L’activité de graphisme et l’acquisition de l’écriture

Si la littérature sur l’acquisition de la lecture est abondante, il n’en est pas de même pour l’activité de graphisme. Depuis les travaux de Wallon et de Lurçat sur le dessin de l’enfant et le schéma corporel, qui considéraient l’acte graphique comme une projection du mouvement dans l’espace graphique, quelques auteurs se sont attachés à explorer les facteurs linguistiques et non linguistiques de l’écriture. activité de graphisme

Premiers tracés de l’activité de graphisme

Lurçat considère différents aspects de la genèse de l’acte graphique. Du point de vue moteur, la complication des tracés est directement en rapport avec l’évolution des mouvements qui les engendrent, et le contrôle moteur. On peut ainsi comprendre la genèse des tracés circulaires, grâce à la coordination de certains mouvements au niveau de l’articulation du bras autour de l’épaule. La maturation du fléchisseur du pouce permet, vers 2 ans, les premiers tracés morcelés et miniaturisés. L’apparition de courbes plus complexes vers 3-4 ans suppose un double mouvement de rotation, du bras autour de l’épaule et de la main autour du poignet. Elle conditionne la possibilité motrice de l’écriture. activité de graphisme

Vers 2 ans, l’activité graphique s’accompagne de verbalisations. En fait, la trace laissée par le crayon devient le but de l’activité graphique. Elle est interprétée par l’enfant comme symbolisant un objet. Le graphisme prend alors la forme d’idéogrammes qui schématisent les objets. Ceci grâce à diverses combinaisons de cercles et de segments de droite.

Vers 3 ou 4 ans, il s’enrichit d’arabesques. Il devient possible de distinguer un graphisme de dessins ou d’idéogrammes et un graphisme d’écriture. L’enfant est alors rapidement capable d’imiter des modèles. Ce que l’école va lui proposer régulièrement (reproduire des boucles, des spirales en série, avant l’écriture). Le contrôle de l’acte graphique, des formes et des trajectoires, l’utilisation correcte des outils d’écriture (stylos, marqueurs, crayons de qualité variable) prendront encore plusieurs années. Ils seront travaillés régulièrement durant l’école primaire. activité de graphisme

L’acquisition de l’écriture

Les approches cognitives du traitement de l’écrit considèrent généralement que des capacités cognitives similaires, liées à la structure de l’écrit, sont impliquées dans l’acquisition de la lecture et de l’écriture. Des capacités méta-phonologiques, compréhension orale, connaissance du code, capacités de la mémoire de travail, etc. Des travaux récents considèrent que la maîtrise de la lecture-écriture passe alors par une automatisation. On sait vraiment lire ou écrire lorsqu’on a automatisé les procédures nécessaires. En quelque sorte lorsqu’on le fait sans y penser. On analyse les dysfonctionnements en termes d’élaboration insuffisante d’une ou plusieurs de ces capacités de traitement de l’information. Cette insuffisance nécessiterait une charge cognitive ou un contrôle supplémentaire pour le sujet. Elle compromettrait l’automatisation, selon la théorie développée dans les années quatre-vingt-dix par Nicholson et Fawcett. activité de graphisme

On retrouve ainsi dans l’acquisition de l’écriture des étapes similaires à celles de la lecture. Et ce avec les premières traces d’un codage phonologique. Puis, l’écriture de mots à partir d’un codage syllabique, avant la prise en compte dans le graphisme des correspondances phonographiques. La maîtrise de l’orthographe prendra de nombreuses années. Il semble que bon nombre d’étudiants ont encore des difficultés en la matière, au vu de leurs copies d’examen.

D’autres facteurs peuvent contribuer également à la maîtrise de l’écrit, comme à celle de l’oral. Ils sont relatifs aux conditions sociales d’apprentissage, aux stimulations que l’enfant reçoit dans son milieu (famille, école). Donner des occasions d’écrire, le goût d’écrire, comme de lire, est l’affaire de l’école, mais pas seulement d’elle. activité de graphisme