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La responsabilité pédagogique et morale des enseignants

Avoir en charge la scolarité des enfants qui leur sont confiés, confère aux maîtres et maitresses une responsabilité dont il leur faut bien prendre conscience, non pas pour qu’ils en soient écrasés ou inhibés dans leurs initiatives. Mais, tout simplement, pour qu’ils l’assument lucidement et pleinement. Cette responsabilité, constante et globale, ne peut se présenter de manière schématique dans des cadres précis. Il serait sans doute artificiel de considérer qu’elle s’exerce, tour à tour et alternativement, dans un domaine particulier. Nous allons se contenter dans cet article d’en présenter les aspects moraux et pédagogiques dans le cadre de ce qu’on appelle la responsabilité pédagogique et morale des enseignants.

responsabilité pédagogique

La responsabilité morale

Il est bien évident qu’il ne s’agit pas d’amputer, en quoi que ce soit, le droit du maître de jouir de sa liberté ; d’épanouir sa personnalité, de manifester son indépendance vis-à-vis de toute référence philosophique, religieuse ou doctrinale. Il est non moins évident que les maîtres doivent avoir une très nette conscience de la valeur de référence qu’ils constituent aux yeux de leurs élèves, et au-delà, pour leurs parents et tout l’environnement scolaire. Et, qu’ils le veuillent ou non, ils doivent savoir que leur manière d’être, leur tenue, leurs vêtements, leur langage et leurs propos, leur attitude, leurs réactions face aux grands problèmes de l’heure et aux réalités de la vie quotidienne sont observés, jugés, commentés.

Le professeur doit donc se considérer, non pas comme un modèle ce qui constituerait un excès. Mais comme une référence. Et, pourquoi ne pas le dire, un exemple, dans sa vie professionnelle bien sûr. Mais aussi, et plus encore en milieu rural qu’en milieu urbain, dans sa vie quotidienne personnelle. Chacun sait qu’il n’est pas possible d’exiger d’autrui ce qu’on n’est pas capable de faire soi-même. Comment recommander voire exiger exactitude, ordre, soin, propreté, respect d’autrui… quand on commet soi-même des entorses nombreuses et répétées à ces règles de base de la vie de groupe ?

C’est dans ce cadre, qui est aussi celui des programmes, qu’il lui appartient, de manière ponctuelle quand l’occasion s’en présente. Mais aussi de façon systématique quand cela lui apparaît nécessaire, de prôner un certain nombre de grandes valeurs. Tolérance, solidarité, esprit d’équipe, égalité, refus de l’injustice, droit à la liberté individuelle mais aussi acceptation d’un certain nombre de devoirs imposés par les contraintes de la société.

La responsabilité pédagogique

Sur ce plan, chaque enseignant, dans le cadre des programmes et instructions officiels, a une triple mission :

  • faire assimiler au mieux à tous les élèves les connaissances prévues par les textes officiels ;
  • les rendre aptes à accéder, dans les meilleures conditions, aux paliers suivants ;
  • les rendre peu à peu capables de conquérir leur autonomie tout en sachant que le respect initial de règles et de contraintes peut constituer un bon apprentissage à l’acquisition d’une autonomie lucide.

Ce n’est pas en centrant son action sur quelques-uns; que ce soit les meilleurs ou les plus démunis, qu’il jouera le mieux son rôle. Sans freiner les premiers, à qui il est toujours possible de proposer des tâches supplémentaires. Et sans renoncer à entraîner les enfants en difficulté pour lesquels il faut prévoir actions d’aide, de soutien et de rattrapage. Il lui faut travailler pour tous en adaptant au mieux les tâches proposées aux possibilités de chacun.

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Aucune classe n’est vraiment homogène. Ce n’est pas parce que l’on est responsable d’une classe à un seul niveau qu’il n’est pas nécessaire de constituer des groupes de travail. Il est, certes, indispensable de ne pas perdre de vue le niveau de connaissance; auquel il est théoriquement et pratiquement souhaitable d’accéder. Chaque maître a cependant le devoir de s’adapter à la situation telle qu’elle est réellement. Et de renoncer à une vision théorique, figée, des choses.

Donner des habitudes de travail est considéré par certains comme une entrave à la liberté personnelle. Il ne s’agit certes pas d’enfermer les enfants dans des contraintes qui pourraient devenir sclérosantes, voire constituer un véritable asservissement. Mais de libérer leur attention, leur énergie, pour ce qui est important. Les habitudes données devenant alors d’utiles instruments de libération.

Pour conclure…

Pour conclure concernant la responsabilité pédagogique et la responsabilité morale de l’enseignant, il importe aussi de considérer que le rôle du maître ne se limite pas à une vigilance de chaque instant quand il se trouve dans sa classe. Nous croyons, pour notre part, à la valeur formative des :

  • récréations au cours desquelles il convient de s’assurer que le groupe n’asservit pas l’individu et réciproquement ;
  • repas scolaires : respect du travail du personnel de service, équité des partages… ;
  • sorties scolaires : respect des règles de l’environnement, de la vie en groupe ;
  • fêtes scolaires : valeur du travail collectif, image de l’école.

La responsabilité pédagogique ne peut s’assumer de manière satisfaisante que dans le cadre d’une auto-évaluation permanente. Qui peut prétendre être toujours en état de grâce et réussir tout ce qu’il entreprend ? Ce qui est grave, ce n’est pas de manquer telle ou telle leçon, c’est de ne pas s’en apercevoir, de ne pas en être totalement conscient. Il y a donc nécessité d’évaluer l’efficacité de l’enseignement par de nombreux contrôles diversifiés. Et, ce faisant, de procéder à une auto-évaluation lucide de la manière dont les objectifs qu’on s’est assignés ont été atteints.

Cette responsabilité doit aussi conduire à être capable d’oublier pour un temps ses soucis; ses difficultés personnelles et familiales, d’être disponible pour adopter l’attitude ouverte, ferme, confiante et souriante qui convient. Et à ne pas se répandre en récriminations de toutes sortes, aussi justifiées soient-elles. Il ne faut pas projeter dans l’enseignement tout ou partie de ses problèmes personnels. C’est difficile. Mais c’est à ce prix qu’on fait les bons maîtres, à l’écoute de leur classe, de ses attentes comme de ses besoins. Et que l’on peut atteindre une efficacité pédagogique maximale.

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