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Les objectifs langagiers et disciplinaires association ou dissociation

L’enseignant qui décide d’enseigner l’oral se retrouve-t-il dans la situation d’intégrer une nouvelle discipline à son enseignement ? Il est malaise de répondre oui, tant la pratique de l’oral est indissociable de l’ensemble des disciplines. De plus, cette réponse risquerait de pousser l’enseignant à mettre en place des situations ou des moments de langage dans son emploi du temps, pour atteindre des objectifs langagiers conformément aux instructions officielles.

objectif langagier oral

L’oral s’enseigne…

En réalité, l’enseignant se retrouve plutôt amené à repenser les disciplines enseignées dans la perspective de favoriser et d’utiliser la pratique orale de la langue. En ce qui concerne la répartition hebdomadaire, il peut être conduit à consacrer une partie de l’enseignement du français à la rubrique «pratique orale de la langue » s’il instaure un lieu de parole, tel que le conseil ou des situations de coopération verbale en atelier ou encore des moments de libre parole.

Cependant, discuter entre copains ou régler des problèmes de vie de classe n’est qu’une partie apparente de l’oral. L’oral s’enseigne et donc, sa maîtrise n’est pas sans lien avec la capacité à construire des concepts et des savoir-faire. Pourquoi, dès lors, se priver de faire d’une pierre deux coups? C’est-à-dire de profiter de l’enseignement d’une discipline scolaire pour travailler l’oral qui sera au service de la discipline ? D’une manière générale, l’enseignant peut privilégier des situations mettant en œuvre la pratique de l’oral ; parce qu’il les juge plus propices pour la construction de savoirs et pour l’autonomie de l’enfant par rapport à sa propre réflexion. La mise en mots joue alors comme une mise à distance par l’enfant de sa propre réflexion. Ce qui n’était que personnel peut prendre, grâce à l’interaction des pairs et à l’étayage de l’enseignant ; un statut différent qui le place au plan de la connaissance.

Les objectifs langagiers au service des savoirs disciplinaires

Il n’en reste pas moins que l’enseignement de l’oral suppose préparation et évaluation. Il ne suffit pas d’inviter les enfants à parler lors d’une séquence de géométrie ou d’histoire pour être sûr d’atteindre un objectif en matière de compétence langagière. Les places respectives de la discipline et de la maîtrise de la langue sont à clarifier pour chaque situation d’apprentissage.

Dans un premier type de situations, les objectifs langagiers sont au service de la construction de savoirs disciplinaires. L’enfant est mis en situation de parler au cours de l’accomplissement de sa tâche (émettre des hypothèses, commenter un schéma…), parce que l’enseignant juge que c’est la meilleure façon d’acquérir la notion ou le savoir-faire.

Dans un second type de situations, les objectifs langagiers sont prioritaires et prennent le pas provisoirement sur les savoirs ou savoir-faire disciplinaires. L’enseignant peut repérer par exemple que telle conduite communicative est à travailler particulièrement pour répondre aux besoins de la discipline. Mais aussi pour construire la compétence langagière. Ou bien encore, l’enseignant peut se fixer un projet d’enseignement sur l’année dans le domaine de l’oral. Et prendre des séquences de travail disciplinaire pour support de la construction de savoirs dans ce domaine. Des situations en marge aussi des nécessités disciplinaires, décrochées du projet d’enseignement disciplinaire, peuvent prendre place dans la classe.

objectifs langagiers

Exemple d’une situation scientifique

Dans une démarche scientifique, les élèves sont invités à proposer leurs représentations initiales concernant un organe étudié. Dans un premier temps, ils mobilisent donc individuellement par le dessin leur savoir au plan cognitif. Et dans un second temps, ils sont amenés à verbaliser ces représentations, en explicitant, en commentant leur dessin. Ce moment langagier permet aux différences de se manifester. Et au conflit sociocognitif de se mettre en place grâce aux interventions de l’enseignant. En effet, celui-ci renvoie à la classe la tâche de validation des représentations. Il suscite et enrichit la discussion pour atteindre des objectifs langagiers.

Certes, le débat, outre son utilité au plan cognitif, permet surtout de mettre en place une situation riche au plan langagier. Les élèves doivent exposer leur représentation; argumenter en invoquant leur savoir expérimental, scolaire ou documentaire; défendre leur idée en réfutant les idées différentes. La discussion, grâce à l’enseignant, doit permettre des avancées dans le savoir disciplinaire et dans les objectifs langagiers des élèves. La situation permet aussi de se rendre compte de la capacité à produire les discours visés chez les élèves. En effet, le dispositif donne la possibilité aux élèves de s’exprimer assez longuement pour justifier leurs propos ou exposer leurs points de vue. C’est donc une bonne situation pour exercer son écoute de l’autre, avant d’intervenir à son tour.

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