Les conduites à risque en sport et le rôle de l’école
Les conduites à risque comme les conduites dopantes dans le domaine du sport sont multifactorielles et très complexes. La prise en compte de caractéristiques individuelles (psychologiques, sociales, sportives), mais également des influences sociales subies (milieu de pratique, famille, entraîneur, amis, société, etc.), est essentielle pour comprendre l’émergence de ces conduites et mettre en place des actions de prévention efficaces. L’école est un lieu propice pour la mise en place d’actions de prévention en lien avec les conduites à risque. Cette prévention à l’école peut se faire sur deux plans différents. Celui des acteurs du système scolaire (enseignants, personnels d’encadrement, etc.) et celui des élèves. Nous proposons, dans cet article, quelques pistes de réflexion quant à la mise en place d’actions de prévention.
La prévention des conduites à risque auprès des acteurs du système scolaire
La majorité des élèves pratiquent du sport. Ils sont donc exposés à ce genre de conduites. Il semble très important d’informer le personnel des établissements sur ces conduites. Et sur les facteurs associés à ces conduites afin qu’ils puissent les déceler au mieux chez l’élève. A travers l’analyse des conduites dopantes et des troubles alimentaires, on peut constater que les facteurs associés divergent d’une conduite à l’autre. Par exemple, les garçons sont davantage concernés par les conduites dopantes et les filles par les troubles alimentaires. Les filles ont tendance à prendre davantage sur elles et font de leur corps un lieu d’amortissement de leur souffrance. Alors que les garçons ont davantage des conduites de provocation, de défi, de transgression.
En fait, l’identification des facteurs associés aux conduites à risque met en exergue certains facteurs non modifiables (comme le genre). Par contre, d’autres sont modifiables, évolutifs. Et donc peuvent être susceptibles de faire l’objet d’actions spécifiques dans le cadre de prévention primaire. Les actions de prévention auprès des enseignants et du personnel d’encadrement en général devraient mettre l’accent sur ces facteurs modifiables comme l’estime de soi. La valorisation de l’élève par la responsabilisation, la différenciation, la variation des modes de regroupement. La valorisation de la coopération et l’encouragement des échanges entre les élèves sont autant de moyens que les enseignants ont avantage à mettre en place afin d’améliorer l’estime de soi chez les élèves.
Des caractéristiques spécifiques à certains sports (culture du dopage en cyclisme, norme de la minceur en danse). Certaines modalités de pratique (compétition, haut niveau de pratique) peuvent entraîner l’émergence de conduites déviantes comme le dopage. Les conduites dopantes sportives concernent davantage les enseignants d’éducation physique ou intervenants en sport. Il semble important d’accentuer les formations continues de ces acteurs dans ce sens.
La prévention des conduites dopantes auprès des élèves
Est-ce que l’école est un lieu propice pour mener ce genre de prévention ? Puisque les activités physiques pratiquées dans ce genre de troubles sont dans la majorité des cas des pratiques libres, non encadrées. Il est plus opportun de mettre en place des actions de prévention auprès de sportifs qui sont dans une logique de performance, d’un niveau de pratique plus élevé, comme dans les filières sport-études ou bien en dehors de l’école dans les clubs. Ces conduites à risque sont trop spécifiques à certains sports, à un niveau de pratique élevé, pour étendre la prévention à l’ensemble des élèves.
Mise à part la question du public cible, il est important de réfléchir à la manière de mettre en place ce genre de prévention. Pour les conduites dopantes en sport, le fait de faire de la prévention sur les effets secondaires des produits dopants a prouvé son efficacité. D’autres démarches ont montré une plus grande efficacité. Comme des discussions critiques autour du thème du dopage, des jeux de rôles.
Certains pensent que la prévention ne peut être efficace uniquement si elle provoque un niveau de peur suffisamment élevé. Ce en montrant des images choquantes, en utilisant des témoignages de personnes en souffrance à cause d’une conduite à risque. En fait, c’est le modèle choisi par la sécurité routière avec ses spots télévisés-chocs. Ce genre de prévention s’avère efficace dans certains contextes sportifs. Surtout lorsque le dopage fait partie de la culture de pratique et empêche ainsi les sportifs de constater les effets néfastes du dopage sur la santé. Comme c’est le cas dans le cyclisme de haut niveau. Les normes de pratique sportive étant très variées. L’efficacité des différents types d’actions peut diverger selon les sports, et selon les modalités de pratique.
En résumé…
L’école a un rôle à jouer dans la prévention des conduites à risque en sport amateur tant du côté des enseignants que de celui des élèves. Cependant, un certain nombre d’éléments sont à prendre en considération pour la mise en place d’actions efficaces. Il semble important de réserver la formation en lien avec les conduites à risques spécifiques à la pratique sportive (anorexie athlétique et dopage) aux intervenants et enseignants d’éducation physique. En revanche, les conduites à risques d’adolescents qui se manifestent dans la pratique sportive concernent l’ensemble des enseignants. Quels que soient le destinataire et la conduite à risque. La formation des enseignants doit être envisagée dans une double perspective. Elle doit à la fois informer les enseignants sur ces conduites et leurs facteurs associés. Mais aussi leur donner les moyens pour agir face à ces conduites et réduire leurs risques d’apparition.
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