Pédagogie

La performance orale et les critères d’évaluation

L’un des rôles de l’enseignant est d’observer les élèves pour évaluer les acquis de chacun et mettre en place un dispositif permettant de faire progresser l’ensemble des élèves, quel que soit leurs niveaux. Encore faut-il savoir ce qu’on observe et ce qu’on évalue et comment on s’y prend. Il est sans doute plus aisé d’évaluer un écrit que des productions orales. Cependant l’élève est évalué constamment sur sa performance orale, sans que les critères soient toujours bien définis.

Chacun a le sentiment que les élèves ne manifestent pas tous les mêmes performances langagières mais l’explicitation de ce sentiment de la différence, de l’inégalité, n’est pas chose aisée. L’enseignant dispose certes du référentiel et bon nombre de critères d’évaluation sont élaborées dans les écoles. Toutefois, ces grilles sont souvent incomplètes ou trop lourdes, peu fiables et contraignantes.

performance orale

Observer pour identifier les niveaux de performance orale des élèves

On a choisi d’observer les groupes d’élèves en classe de manière à faire un diagnostic, en début d’année, des performances de chacun, afin de mettre en place une pédagogie différenciée. Il s’agit donc de déterminer quels sont ceux, parmi les élèves, qui s’expriment devant toute la classe, sans sollicitation. Et ceux qui ne s’expriment qu’en petit groupe, voire même seulement en face à face.

L’observation se fait donc au plan de la quantité d’interventions au moment des regroupements, en classe entière. Une observation plus fine se met en place, après cette observation grossière, pour évaluer la capacité à s’exprimer en petit groupe des enfants plutôt silencieux en classe entière. Et enfin, on observe ceux qui, même en groupe restreint, restent silencieux dans leurs échanges avec un pair ou un adulte, en face à face.

Le terme d’observation donc préféré pour ces premières phases de début d’année à celui d’évaluation. Car il s’agit d’une mesure grossière, fondée sur la quantité de parole et la spontanéité de la prise de parole. Il faut rappeler ici que le choix fait est de permettre à chacun de prendre la parole. Car l’hypothèse de l’enjeu d’une participation orale pour la réussite scolaire a été retenue.

Quels critères à évaluer ?

C’est possible ensuite de s’intéresser, avec les moyens précisés ci-après, à la variété des conduites discursives et aux aspects linguistiques et para-verbaux. Le principe est la faisabilité et l’efficacité des moyens à mettre en œuvre. Il ne semblera choquant à personne de donner comme principe de repérer rapidement les élèves dont la performance orale est la plus faible pour évaluer chez ces élèves-là les composantes qui font difficulté. Alors, Il est possible de mettre en place des situations et des stratégies pour permettre à chacun de pouvoir prendre la parole, dans des situations variées, à bon escient et dans les formes attendues.

En effet, il s’agit de s’appuyer sur la définition de la prise de parole et sur ses composantes. Les programmes définissent des critères qui touchent à ces composantes pragmatiques, discursives, linguistiques et métalinguistiques. Globalement, il s’agit que l’élève soit capable de prendre la parole; de varier ses conduites discursives, d’adopter des registres adaptés; et de s’exprimer dans les formes attendues et qui dépendent des discours choisis. Avec l’expérience et l’exercice de son écoute, il est possible de mener cette évaluation sans dispositif lourd. Et ce en choisissant ou en mettant en place des situations favorables.

Quels moyens utiliser ?

  • La grille. Elle distingue, à titre d’exemple, trois situations et deux modalités d’intervention : spontanée ou sollicitée. Puis quelques éléments autour de la pertinence du propos et de son adaptation à la situation. Si au début de l’année tous les élèves sont observés; seuls les élèves qui ont les performances les plus faibles continuent d’être évalués finement.
  • Les outils. Les enregistrements au magnétophone et au caméscope sont d’une aide précieuse. Il est préférable d’avoir un observateur dans la classe pour filmer. Mais bon nombre d’enseignants filment eux-mêmes, tout en menant la classe; et, en tout cas, enregistrent certaines situations où les élèves restent à des places fixes, sans difficulté. Il n’est pas utile, bien que ce soit très intéressant, de transcrire les enregistrements. Écouter ou visionner quelques séances permettent de se faire une idée plus juste que la représentation sauvage non outillée de la classe; et des prises de parole qui s’y produisent.
performance en classe

Quelles situations mettre en place pour observer et évaluer la performance orale ?

Si l’objectif est de permettre à tous les élèves de prendre la parole efficacement en classe; l’observation doit en particulier se faire pendant ces moments où la classe est rassemblée; pour un diagnostic initial et une évaluation périodique, au moins pour les élèves qui n’ont pas d’emblée une prise de parole aisée.

Ensuite, l’évaluation nécessite que l’élève soit dans une situation qui lui permette de réaliser sa performance orale sans être interrompu par ses pairs. La situation donc prévue par l’enseignant sans apparaître comme un examen. Cette situation doit trouver sa place dans un projet en cours. Et être fonctionnelle ou, en tout cas, faire sens pour les élèves.

On peut évoquer par exemple :

  • les situations de commentaire de schéma (cycle 3),
  • de compte rendu d’expérience (tous les cycles),
  • de production d’histoire (cycles 1 et 2),
  • ou de communication à une autre classe (tous les cycles).

Ces situations fournissent les conditions pour une prise de parole individuelle, longue; et une écoute de la part des autres élèves. Il est important de varier les situations de manière à permettre à toutes les conduites discursives d’y trouver place. Les situations d’évaluation prennent en compte la discipline dans laquelle on mène les apprentissages. Mais les faits langagiers de l’ordre de la syntaxe ou du lexique y sont cependant identifiables. Acquisition du lexique technique, complexité des énoncés et présence de connecteurs; usage du « peut-être », voire du conditionnel, pour l’émission d’hypothèses, ou de l’imparfait pour le récit…

Ces moments sont à enregistrer. On peut utiliser les enregistrements pour une évaluation collective ou encore dans le cadre d’un travail de remédiation.

Pour conclure

L’évaluation est conçue ici comme étant formative. C’est la réussite des tâches, l’autonomie dans la performance orale, la capacité à s’exprimer dans des situations plus complexes qui sont recherchées. Mais les projets mis en place par l’enseignant prévoient d’évaluer les savoirs acquis dans les disciplines souvent par écrit. En revanche, il semble plus difficile de mener une évaluation sommative pour des tâches orales. Il est possible néanmoins de noter un exposé ou un bon compte rendu d’expérience ou d’autres tâches. Le risque est de transformer une situation orale en contrôle, ce qui peut bloquer les élèves; et modifier le sens des situations mises en place pour favoriser les prises de parole.

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