La lecture est une source de plaisir à des degrés divers, selon qu’on en maîtrise plus ou moins bien la technique, selon l’âge, le goût, les modes, par des chemins multiples (distraction, évasion, recherche du beau, désir de connaissance…). Pour cela, le rôle de l’école face à la lecture est primordial. Parmi les missions de l’école face à la lecture, il y a certaines qui relèvent du bon sens, d’autres de l’analyse des actes de lecture, d’autres enfin de la stratégie la plus propre à justifier et motiver cet apprentissage.
Importance de la lecture
La lecture est un moyen de communication ; Recevoir une lettre, en prendre connaissance, c’est, de toute évidence, un acte de communication. L’écrit aura relié deux personnes ou plus. La lecture aura permis à cette communication d’être reçue. L’écriture permettra d’y répondre ou de prendre l’initiative de la communication. La lecture et l’écriture sont donc les deux faces d’une même activité de communication. La seconde est la face production, la première la face consommation. Toute personne ayant acquis et gardé l’usage de la lecture et de l’écriture a de fortes chances d’avoir été confrontée à cette évidence : la lecture, comme l’écriture, est un moyen de communication.
La lecture est un moyen d’information, de recherche de connaissance. L’écrit sert à conserver, à stocker les connaissances, les informations, les renseignements. Cette évidence traverse l’imprimé et le manuscrit, depuis la simple étiquette posée sur un produit jusqu’à l’ouvrage de recherche fondamentale. Chacun peut, au quotidien, en faire l’expérience.
La lecture est, dans une certaine mesure, un moyen d’expression. La lecture orale d’un texte permet à la fois au lecteur de rendre compte de l’expression de l’auteur et d’y ajouter sa propre part d’expression personnelle : l’interprétation. Les occasions sont : expression dramatique, lecture poétique, lecture d’histoires à des enfants… Si l’interprétation peut être considérée de façon incontestable comme une expression personnelle, il n’en demeure pas moins que la totalité des lecteurs adultes n’a que très rarement recours à cette propriété de la lecture.
Parmi les missions de l’école, faire trouver un sens
L’école est chargée de mettre en place la correspondance entre des signes écrits, des signes oraux et un sens. Tout parent d’élève sait qu’au cours préparatoire son enfant apprendre à lire. Cela signifie pour lui qu’il saura reconnaître des lettres, les associer et les transformer en sons. Chaque enseignant le sait aussi.
Mais, si de nombreux parents s’arrêtent à cette évidence, il faut bien remarquer que les missions de l’école en la matière sont plus complexes qu’il n’y paraît. Les enfants doivent aussi trouver un sens à ce qu’ils déchiffrent, ce qui ne se fait pas tout seul. Il leur faut, pour cela, accéder aux symboles, aux codes, à la correspondance entre un signe arbitraire et un concept, au désir de communiquer à travers l’écrit. Ce travail fait déjà partie des missions de l’école maternelle, ce que les parents ignorent souvent. Il se prolonge au-delà de la fin du cours préparatoire : d’où la notion de cycle préparatoire.
L’école doit entraîner les enfants à améliorer leurs techniques de lecture
A la fin du cours ou du cycle préparatoire, lorsqu’un enseignant estime qu’un élève sait lire, cela veut dire qu’il dispose d’une certaine capacité à reconnaître le sens d’un texte à travers une lecture silencieuse et à en effectuer une lecture orale. Ce savoir-lire contient de façon réduite toutes les caractéristiques de la lecture adulte. Il est toutefois évident que les textes sur lesquels portent ces lectures sont courts et simples. Que la vitesse de réalisation est encore faible. Que l’enfant est très peu autonome face aux écrits, habitué qu’il est le plus souvent à être guidé pas à pas par son enseignant.
Si, quelques années plus tard, au sortir de l’école, ses performances en vitesse, durée de lecture, aptitude à aller vers le texte et à en extraire des connaissances nouvelles ne sont pas plus importantes qu’à la fin du cycle préparatoire, il y a fort à craindre qu’il ne perde rapidement l’usage de la lecture et ce pour plusieurs raisons :
- La lecture lui demandant un effort considérable, il n’y trouvera aucun plaisir ;
- Sa lenteur risquera de lui faire perdre le fil des phrases longues ;
- La quantité d’informations qu’il recevra en un temps donné sera trop faible pour supplanter, ou égaler, le bouche-à-oreille ou l’audio-visuel ; L’école a donc à se préoccuper de l’amélioration des performances, ce qui ne se fait pas simplement en donnant des textes à lire, mais nécessite la mise en place d’exercices spécifiques d’entraînement.
L’école doit apprendre à l’enfant à lire dans des situations et sur des supports divers
Chacun sait que certains adultes lecteurs peuvent être mis en difficulté par la forme, la place ou l’usage d’un écrit. Bien des formulaires officiels nous donnent des allergies d’illettrés, les situations de lecture liées à la nécessité de s’orienter dans telle salle de correspondance d’une grande station de métro sont loin de nous mettre à l’aise. Tel très bon lecteur de romans se met en échec devant une simple bande dessinée. En fait, tout cela pose le problème plus général des transferts d’apprentissage. Telle compétence acquise dans telle situation est-elle réutilisable dans une situation différente ? Bien des exemples montrent que ce n’est pas toujours le cas. A partir de ce constat, il va de soi que l’école se doit de faire varier les supports et les situations de recours à la lecture. Le transfert d’apprentissage d’une situation à l’autre devenant un objectif en soi, non un vague espoir.
Pour conclure…
Enfin, l’école doit faire vivre aux enfants la lecture telle qu’elle se présentera pour eux après apprentissage. L’essentiel de la justification d’un apprentissage réside dans l’usage que l’on pourra faire des nouvelles capacités acquises. Nous retrouverons ce principe dans chaque schéma directeur. Un apprentissage scolaire n’a de sens que par l’utilisation que chacun pourra en faire, passée la période de formation. Il est donc souhaitable que les enfants découvrent au plus tôt ce qu’ils pourront retirer de leur savoir lire afin d’avoir envie d’en user. De ce fait, ils comprendront mieux la finalité de l’apprentissage.
La présentation grandeur nature de la lecture apparaît alors comme une des missions de l’école. Elle consiste en fait à organiser des situations d’usage de la lecture; en tant que source de plaisir, moyen de communication, moyen d’information et moyen d’expression. Au total, l’école se charge donc de sept missions face à la lecture. Quatre définies par ses effets, une liée aux situations et supports, les deux autres à l’apprentissage des techniques.
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