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La relation parents professionnels d’enfance en difficulté

La relation parents professionnels d’enfance est quelquefois vécue comme source de problèmes par les professionnels. Les enjeux et logiques sont différents et parfois opposés. Il faudra néanmoins devenir partenaires même avec celui dont le seul mode relationnel est de générer du conflit. Il faudra donc négocier. Un projet de vie est complexe car il concerne la vie professionnelle, sociale, affective, familiale… Il examine et interroge de multiples façons. Conséquemment la réponse des professionnels ne peut être simple. Elle est au cœur de multiples interactions. Elle est également différenciée puisque tous sont différents. L’intervention éducative et thérapeutique sur l’enfant n’est véritablement opératoire qu’en collaboration avec sa famille (parents, fratrie…). Ce tant il est vrai que l’individu est le résultat des interactions de sa personnalité et de son environnement.

Il est plus facile pour un travailleur social de gérer une relation binaire (entre lui et l’enfant) que de s’inscrire dans une relation triangulaire (lui, l’enfant et la famille). D’autant qu’il s’agit de procéder avec finesse. Ne pas rejeter la famille ne veut pas dire lui permettre d’étouffer son enfant. Ce dernier, pour exister, a besoin de vivre sa séparation qui signifie entrée dans la société. Cela étant la famille demeure un partenaire privilégié. Elle est le partenaire génétique qui a des liens essentiels et forts avec l’usager.

D’ailleurs, on ne considère plus les parents comme responsables des difficultés de leur enfant. Mais bien plutôt comme les responsables d’une aventure familiale, d’un parcours humain plus ou moins soumis aux aléas et aux avatars, qu’il appartient parfois aux professionnels d’accompagner de la manière la plus légère et la plus transitoire possible. Les textes réglementaires et législatifs des divers secteurs du monde de l’enfance en difficulté assurent la collaboration des professionnels avec les familles des personnes en difficulté.

relation parents enfant

Informer les familles, le basique de la relation parents professionnels d’enfance en difficulté

Il s’agit de la circulation de l’information concernant la vie de l’établissement, de l’usager, du secteur médico-social au travers de réunions et autres outils de communication. L’information doit circuler à partir des pôles suivants :

  • Vie de l’enfant, de l’adolescent, de l’adulte. Faire circuler toute information relative à l’usager : conclusions de la dernière réunion de synthèse, résultats scolaires, traitement médicamenteux, etc.
  • Vie de l’établissement. On informe la famille de la vie dans l’établissement : achat de matériel, transferts projetés, aménagement d’une salle de loisirs, etc.
  • Vie du secteur social duquel ressortit l’institution de l’enfant concerné. On invite les familles à des conférences et à réfléchir à un thème particulier (ex: le vieillissement des personnes handicapées, l’insertion professionnelle…). On invite les familles à participer à la vie associative.

Mais comment informer les familles ? Les moyens sont multiples. Il convient de jouer sur les deux registres de la communication, l’oral et l’écrit. Utiliser simultanément, complémentairement, les différents moyens dont on dispose ou que l’on crée avec son équipe et avec l’aide des parents eux-mêmes, par exemple :

  • Les moyens institutionnalisés. Le conseil d’établissement, le conseil d’école, le conseil d’administration, le comité de gestion, les réunions de parents, les rendez-vous avec tel ou tel membre de l’équipe.
  • Des moyens plus informels mais néanmoins efficaces : fêtes scolaires, portes ouvertes, rencontres de couloir, journal scolaire, etc.

Une bonne information c’est le premier fondement d’une démarche complète, globale, à l’égard des familles. C’est déjà du soutien informé on est déjà plus fort. Informer c’est donc aussi perdre du pouvoir pour une équipe de professionnels. Mais ce qui sera perdu en autoritarisme sera gagné en autorité véritable, en partenariat reconnu et souhaité car efficace.

Soutenir les familles

Il s’agit tout d’abord d’entendre la demande d’aide en provenance des parents qui, face à cet enfant pas ordinaire, se trouvent soudain dépourvus de toutes les compétences parentales. La relation parents professionnels s’améliore en écoutant les familles. Notamment en ce qui concerne les problèmes de respect des règles institutionnelles, d’orientation, de vie institutionnelle. Toute équipe a un devoir de disponibilité et d’accueil. Une famille collaborera d’autant plus facilement et volontairement au travail de l’équipe, que l’accueil que lui aura réservé le directeur se sera avéré positif. Les familles doivent être reçues même sans rendez-vous. L’idéal est qu’il y ait une heure et un jour de fixé. Mais en cas de visite impromptue, on libérera un membre de l’équipe pour recevoir les parents.

Soutenir les familles c’est permettre qu’elles soient reçues, écoutées, informées, et conseillées. Plus que des « conseils » assénés comme des injonctions. Il importe de réfléchir avec elles aux solutions possibles du problème qui se présente. A défaut de trouver un remède, sachons orienter vers un expert avisé (assistant social de secteur, médecin, psychiatre, milieu associatif…). Soutenir c’est aussi, paradoxalement, avoir l’honnêteté de reconnaître que l’on ne sait pas répondre face à certaines difficultés. Soutenir les familles c’est aussi permettre aux professionnels de se déplacer pour les rencontrer, notamment l’assistant social.

relation parents professionnels

Associer les familles pour une bonne relation parents professionnels d’enfance

Associer recouvre deux mouvements, deux réalités. D’abord, c’est tenir compte des demandes des familles qui sont actives dans l’éducation de leur enfant. Puis, c’est solliciter les familles qui ont du mal à investir la démarche éducative et thérapeutique de leur enfant, et qui ont tendance à l’abandonner.

En fait, c’est une seule volonté. Travailler ensemble dans l’intérêt du jeune en difficulté. Comment ?

  • Associer, c’est entendre les souhaits des familles pour leur enfant et en tenir compte. Telle famille souhaite que son fils handicapé aille travailler en milieu ordinaire et ça nous paraît irréaliste ? Écoutons, analysons les potentialités du jeune, soyons prudents avant de répondre non rapidement et froidement. Réfléchissons avec les familles. Exprimons nos doutes et nos certitudes.
  • Associer, c’est informer et écouter en premier lieu. C’est ensuite appliquer des décisions qui sont le fruit des réflexions communes aux professionnels, aux familles et aux personnes handicapées.
  • Associer, c’est éviter d’être rejetant. Ne pas nous rassurer à bon compte en jugeant les familles tellement incapables et nous, tellement compétents… La famille a toujours des ressources. A nous, professionnels, de les créer ou de les activer.

À travers l’information, le soutien et l’association des familles, l’établissement rendra visible une culture qui lui est propre et qui témoigne de la culture associative. Cette culture détermine non seulement une qualité de prise en charge mais aussi et surtout un sentiment d’appartenance. Ce sentiment d’appartenance influera directement sur la qualité des relations au sein de l’équipe. Et sur la qualité des relations avec les parents.

Pour conclure, informer, associer, soutenir, c’est moins une addition d’actes divers qu’un processus, un authentique phénomène culturel. Avec l’usager et sa famille, partenaires dans la réflexion et l’action, l’équipe du service ou de l’établissement porte le poids des difficultés de la vie.

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