Les enseignants n’ont à choisir ni les disciplines ni les horaires à consacrer. C’est l’affaire des ministres et leurs décisions s’imposent à tous. Ce cadre constituant un fonds commun qui concourt à garantir l’égalité face à l’éducation. En revanche, ils ont toujours eu le choix de leurs méthodes et démarches pédagogiques. Des formes nouvelles de souplesse introduites dans le fonctionnement de l’école ont encouragé l’initiative. En particulier avec la mise en place des projets d’école qui exigent des décisions prises au niveau de l’école. Et d’autres choix à effectuer. Toutefois, le développement erratique des recours aux intervenants extérieurs conduit aujourd’hui à dénoncer des excès, parfois des abus. Plusieurs professeurs expriment aujourd’hui la pleine coopération d’une collectivité ou de personnels externes à l’Education nationale, à la mise en œuvre des programmes obligatoires de l’école publique.
Vers une éducation plus ouverte, mais…
C’est pour une instruction plus complète, une éducation plus ouverte que l’on promeut l’appel à des compétences extérieures à l’école. Divers protocoles d’accords interministériels concrétisent cette coopération éducative. Du partenariat, l’école primaire fait un usage de plus en plus large et divers textes officiels y invitent, en précisant les règles : concertation, conformité aux règles et valeurs de l’école, qualité et professionnalisme des intervenants qui ne doivent pas se substituer aux enseignants.
Or, des constats répétés amènent à dire que souvent, dans le cadre des interventions régulières, dans les domaines artistiques et sportifs tout particulièrement, l’enseignant assume seulement des fonctions de surveillance et laisse à son collaborateur la charge de l’enseignement. Alors que celui-ci n’est que rarement formé pour cela. Les apports très rarement exploités ou préparés avec l’enseignent et l’évaluation quasiment toujours absente. C’est moins vrai quand il s’agit d’interventions ponctuelles comme, par exemple, celle d’un élu dans le cadre de l’éducation civique.
L’appel régulier à des tiers se justifie par une forme de « droit à l’incompétence » dans des champs disciplinaires dits spécialisés. Il n’y a pourtant rien dans ces domaines qui ne puisse être maîtrisé par un enseignant diplômé et formé. Il est grand temps de réconcilier les enseignants avec leurs compétences. Quitte à revoir la présentation de certains champs disciplinaires (le langage pratiqué étant souvent identifié comme celui de spécialistes). Et à mobiliser les conseillers pédagogiques spécialistes de ces disciplines sur des projets nettement pluridisciplinaires dans lesquels les enseignants puissent mieux exprimer leur identité de généralistes.
Inquiétudes face aux intervenants extérieurs, que faire ?
En fait, l’inspection générale de l’Éducation nationale s’inquiétait des intervenants extérieurs : qualité pédagogique douteuse, coût pour la collectivité, absence d’évaluation des apprentissages effectués par les élèves, risques de voir des associations d’obédiences variées. La situation ne s’est pas améliorée aujourd’hui.
Les enseignants et eux seuls sont responsables de ce qu’ils font pendant le temps scolaire. Ils répartissent les objectifs et les contenus d’enseignement définis au niveau national à l’intérieur d’un projet pédagogique de cycle. Ils évaluent les apprentissages et en rendent compte aux familles. S’il y a des déficits de compétences individuelles pour enseigner telle ou telle discipline, ils recourent, lorsque c’est possible, à des échanges de service au sein de l’équipe pédagogique. De cette manière, les élèves reçoivent tout l’enseignement prévu par les programmes.
En effet, On doit limiter ces échanges de service dans le temps scolaire hebdomadaire. Le texte présentant les programmes rappelle la limite antérieurement fixée à un maximum de trois heures au cycle des apprentissages fondamentaux et de six heures au cycle des approfondissements. Ils doivent aussi s’inscrire dans un réel travail d’équipe qui garantisse cohérence et continuité. Ils sont, à certains égards, une solution de facilité. Si cette condition de coopération non remplie, ils ne font qu’anticiper les inconvénients dénoncés au collège avec le morcellement des enseignements dispensés par des professeurs différents.
Pour conclure…
L’école dérive : ici ou là, le temps des apprentissages est érodé par le laxisme de l’organisation. Des disciplines sont abandonnées. Les adultes sont de plus en plus nombreux dans l’école. Ceci ne rend pas facile la structuration des repères et des savoirs. Le scolaire se dilue dans le social, voire le récréatif… À bien des égards, l’école mime les médias dans la juxtaposition, la discontinuité, le flux permanent des activités et la kyrielle des intervenants. Les enfants s’adaptent au zapping scolaire. Pour autant, sont-ils à bonne école ? Il y a lieu de redouter, dans ces conditions, que tous ceux qui ne trouvent pas dans leur entourage familial les conditions de soutien et de structuration des acquis se laissent pour compte.