Le rôle des inspecteurs comparé à leurs comportements
D’après sa définition, le mot « inspecteur » désigne un agent d’un service public ou privé chargé de surveiller, de contrôler le fonctionnement d’une administration, d’une entreprise, de veiller à l’application des normes, des lois. Dans ce cas, nous nous trouvons devant une fonction exclusivement consacrée au contrôle que, étant de la plus haute importance pour l’organisation de l’enseignement, elle mérite une restructuration complète. Toutefois, le rôle des inspecteurs de l’enseignement inclue des responsabilités qui parfois se révèlent contradictoires :
- l’organisation, la construction et la diffusion des programmes d’enseignement ;
- le contrôle du respect des programmes pour l’homologation de certaines options ;
- l’organisation de certains examens certificatifs ;
- le contrôle du travail des enseignants dans la classe ;
- la désignation, la formation et le recyclage des enseignants ;
- l’analyse des systèmes et des institutions.
Comme nous le constatons, il est impossible, sans ressentir de nombreuses frustrations ou d’injonctions paradoxales, d’exercer l’ensemble de ces missions. Par conséquent, certains inspecteurs choisissent le rôle qui correspond le mieux à leur personnalité. D’autres tentent de tout réaliser et certains demeurent de tristes exécutants.
Les métiers des inspecteurs
Il nous semble que cette fonction, comme celle de l’enseignant, est constituée de plusieurs métiers :
- le contrôle ;
- l’élaboration de programmes ;
- le travail de terrain avec les enseignants ;
- la formation ;
- la recherche et l’analyse.
A propos du contrôle, laissons aux pouvoirs organisateurs le soin de gérer cette problématique. Mais dotons-les d’un arsenal de lois permettant d’agir face aux manquements de certains enseignants. En cas d’abus, les syndicats, quant à eux, jouiraient du droit d’exercer un contre-pouvoir pour défendre l’enseignant. Les inspecteurs ne doivent pas être des contrôleurs. Car ainsi ils se coupent de leur base et perdent toute crédibilité pédagogique auprès des enseignants. Les trois autres métiers peuvent être exercés éventuellement par la même personne; si le maximum de son temps de travail est utilisé, sur le terrain, avec les enseignants. L’idéal serait donc que les inspecteurs structurent les programmes à partir des exigences des différents systèmes qui influencent l’école. Ces responsables créeraient et géreraient la capacité d’autonomisation des équipes d’enseignants. Ceci représente bien le rôle des inspecteurs.
Au cours de ces dernières décennies; les transformations du système éducatif ont rendu obsolètes certaines missions confiées traditionnellement aux corps d’inspection. En outre, ces changements ont émergé la nécessité de créer une culture de l’encadrement commune à tous les responsables d’inspection. Désormais, impulsion, évaluation, anticipation, régulation devraient constituer les tâches essentielles des fonctions de l’inspectorat.
Développer une culture de l’encadrement chez les responsables éducatifs, tel est l’objectif. Le projet de formation commun à tous les corps d’inspection qui prend en compte leurs nouvelles missions vise à développer non seulement des compétences propres à chaque fonction. Mais aussi des capacités de nature transversales.
A éviter, messieurs les inspecteurs !
Voici quelques attitudes à éviter par les inspecteurs. Comment peut-on admettre qu’un inspecteur exige les préparations; ainsi que le journal de classe du jour à une enseignante du primaire travaillant dans une classe de trois années en pédagogie différenciée et en pédagogie du projet avec des enfants défavorisés ? Les enseignants ne sont ni des larbins, ni de simples exécutants. Arrêtons de les terroriser pour défouler une quelconque névrose. Demandons aux enseignants de fournir les documents administratifs adaptés à leur pratique pédagogique.
Comment un inspecteur peut-il se permettre d’affirmer à un professeur débutant qu’il ferait mieux de changer de métier parce qu’il est à côté du programme et que son cours n’est pas encore parfait ? Ce genre d’attitude existe encore de nos jours ? Nous ne pouvons que confirmer l’existence de la violence institutionnelle dans les écoles. Nous conseillons aux enseignants et aux parents de ne plus accepter de telles pratiques. Mais nous demandons leur entière collaboration avec les inspecteurs ci-après.
Vrai rôle des inspecteurs
Merci à vous, monsieur l’inspecteur, qui avez participé à la proposition des documents; des formations qui nous ont permis d’instaurer les stratégies pressenties. Merci pour votre attention continue au cours du cheminement de l’équipe pédagogique. Encore, merci à l’inspecteur chargé de contrôler les formations et les participants; mais qui se présente comme un partenaire intéressé aux contenus et aux vécus de la formation. Merci à ces hommes et à ces femmes qui n’hésitent pas à nager à contre-courant; en renonçant à faire du métier d’inspecteur une activité de contrôle et de répression. Nous avons eu le plaisir de rencontrer pas mal d’inspecteurs de qualité, ceux et celles qui brillent dans notre souvenir.
Malheureusement, il y a d’autres moments où l’inspection ne déclenche pas que des fantasmes destructeurs ou paranoïdes. Mais elle peut aussi détruire pour un instant ou pour de plus longs moments :
- l’équilibre de la classe ;
- la confiance entre l’enseignant et les élèves ;
- la confiance de l’enseignant en lui-même ;
- Aussi la confiance de l’élève en lui-même ;
- la relation et l’équilibre entre la direction et l’enseignant.
Cette intervention spectaculaire devient parfois la confirmation que le dialogue est rompu entre une direction et son enseignant. Alors, les responsables d’une école demandent l’intervention de l’inspecteur pour confirmer une évaluation qui émane parfois de généralisations abusives. Avec les jeunes enseignants, ce type d’intrusion est extrêmement néfaste et montre combien notre système manque d’instances de communication. Avant toute visite en classe, nous proposons qu’une rencontre soit organisée qui viserait à exposer; sous la coordination de l’inspecteur, les remarques positives et négatives émanant de la direction et de l’enseignant. Un rapport qui doit sans doute rester confidentiel est signé par les deux parties. L’inspecteur s’entretient alors avec l’enseignant qui est, à nos yeux, le responsable du microsystème.
Pour conclure sur le rôle des inspecteurs
L’appareil répressif ne doit pas être, selon nous, mis en œuvre par les inspecteurs. L’inspection devra donc, comme les autres fonctions du monde de l’éducation, revoir ses pratiques, son éthique et sa déontologie. Les enjeux primordiaux sont les suivants :
- la confiance de la part des autres acteurs (direction, enseignants, parents. . .) ;
- la construction d’un système scolaire et d’une formation de qualité ;
- la recherche du bien-être et des comportements respectueux des acteurs.
Certes, ce métier très complexe demande de nombreuses compétences parfois contradictoires. Comme pour beaucoup de missions éducatives; il est urgent de clarifier les missions de ces hommes et de ces femmes sur le terrain de l’éducation. Nous constatons que nombreux sont ceux qui se caractérisent par une grande souplesse; permettant ainsi une autonomie accrue pour les acteurs du terrain. Ce mouvement doit s’amplifier et s’étendre.
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