Pédagogie

Les moments de lecture en classe

Les deux grands types qui définissent l’ensemble des vrais situations de lecture et sans lesquels l’apprentissage n’aboutira pas sont la situation de projet extérieur à soi et la situation de projet personnel. L’enseignant va donc prévoir des moments de lecture orientés vers la réalisation de projets sociaux, scolaires ou non scolaires, comme par exemple :

  • Les lectures de consignes vers des réalisations diverses, confection de plats à déguster en classe, fabrication de masques, de jeux divers, de montages ludiques ou scientifiques, règles de jeux, consignes d’exercices, instructions pour l’élevage d’animaux, culture de fleurs ou de légumes…
  • Les lectures d’informations scolaires ou non scolaires, leçons à apprendre, textes au programme à travailler, lecture du dictionnaire, ou de documents divers, en vue de résoudre des problèmes rencontrés, recherches dans un horaire de chemins de fer ou d’avions…
lecture adolescente

Tirer profit des moments de lecture pour soi

L’enseignant doit prévoir aussi des moments pour soi, détente à la fois intellectuelle, mais aussi corporelle, affective, sensuelle. Pour la jubilation de la manipulation libre des objets de lecture, pour le plaisir de toucher, respirer. Pour le plaisir de comprendre ce qu’on veut, de se laisser porter par le rêve, d’aimer ou de ne pas aimer. Sans avoir de comptes à rendre, ni de fiches à rédiger. Il est important de souligner que ces moments sont à la fois indispensables et tout à fait en dehors du contrôle scolaire. Si l’enseignant veut les contrôler, ce ne sont plus dos moments de lecture pour soi.

Mais comment tirer parti de ces moments pour l’apprentissage ? Simplement par les analyses et les confrontations qui suivront. Quelles différences entre les moments où on lit pour le plaisir et ceux où on lit par nécessité ? Est-ce que les choses se passent de la même manière ? Aider les enfants à s’approprier par la réflexion la spécificité de chacune des situations de lecture, à repérer les variables qui entrent en jeu. Différences dans les objets matériels, différences dans les formulations, différences dans les postures, les conduites etc. C’est cela, apprendre à lire en lisant.

Le travail autour des situations

moments de lecture

Certes, ce n’est pas la situation qui fait apprendre à lire. Encore moins la surveillance de l’enseignant. C’est tout le travail autour des situations ou moments de lecture et, d’abord, le fait d’en parler, de les comparer, de les analyser, de chercher à les caractériser, les classer…

Un tel travail peut et doit apparaître dès les premières années de la scolarité, dès la section des petits de l’école maternelle. Bien sûr, il n’ira pas très loin à cet âge. Mais cela importe peu. L’essentiel est que l’enfant en prenne l’habitude. Et qu’il s’essaye à faire des choses qu’il ne sait pas bien faire. C’est pour lui le seul moyen de devenir capable de le faire.

L’enseignant doit prévoir des moments de lecture dont l’objet, sans être ouvertement ni fonctionnel, ni de plaisir personnel, est, en fait, une sorte d’entraînement à l’ouverture d’esprit. Car la curiosité est une condition impérative de formation culturelle. On sait bien qu’elle doit se cultiver pour exister. Ici pas de dons à attendre, mais du travail. La culture est l’art de s’intéresser à ce qui ne vous regarde pas. Il n’est pas évident que la composition du sucre, l’histoire du Bénin, me concernent directement. Si je suis capable de m’y intéresser, c’est parce que je sais que ça m’est nécessaire. Mais, je ne peux le découvrir qu’après avoir essayé.

C’est tout le problème de la lecture. Il faut lire avant de savoir si ça va être intéressant, il faut lire pour le savoir. Si on laisse l’enfant trop longtemps vivre dans ses intérêts immédiats, on risque fort d’atrophier son appétit culturel. C’est-à-dire sa capacité à construire des besoins de savoir. Nous pensons que cet appétit doit être stimulé dès le plus jeune âge, dès l’école maternelle, mais aussi avant, à la maison.

En résumé…

Il paraît donc souhaitable que l’enseignant prévoit des moments de lecture ou apporte fréquemment des choses à lire sans utilité immédiate apparente. Et dont l’exploration va déclencher des découvertes, des intérêts nouveaux, des formes différentes de plaisir. Déclencher, chez tous les enfants, une boulimie de savoir, de lecture, de curiosité. C’est à mon sens, le premier objectif d’un acte éducatif. Bien sûr, on est loin de la réserve qu’il était de bon ton de développer chez les enfants dits « bien élevés ». Le savoir est subversif, on le sait depuis la nuit des temps. Mais si la réserve et la discrétion sont des vertus, elles ne peuvent l’être qu’avec la connaissance et la curiosité. Etre discret, c’est savoir gérer sa curiosité, ce n’est pas n’en avoir pas ! Il s’agit donc, d’abord de susciter la curiosité, on apprendra à la gérer après.

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