Psychologie

Quels sont les signes de la jalousie fraternelle et comment la traiter?

Cet article s’intéressera au phénomène capital que constitue la jalousie enfantine, et particulièrement celle qui existe inévitablement entre frères et sœurs, la jalousie fraternelle, causant beaucoup de difficultés familiales. Il n’est pas plus facile à l’enfant de partager sa mère avec son frère qu’avec son père. Peut-être même est-ce en un sens plus difficile encore, dans la mesure où le frère est un personnage plus semblable à l’enfant et plus proche de lui. Le problème n’est pas le même selon que le sujet se trouve dans la position du nanti, possédant l’affection parentale qu’il doit tout à coup partager, ce qui constitue la grande frustration classique de l’aîné. Ou dans celle du nouveau venu, de l’usurpateur qui doit, lui, se faire sa place dans un cadre préexistant.

la jalousie fraternelle

Diminution de la sollicitude à l’égard de l’ainé accentuant la jalousie fraternelle

BALDWIN a étudié le comportement de quarante-six mères pendant qu’elles attendaient leur second enfant. Il a pu mettre en évidence, de manière objective, une légère diminution de leur sollicitude à l’égard de l’aîné. Cela s’accentue graduellement à mesure qu’approchait le moment de la naissance du suivant. Par ailleurs, le nouveau-né nécessite des soins et une attention qui ne laissent pas de fort occuper la maman pendant les semaines qui suivent la naissance.

L’aîné peut donc avoir de bonnes raisons de se sentir quelque peu délaissé, voire même sérieusement menacé d’abandon. Il aura d’autant plus de raisons de se sentir rejeté ou de craindre un retrait d’amour qu’il éprouve des sentiments hostiles à l’égard de ce nouveau venu qui fait précisément la joie et le bonheur de ses parents. Il est donc en quelque sorte doublement coupable. Par conséquent, il devrait être doublement aimé et entouré.

C’est ce que ne font pas les parents, grands-parents, oncles et tantes dans la situation classique. Tous s’exclament sur les perfections du nouveau-né sans accorder la moindre attention au malheureux précédent. Il se trouve tout à coup relégué à l’arrière-plan. Ce qu’il ne peut manquer d’attribuer à sa méchanceté ou à ses mauvais sentiments ! La maladresse atteint son comble lorsqu’on profite très logiquement de cet épisode pour éloigner l’aîné. Soit en l’inscrivant à l’école maternelle, soit en le confiant à d’autres personnes, parfois étrangères à la famille. Alors la menace se concrétise pour lui et donne lieu souvent à de graves perturbations du comportement.

L’ainé se met à « faire le bébé »

Un grand nombre d’enfants manifestent plus ou moins ouvertement leur agressivité à l’égard du puîné. Soit en le dénigrant, soit en l’ignorant, soit même en niant tout simplement sa présence. Les voies de fait sont plus fréquentes qu’on ne le pense. Souvent, apparaissent aussi des difficultés de comportement. L’aîné se mettant notamment à régresser et à « faire le bébé » de diverses manières. Comme si en s’identifiant au nouveau venu il allait retrouver la sollicitude parentale. On comprend l’inutilité et même le danger de mesures punitives dans ce contexte. Elles ne feront que confirmer l’enfant dans ses craintes et dans son anxiété. Mieux vaudrait l’aider à se valoriser positivement et l’associer aux soins du bébé, sans toutefois lui imposer de responsabilité réelle à ce propos.

La sensibilité de l’enfant à la naissance du suivant est particulièrement vive entre dix-huit mois et quatre ans. À cet égard, on pourrait souhaiter que le nouveau venu ne fasse pas son apparition avant que la personnalité de l’aîné ne soit bien « installée ». Dans ce cas, les images parentales étant intériorisées, l’aîné portera à son puîné des sentiments positifs et protecteurs analogues à ceux qu’il observe chez ses parents. Ainsi, il ne se sentira nullement menacé, mais probablement valorisé. D’autres considérations valables plaident assurément en faveur de la réduction de l’écart d’âge entre les enfants.

Quoi qu’il en soit, certaines recherches semblent indiquer que l’importance de la jalousie de l’aîné à l’égard du cadet est fonction inverse de l’écart d’âge qui existe entre eux. Il est permis de penser que le facteur déterminant se situe toutefois au niveau du comportement des parents à l’égard de l’aîné. L’aident-ils à accepter la modification de son statut ? Ou, au contraire, lui rendent-ils son nouveau statut inacceptable ?

Le cadet trouve dans son ainé, soit un modèle soit un rival à dépasser

Quant au cadet, il trouvera dans son aîné comme un modèle. Une sorte d’intermédiaire entre lui-même et ses parents, qui pourra l’aider à réaliser la synthèse de son moi. L’identification des cadets aux aînés n’est pas rare. Elle peut même parfois prendre un tour excessif, nuisant alors à la personnalité du plus jeune.

Mais si l’aîné joue certainement le rôle d’un initiateur et d’un «entraîneur à grandir» qui est fort positif, il ne faut pas oublier qu’il joue en même temps, qu’il le veuille ou non et généralement il le veut bien ! celui d’un « plafond » impossible à dépasser, celui du « grand » qui fait tout mieux que le petit. Ceci amène régulièrement le cadet à se raccrocher à la mère et à se comporter comme s’il ne voulait pas grandir. Ou, au contraire, à s’affirmer comme un rival agressif et jaloux qui cherchera toute sa vie à dépasser les autres.

Cette agressivité envieuse ne s’exprime nulle part plus normalement que dans la taquinerie. Grande arme des petits pour attirer l’attention des grands et pour obliger ceux-ci à les prendre en considération. Réduisant ainsi l’écart d’âge que soulignent trop généreusement au gré des cadets les privilèges et avantages dont jouissent leurs aînés. Tous ces sentiments ambivalents sont inévitables. Dans une large mesure ils « forment le caractère » comme le veut la sagesse populaire. Toutefois les parents devront y veiller, en se souvenant que la justice familiale consiste moins à traiter tous les enfants de la même manière, qu’à assurer à chacun d’eux la tendresse et l’attention particulière dont il a besoin pour atténuer cette jalousie fraternelle.

la jalousie institutrice

La jalousie fraternelle, le prototype des premières relations à établir

Cette jalousie fraternelle dont on a parlé représente le prototype de tous les sentiments entre pairs par la suite. En fait, nous allons la retrouver dans le cadre des relations qui commencent à s’établir entre enfants de même âge. De plus en plus souvent, en effet, l’enfant fréquente dès trois ans quelque institution de niveau préscolaire. Et même s’il reste à la maison, il a l’occasion de rencontrer des petits camarades. Il semble que l’on soit aujourd’hui beaucoup plus attentif qu’autrefois à favoriser ces contacts et que l’on perçoive mieux les conditions de leur apport positif au développement de l’individu.

De toute façon, dans le cadre de ces expériences sociales, l’enfant va être confronté avec la réalité de l’existence d’autrui. Cette existence d’autrui donnera naissance à beaucoup de situations où la jalousie enfantine pourra se manifester et causer parfois des problèmes dont les parents devront encore une fois bien y veiller.

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