Pédagogie

La programmation pluridisciplinaire des apprentissages

La programmation pluridisciplinaire est un outil privilégié de l’approche différenciée d’une notion. La polyvalence de l’enseignant donne sa spécificité à l’école primaire. Loin d’impliquer une simple juxtaposition d’enseignements disciplinaires, elle favorise la mise en œuvre de démarche faisant appel à plusieurs disciplines pour construire ou conforter un apprentissage. À partir d’une notion ou d’une compétence à acquérir par l’enfant, il s’agit de choisir deux ou trois disciplines qui vont favoriser l’accès à l’apprentissage visé.

Nous devons construire une programmation qui ne soit pas fourretout, ne dénature pas les disciplines enseignées et leurs objectifs propres, qui respecte les différents types d’intelligence et le projet des enfants.

Du projet à la programmation pluridisciplinaire

Il existe une différence fondamentale entre la programmation pluridisciplinaire et le projet faisant appel à plusieurs disciplines. Et, d’autre part, entre la construction d’une programmation et une progression. Ces éléments composent l’architecture de cet article qui répondra aussi bien à l’enseignant stagiaire qu’au professeur des écoles sur son premier poste. En passant par l’enseignant expérimenté désireux de renouveler ses pratiques.

Il ne paraît pas nécessaire de se positionner sur les définitions de l’interdisciplinarité, de la pluridisciplinarité ou de la transdisciplinarité. Nous souhaitons plutôt voir apparaître un type de programmation favorisant des entrées différenciées, une évaluation réelle des acquis, des transferts programmés et réalisés et le respect des différents types d’intelligence.

Si le projet est indispensable à la construction des apprentissages, il présente toutefois des limites effectives dans le processus d’apprentissage lui-même. En effet un projet de classe transplantée autogérée favorise l’envie d’agir de l’enfant. Et le besoin de faire certaines acquisitions pour réaliser effectivement ce projet. Cependant la motivation est nécessaire, mais pas suffisante. Calculer les besoins en nourriture du groupe classe peut permettre d’acquérir la notion de proportionnalité pour certains enfants. D’autres pourraient l’acquérir plus facilement par la construction d’une maquette. La réalisation effective du projet n’assure pas que tous les enfants auront acquis les notions utilisées. Programmer les apprentissages est donc une nécessité.

Construire une programmation pluridisciplinaire pour conforter un apprentissage

La programmation est le projet du maître. L’objectif de l’enfant et l’objectif de l’enseignant sont différents, même s’ils évoluent sur les mêmes supports. C’est l’attention portée à l’élaboration de votre programmation qui va rendre les apprentissages efficients. Le projet seul tend vers l’apprenant, la motivation et délaisse peu ou prou l’évaluation et le transfert en principe programmés par le formateur. La programmation seule tend vers le formateur et le savoir en délaissant le ou les objectifs de l’enfant qui a besoin d’un projet pour donner du sens à ce qu’il apprend.

L’objectif de l’enseignant est de permettre à l’enfant d’acquérir un certain nombre de notions fondamentales. Afin de permettre l’acquisition par tous de ces notions, nous devons les identifier clairement. Selon le cycle et le type de classe, nous allons les classer et les hiérarchiser, pour ensuite rechercher les disciplines qui permettront de les aborder de manière cohérente. En fait, la notion à aborder peut, soit émerger d’un projet de classe, soit le susciter. Nous prendrons ici en exemple l’idée de fabriquer une maquette de l’école à l’échelle destinée aux correspondants de la classe ainsi qu’à toutes les personnes susceptibles de passer à l’école, parents d’élèves nouveaux, élus, etc. La principale notion à acquérir est ici celle de proportionnalité.

En effet, construire une programmation autour de la proportionnalité dans le cadre de ce projet ne doit pas être un but unique pour la discipline. Chacune des matières utilisées dans ce cadre a ses objectifs spécifiques. Trop souvent, les apprentissages programmés en pensant que l’étude d’outils mathématiques permet la compréhension de la notion de proportionnalité. Ce qui n’est quasiment jamais le cas. C’est ainsi qu’on éloigne des générations d’enfants de cette notion par une approche trop intellectualisée des outils mathématiques, fractions, pourcentages, etc.

Varier les programmations

La construction de maquette à l’échelle signifie technologie. L’idée de proportionnalité ne doit donc pas faire oublier tout ce qui a trait à cette discipline, qualité et utilité de ou des matériaux, utilisation d’outils… La notion d’échelle signifie l’utilisation d’outils mathématiques pour calculer. Il est important de les étudier en fonction des besoins rencontrés pour la construction. Leur maîtrise ne peut exister qu’avec une bonne perception de la notion pour laquelle ils sont utilisés.

Certes, les programmations ne sont pas figées. Pour favoriser les apprentissages, on peut changer de disciplines. Programmer favorise l’ensemble des outils professionnels. La différenciation est effective sur les entrées mathématiques, géographie, technologie. Percevoir puis intégrer la notion de proportionnalité se vivra physiquement durant une course d’orientation pendant laquelle l’enfant aura l’occasion. Ceci en faisant la relation entre la carte et le terrain, de comprendre l’échelle d’une carte. Manuellement, ensuite par la construction de la maquette qui servira de transfert. Et de ce que Brissiaud appelle la résolution pratique de référence. L’enfant aura devant les yeux la proportion ou la non-proportion qui lui permettra de confirmer son travail. Ou de le renvoyer au problème à résoudre avec le soutien de l’enseignant.

Le respect des types d’intelligence est aussi effectif pour les mêmes raisons. L’évaluation existe sous plusieurs formes, intégrée à chaque discipline comme lors d’une séance classique. Mais aussi par rapport à la construction de la maquette et du transfert réel de compétences manuelles, physiques ou intellectuelles, s’il est possible de les dissocier, ce dont nous doutons fort.

Pour conclure…

Quelles que soient les disciplines utilisées lors d’une programmation, il est pratique de choisir une discipline principale qui servira de jalon à la programmation et de motivation pour les enfants. Dans notre exemple, la technologie servira de support principal, construction de la maquette de la classe ou d’une maquette par groupe d’enfants. Les acquisitions des disciplines périphériques se programmeront en fonction des besoins rencontrés pour la construction.

D’ailleurs, à partir du projet, des problèmes vont émerger. Il faut élaborer une trame générale de la programmation pluridisciplinaire. Ainsi que des adaptations possibles pour répondre aux besoins et aux difficultés des enfants. En plus, dans la programmation, les entrées sont automatiquement différenciées. Il ne faut pas pour autant négliger la différenciation dans les séances. La différenciation devra être prise en compte sur l’ensemble de la programmation. C’est-à-dire par la mise en place éventuelle de groupes de besoins à des moments significatifs des apprentissages.

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