs pour leur propre compte ?
Les différents courants de la pédagogie
En fait, il existe des pédagogies différentes. On distingue en général les pédagogies dites de la transmission, de la connaissance ou de l’empreinte. Souvent appelée pédagogie traditionnelle, elle est centrée sur la transmission des savoirs constitués. L’acte d’enseigner implique chez l’élève le fait de recevoir un savoir déjà structuré par l’enseignant et de le transformer en réponses, performances, savoirs. Mais pas nécessairement le fait de le construire, ou de se l’approprier personnellement. Ces pédagogies basées sur des théories behavioristes, associationnistes de l’apprentissage, sous-estiment ainsi le rôle de l’élève et de ses processus cognitifs dans la construction de son savoir par lui-même. Pédagogies transmissives centrées sur le contenu. Elles ont été nommées pédagogies de la connaissance ou de l’enseignement.
À côté d’elles, d’autres pédagogies se sont développées, fondées sur les théories cognitivistes. Dans ce courant, l’apprentissage implique des processus internes actifs du sujet, qui interagissent avec le milieu environnant. La pédagogie dite active, fait du savoir le produit de l’activité de l’élève. L’enseignant a alors un rôle de guide qui fait apprendre, aide l’apprenant dans son travail en classe, et met en œuvre des pédagogies qui intègrent les processus d’apprentissage.
Enfin, un courant contemporain regroupe des pédagogies centrées sur l’apprentissage, dans lesquelles le pédagogue se centre sur l’apprenant et met à sa disposition des moyens d’apprendre, des moyens de réussir. Les pédagogues de l’apprentissage s’efforcent de mettre en place des conditions et des situations d’apprentissage afin que les élèves apprennent en tentant d’être des médiateurs. Au XXe siècle, l’évolution des courants pédagogiques se fait à la fois à partir des apports des sciences humaines, à partir de l’évolution progressive des théories de l’apprentissage du behaviorisme au cognitivisme et du développement du constructivisme avec la prise en compte du rôle actif du sujet apprenant dans la construction du savoir.
Rôle de la psychologie
La psychologie et en particulier celle cognitive va reconsidérer l’apprentissage en référence aux théories du traitement de l’information. Elle va relier le concept d’apprentissage à celui de savoir et situer la problématique de l’apprentissage au niveau du fonctionnement cognitif et affectif de l’apprenant plus que de ses produits et résultats. Mais ces courants aussi marqués par des conceptions de pédagogues humanistes reconnaissant l’élève comme personne. Pour J. Piaget la caractéristique essentielle de la psychologie est d’avoir été d’emblée et sur tous les fronts une affirmation et une analyse de l’activité. Ainsi est né le courant de l’école active et de l’éducation nouvelle qui propose des pédagogies véritablement recentrées sur l’apprenant et ses intérêts propres.
Cette pédagogie centrée sur l’apprentissage ne s’intéresse pas seulement à l’acquisition de contenus. Mais aussi aux démarches que mettent en œuvre les apprenants. On peut dire que, selon les apports des sciences humaines et en fonction des options pédagogiques retenues, les processus d’enseignement et d’apprentissage et leurs rapports, ont été conçues de manière différente.
L’école a longtemps privilégié le savoir, objet de l’enseignement, savoir construit, structuré par l’enseignant. L’enseignement correspondait alors à une transmission de savoirs et l’apprentissage à une acquisition de ces savoirs constitués. Puis s’est développée une conception cognitiviste selon laquelle rien ne vaut que pour le sujet, par le sujet, l’élève, l’enfant. La conception de l’apprentissage devient celle d’un processus d’appropriation personnelle. C’est l’élève qui apprend, l’élève qui s’approprie par lui-même le savoir, l’enseignement consistant à mettre en place des situations d’apprentissage.
Les apports scientifiques des travaux de la psychologie cognitive
Si les enseignants enseignent, ce sont les élèves qui apprennent. Les actes et les acteurs sont différents. Les logiques ne sont pas les mêmes. Les pédagogies peuvent mettre l’accent soit sur le processus enseignement soit sur le processus apprentissage. Ainsi, la pédagogie traditionnelle est pensée en fonction de contenus et de la prestation de l’enseignant, dans une logique de transmission de ces contenus. Alors que les pédagogies plus récentes se centrent sur l’activité de l’apprenant et la logique propre des apprentissages.
Celles-ci se sont développées en grand nombre ces vingt dernières années. Avec les apports scientifiques des travaux de la psychologie cognitive sur le processus d’apprentissage. Ces travaux insistent tous sur l’aspect constructiviste de l’acquisition des connaissances. Ils font passer l’enseignant d’une centration sur son acte d’enseignement à une prise en compte de l’activité de l’apprenant dans ses processus d’apprentissage en classe. Ces apports ont produit par là même, un renversement du training au learning. Ainsi, ce renversement de perspective où, dans une situation pédagogique donnée, le fait d’apprendre prime sur celui d’enseigner. Où l’apprenant est au centre d’une problématique de l’apprentissage. Où son activité d’apprenant privilégiée par rapport à la prestation de l’enseignant, modifie le rôle de l’enseignant. Celui-ci devient alors un médiateur, un organisateur des conditions externes de l’apprentissage, un facilitateur. Ce qui a provoqué le développement de nouvelles pédagogies centrées sur l’apprentissage.
Les nouvelles finalités de la pédagogie
En effet, ces nouvelles finalités portent sur la formation-éducation de la personne et sur le développement de moyens d’apprendre. Mais l’activité d’enseigner, la pédagogie choisie sont aussi étroitement à relier à la conception de l’apprentissage du pédagogue qui les met en œuvre. Elle se déroule toujours, entre un enseignant et des élèves. Et ce dans le microsystème d’une classe par le biais du discours pédagogique. Et ce dans le but de faire acquérir des savoirs ou de les faire construire.
C’est pourquoi, quelque soit la finalité, nous définissons l’enseignement comme un processus interpersonnel, intentionnel. Il utilise essentiellement la communication, la situation pédagogique menée par l’enseignant comme moyen pour provoquer, favoriser, faire réussir l’apprentissage d’un savoir ou savoir-faire. L’apprentissage aussi lui-même défini comme un processus d’acquisition, un processus de changement.
Cette révolution copernicienne de la pédagogie, qui va déplacer la pédagogie de l’apprentissage à l’enseignement et non plus l’inverse, a été mise en place par des pédagogues, des praticiens dans leurs classes, des didacticiens, à partir des nouvelles approches des sciences humaines. Cette orientation s’est même manifestée simultanément sur le plan institutionnel en France. Ceci en plaçant l’élève au centre du système éducatif. Et en mettant l’accent sur l’évolution du rôle de l’enseignant qui devient spécialiste des apprentissages.
La fonction enseignante n’est plus uniquement définie par l’institution comme une fonction d’enseignement, de transmission de savoirs. Mais comme une fonction de médiation dans les apprentissages, d’organisation de situations d’apprentissage actives, une fonction d’aide à l’apprentissage.