Enfance

L’enfant de 5 ans à l’école maternelle (2ème partie)

Normalement un enfant de 5 ans parle beaucoup et bien; il a dépassé les quelques difficultés de prononciation qu’il a pu présenter les années précédentes, et avec un vocabulaire vivant de 2000 mots, possède une certaine maîtrise du langage parlé. Le bégaiement doit aussi avoir disparu ces derniers mois. Lorsqu’il persiste au-delà du 5ème anniversaire, c’est que des facteurs autres que ceux de croissance sont en cause, tel que les troubles affectifs de l’enfant et le décalage entre son niveau global de développement intellectuel et son niveau d’expression orale.

enfant joue en maternelle

Les troubles affectifs

Ils sont à l’origine de presque toutes les difficultés que rencontre un enfant dans son adaptation. La situation en famille est souvent la principale cause du bégaiement chez l’enfant. L’émotivité constitutionnelle de l’enfant augmente en proportion de son incertitude, de son insécurité et de son incapacité à exprimer ce qu’il ressent. Lorsqu’il doit parler, l’enfant se trouble, rougit, sa respiration se bloque, il a peur et bégaie encore bien plus. Vous remarquerez aussi qu’il peut bégayer plus ou moins intensivement selon les personnes à qui il s’adresse, selon les choses qu’il dit, selon qu’il est ou n’est pas fatigué, selon qu’il est chez lui ou chez les autres, toutes situations qui soulignent l’aspect relationnel du trouble.

Le décalage entre niveau intellectuel et niveau d’expression

Le décalage entre le niveau intellectuel atteint par l’enfant qui bégaie et son niveau d’expression orale est facile à comprendre : sa pensée va plus vite que sa formulation. L’enfant désire parler, il cherche ses mots, ceux-ci ne viennent pas car son vocabulaire est pauvre ; il hésite, prononce un mot à la place d’un autre, se reprend, hache le débit de sa phrase ; finalement, il répète par saccades et ne parvient plus à articuler un son.

Le traitement du bégaiement auprès d’une orthophoniste peut commencer dès 5 ans, à l’issue d’un bilan psychologique de l’enfant. Mais vous devez savoir que vous atténuerez beaucoup ce trouble en améliorant le climat affectif de votre enfant, en le rassurant sur l’évolution de ses difficultés présentes, en lui donnant les moyens d’exprimer ses sentiments et en lui parlant toujours sur un rythme régulier qui le calme et lui serve de modèle.

Attitude réceptive

Vous montrerez aussi à l’enfant, par votre attitude réceptive que son bégaiement ne représente pas un gros problème et vous lui expliquerez qu’en parlant lentement, comme vous le faites, par courtes phrases, après avoir bien pensé à ce qu’il veut dire, il ne bégaiera plus. Bien entendu, vous le reprendrez lorsqu’il manque à cela et le valoriserez toutes les fois qu’il réussit. Vous mettrez ses frères et sœurs et les autres adultes de la famille « dans le coup », afin qu’ils ne détruisent pas, par une attitude négative ou sarcastique vos efforts conjugués. Ici encore, c’est à la valeur éducative de l’imitation que vous le devrez.

Traitement orthophonique

Avec un entant de plus de 5 ou 6 ans, qui bégaie, il sera souvent nécessaire d’associer au traitement orthophonique des séances de relaxation et de psychothérapie pour obtenir la guérison. Il est préférable toutefois de ne pas attendre 6 ans pour s’occuper du bégaiement, car à cet âge, l’enfant commencera l’apprentissage systématique de la lecture et son bégaiement l’handicapera sérieusement.

Les apports de l’école maternelle

Quand son développement est normal sur les plans de la latéralisation et du langage, l’enfant de 5 ans va profiter à plein des apports de l’école maternelle. Je rappelle à ce propos qu’il est tout à fait souhaitable que votre enfant fasse au moins une année de maternelle ou de classe enfantine avant son entrée à l’école à 6 ans. En effet, on attend de cette expérience pré-élémentaire un certain nombre d’acquisitions qui doivent faciliter la réussite scolaire ultérieure.

Je précise tout de suite que l’enfant, même à 5 ans, dans la section des « Grands » n’est pas en maternelle pour apprendre à lire. Malgré votre désir légitime de parents que cette année soit « plus scolaire », il ne faut pas forcer la lecture, car celle-ci, comme vous le verrez l’année prochaine, présuppose de nombreux savoirs antérieurs qui, s’ils ne sont pas assurés et stabilisés, gêneront l’apprentissage méthodique et compromettront la scolarité future.

A l’école maternelle

Si vous envoyez votre enfant à l’école maternelle, il continuera, comme les deux années précédentes, dans l’esprit propre à la scolarité maternelle, à perfectionner son orientation dans l’espace et le temps, à développer et à assurer son schéma corporel. Ses notions spatiales et temporelles acquises par le vécu et non pas de façon abstraite et théorique, se compléteront à 5 ans, des repères droite-gauche, contre-à côté, ici- là-ailleurs, d’abord-ensuite, hier- aujourd’hui-demain, matin- après-midi soir, tôt-tard, avant-après, jeune-vieux, etc.

Les évolutions en groupe, pendant la rythmique, l’introduction de matériel varié dans les exercices (cerceaux, balles, anneaux, tambourins), le chant collectif, l’aideront à reconnaître sa place parmi les autres et à se situer par rapport aux objets : devant moi devant lui, derrière moi derrière lui, avant moi après moi, avant lui après lui, à côté de l’anneau dans l’anneau, après le refrain, etc.

Jeux de logique

Plus tard, il retrouvera, de même, la place des lettres dans les mots : avant le a, après le t, etc. Les jeux de logique, en l’initiant aux ensembles et à la mathématique moderne, seront l’aboutissement des exercices perceptifs que vous avez suscités chez votre enfant dès qu’il avait 3 ans et des jeux d’assemblage ou de loto. Ils lui enseigneront aussi à évaluer les rapports entre les choses : plus de jetons que de perles, moins de carrés rouges que de carrés jaunes. L’Ecole maternelle fera également progresser l’enfant dans le domaine du langage en l’entraînant à s’exprimer librement et de façon intelligible, en l’invitant à entendre et à s’entendre, à distinguer et à employer les tonalités, à penser ce qu’il veut dire, à se rendre compte des significations, à être à l’aise dans la relation.

C’est la première expérience de socialisation active plus large que celle que peut vivre un enfant avec ses petits camarades du square ou les invités à son goûter d’anniversaire, elle sort l’enfant de son égocentrisme et, entre 5 et 6 ans, favorise son apprentissage de la responsabilité.

La turbulence à 5 ans

Elle discipline enfin la turbulence qui apparaît souvent autour de 5 ans et demi en orientant l’enfant vers la découverte de l’univers. Les exercices d’observation, exercices graphiques, soins aux animaux, « leçons de silence », etc., y visent.

Ces buts spécifiques justifient l’école maternelle ; et si on veut bien se rappeler que l’avenir d’un enfant se détermine à cet âge, on comprendra combien son rôle est capital pour garantir à tous les enfants un bon départ dans la vie, à égalité de chances, et combien toute polarisation des parents et des éducateurs sur les seules acquisitions dites intellectuelles -par exemple la reconnaissance des lettres et les débuts de la lecture – est loin de répondre aux conditions nécessaires à un apprentissage ultérieur efficace.

Il ne faut pas oublier en effet, qu’entre 2 et 5 ans l’intelligence, la mémoire, les perceptions, le langage et la communication, l’affectivité et la psychomotricité sont fortement intriqués et que toutes ces fonctions ne se développent qu’à trois conditions :

l) Les conditions physiologiques qui sont liées aux besoins chimiques de l’activité cérébrale:

Le cerveau ne fonctionne que dans certaines conditions d’intégrité cellulaire et de nourriture des cellules nerveuses: un apport alimentaire équilibré en protides -viande, poissons, fromages en calcium, en magnésium, etc., favorise l’activité intellectuelle.

enfants utilisant leurs cerveaux

2) Les conditions psychologiques de sécurité et de détente affective:

Les tensions affectives brouillent, inhibent ou bloquent l’intelligence et la mémoire, de même qu’elles perturbent la perception et la relation à autrui. Vous verrez se décharger les tensions chez un « 5 ans » par des reniflements, les doigts dans le nez, les ongles rongés, la persistance de la succion du pouce, de l’entêtement, de l’opposition, des pleurs, des caprices.

3) Les conditions de stimulation par le milieu :

les capacités d’un enfant ne peuvent pas se développer dans un milieu de vie monotone privé de stimulations intellectuelles et sensorielles.

Vous doublerez l’influence éducative de l’école maternelle en donnant à votre « 5 ans » une nourriture équilibrée, en ayant avec lui des relations fondamentalement bonnes, en élargissant son champ d’expériences : faire ensemble un court trajet en train, visiter l’aéroport, aller passer une journée à la neige, au bord de la mer, visiter un zoo, un stade.

consultez L’enfant de 5 ans à l’école maternelle (1ère partie)

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