Les compétences du formateur professionnel

Quelles sont les compétences qui semblent indispensables à un formateur professionnel. De nombreux formateurs s’expriment sur leur professionnalité et sur les modifications qu’il conviendrait d’apporter, selon eux, à la formation de formateur pour la rendre plus professionnalisante. Leur opinion met en évidence des compétences du formateur qui ne sont pas spécifiques, certaines d’entre elles au moins, aux formateurs d’enseignants, mais toutes ont certainement à voir avec la fonction de formateur d’adultes.

Principales compétences du formateur

• La compétence à gérer la complexité des situations rencontrées en évaluant rapidement ce qui se passe dans la situation de formation. Et ce afin de prendre des décisions adaptées et à construire les stratégies qui conviennent ;
• la compétence du formateur à articuler le discours théorique qui construit ses référents avec les situations concrètes qui lui sont proposées. Un formateur devrait toujours pouvoir poser cette question au départ d’une formation : « À quoi puis-je vous être utile ? » ;
• la compétence à créer chez le formé un réel projet d’appropriation de la formation qu’il suit. Il faut poser la question : « Ce que vous avez appris de plus, qu’allez-vous en faire demain ? » ;
• la compétence à réduire l’écart entre le dire et le faire. Tant dans sa propre pratique de formateur que dans celle des enseignants qu’il forme. Un praticien réflexif a conscience de l’écart qui existe entre ce qu’il fait et ce qu’il dit qu’il fait. Il travaille à réduire cet écart, ce qui produit un nouveau type de savoir (développement professionnel) ;
• la compétence à assurer un accompagnement respectueux des personnes qu’il forme. Assurant les passages au moins de façon acceptée et partagée ;
• enfin, la compétence à accepter la confrontation de ses référents et de ses pratiques avec d’autres formateurs. Et par là même à accepter ses limites et ses imperfections. Se savoir perfectible est sans doute un ingrédient essentiel de toute professionnalisation.

Peut-être le meilleur signe de professionnalité d’un formateur est-il la recherche de cohérence entre ce qu’il est, ce qu’il fait et ce qu’il dit être et faire. Une cohérence entre ses comportements et ses stratégies. Cette articulation entre les référents, les compétences à l’œuvre et les modèles sous-jacents, pourrait bien être la clé de voûte de la professionnalité.

La culture et l’individualisation en matière de la formation

On remarque que les compétences énumérées ont partie liée avec la formation d’adultes. En effet, on oublie un peu trop que le formateur d’enseignants est avant tout un formateur d’adultes qui de plus sont ses pairs. Cette composante de sa profession l’éloigne radicalement de son autre versant professionnel. Enseigner à des élèves, même si quelques-unes des compétences énoncées sont communes aux formateurs et aux enseignants.

Il manque à cette liste, d’autres compétences qui figurent dans les référentiels bricolés par les responsables de formation. Et ce en l’absence de références institutionnelles énonçant les compétences attendues. Chaque responsable de formation est amené alors à produire son propre référentiel de formation de ses formateurs. En plus, ce que pourrait aussi développer les compétences du formateur pour construire sa professionnalité tient en trois idées principales :

• Il importe de proposer un large éventail de propositions de formation susceptibles de devenir des centres d’intérêt pour un formateur en fonction de son projet d’action. Ce projet est à croiser avec les directions institutionnelles.
• Le formateur doit acquérir la plus large culture possible en matière de la formation. Tout en visant une diversification des connaissances et des approches qui va bien au-delà des domaines dans lesquels il exerce. Cette culture lui assure une grande capacité d’adaptation aux situations professionnelles qu’il rencontre et met en œuvre.
• La formation du formateur ne peut atteindre son but que si elle permet une réelle individualisation de son parcours. C’est-à-dire la réalisation d’un projet individuel de formation à partir d’un grand nombre de propositions offrant des choix importants. L’individualisation n’a de sens que si elle permet à chaque formateur de situer en permanence son projet, son action, sa pratique parmi d’autres projets, d’autres pratiques.