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La prise de parole oser et vouloir s’exprimer

Parler, c’est prendre la parole dans des situations extrêmement différentes Autrement dit, c’est maîtriser des discours variés et être capable de prendre en compte des interlocuteurs très divers. En classe, cela implique en particulier de s’exprimer non seulement avec ses pairs en petit groupe. Mais aussi avec les adultes présents dans la classe ou dans l’école, ou encore devant toute la classe. C’est-à-dire devant un groupe important d’élèves. Parler, c’est aussi prendre en charge des fonctions de représentation : présenter un projet à une autre classe, faire des propositions… Les différentes situations permettant la prise de parole à l’école ou dans la classe, comme dans la vie sociale plus généralement, impliquent une compétence langagière complexe dont il s’agit de bien comprendre les composantes. Celles-ci sont d’ordres divers : pragmatique, discursif, linguistique et métalinguistique.

prendre parole en classe
prendre parole en classe

Avoir l’envie de s’exprimer

Avant tout, il faut comprendre l’enjeu de sa participation aux échanges. Le projet de classe ainsi qu’une certaine connaissance des pratiques langagières permettent d’agir sur cette motivation indispensable. Bien sûr, certains enfants adhèrent d’emblée à tout ce qui leur est proposé au sein de l’école. Mais ce n’est pas le cas de tous les enfants, et en particulier de ceux qui sont en difficulté, dont la culture n’est pas celle que propose l’école.

Comprendre la tâche langagière

En fait, Il faut décoder l’attente de l’enseignant dans la situation donnée. Les jeunes enfants ne comprennent pas toujours quelle production verbale l’enseignant attend d’eux, par exemple lors d’une discussion collective pour mettre en place un projet ou dans une situation qui les investit d’une responsabilité : expliquer une consigne, guider un camarade dans une tâche.

Ainsi, par exemple dans une classe de Moyenne Section, on propose aux élèves le jeu du dessin caché. Un élève doit décrire son dessin, réalisé en cachette, à un autre, sans le montrer. Ce dernier doit écouter attentivement pour réaliser un dessin aussi proche que possible du référent. Dans cette situation, certains enfants ne comprennent pas d’emblée la tâche qui leur est dévolue, restent silencieux et s’étonnent que leur copain ne dessine rien. Dans la même situation, d’autres élèves donnent en bloc et très vite toutes les indications, sans prendre en compte l’interlocuteur, ce qui rend impossible l’exécution de la tâche par ce dernier.

Il faut donc un certain temps, pour que l’utilité et la nature de la prise de parole soient comprises par les élèves, que la situation fasse sens pour eux. Sur un plan plus technique, il s’agit d’identifier et de maîtriser les différents discours adaptés aux situations. Par exemple, quand on est en sciences, il faut expliquer et argumenter, et non raconter. Il faut donc que chaque enfant dispose de l’ensemble des discours pour avoir la possibilité de choisir celui qui convient le mieux à la situation et au but qu’il poursuit intéresser, faire comprendre et convaincre.

la prise de parole
la prise de parole

Disposer du lexique

Il s’agit, sans doute, de disposer du lexique et de la syntaxe qui conviennent aux propos que l’on tient. Permettre à un pair de réaliser une tâche technique à l’aide d’un objet spécifique suppose de nommer avec précision certaines pièces et les actions à accomplir. Quand l’élève est plus habile, il devient capable de s’appuyer sur le vécu de son camarade. Et de lui donner des exemples pour lui permettre de mieux comprendre ou pour le convaincre. Il reformule et adapte son discours.

Être capable d’oser la prise de parole

Naturellement, il faut aussi être capable d’oser. C’est-à-dire faire un travail sur soi-même pour prendre la parole et dire quelque chose de soi-même devant la classe. C’est une prise de risque que comporte toute prise de parole en public.

Les composantes de la prise de parole

  • Pragmatiques : comprendre l’enjeu de la situation, la tâche langagière requise par la situation; donner du sens à sa prise de parole, choisir la conduite adaptée.
  • Discursives : maîtriser la conduite discursive requise par la situation, par exemple : narrative, explicative ou argumentative.
  • Linguistiques : maîtriser les formes linguistiques adaptées à la situation et requises par la conduite discursive choisie : syntaxe, lexique, intonation.
  • Métalinguistiques : contrôler son discours et agir sur sa production en reformulant pour s’adapter à l’interlocuteur ou mieux exprimer sa pensée.
  • Travail sur soi : oser prendre les risques requis par la prise de parole. Maîtriser le volume de sa voix, son débit, son geste et son regard.

On ajoutera les savoirs méta langagiers qui permettent de mettre à distance, de réfléchir sur chacune de ces composantes. Et qui interviennent dans la maîtrise de la prise de parole, dans la construction de la compétence langagière orale.

Il s’agit là des différentes composantes de la prise de parole devant le groupe classe. Mais aussi en atelier ou face à un adulte ou un autre élève. Ces composantes sont à prendre en compte dès lors que l’enseignant se fixe comme objectif à permettre à chaque enfant d’être capable de parler à bon escient, dans les formes attendues devant ses camarades. L’enjeu de cette maîtrise est important. Or, tous les élèves ne sont pas à égalité. Tous les enseignants savent que, dans leur classe, il est des élèves dits « leaders », prenant spontanément et sans difficulté la parole. Tandis que d’autres s’effacent, se laissent voler les bonnes réponses parce qu’ils parlent trop bas. Ou restent silencieux, voire se mettent en retrait du groupe.

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