Pédagogie

Les obstacles cognitifs et méthodologiques du processus d’apprentissage

Précisons d’abord le sens que nous donnons ici au mot obstacle. Un obstacle c’est ce qui s’oppose au passage, gêne le mouvement, ralentit, freine ou rend plus difficile la marche en avant (aux sens propre et figuré).

Un obstacle cognitif c’est donc une entrave, une gêne pour la cognition. C’est quelque chose qui ralentit la construction de la connaissance. Ainsi, lorsqu’un enfant est en difficulté dans un apprentissage scolaire, une des causes possibles est la présence d’un obstacle cognitif. Toute la question est alors de déterminer la nature cognitive exacte de cet obstacle. L’adjectif « cognitif » n’est nullement univoque. Les obstacles, dits cognitifs parce que tous intéressent la cognition, peuvent avoir à l’intérieur de ce champ des causes multiples. Nous distinguerons tout au long de cet article entre les obstacles épistémologiques et les obstacles méthodologiques. Ces derniers comprennent deux grands ensembles : les obstacles pédagogiques et les obstacles didactiques.

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En ce qui concerne les obstacles épistémologiques

L’épistémologie selon LALANDE étudie la connaissance en détail et à posteriori. Un obstacle épistémologique est une entrave au développement de la connaissance, scientifique bien sûr, et non pas commune. Le concept d’obstacle en général, et celui d’obstacle épistémologique en particulier, n’a de sens que dans la perspective d’un développement discontinu du processus d’apprentissage.

Les obstacles épistémologiques sont naturels, inhérents à la complexité du réel. Ils sont le résultat soit de la complexité propre d’une connaissance donnée, soit d’une croyance fausse, d’une conception erronée de l’apprenant qu’il ne parvient pas à dépasser et qui l’empêche de poursuivre valablement l’apprentissage ou qui risque d’être un handicap ultérieurement pour lui. Ainsi, un obstacle épistémologique est plus qu’une simple cause parmi celles pouvant engendrer une difficulté cognitive. Il est en soi un problème cognitif. Souvent un passage obligé représentationnel pour l’apprenant qui doit, pour atteindre cet objectif, bousculer des représentations et des habitudes cognitives établies et restructurer des savoirs jusque-là assurés. C’est donc d’un véritable deuil conceptuel qu’il s’agit. Forcément générateur d’inquiétude et se manifestant souvent par un plus ou moins net fléchissement de l’efficacité cognitive.

Une remarque encore sur la notion d’obstacle épistémologique. Si une connaissance scientifique vient en remplacer une autre, si elle s’établit à la place d’une autre, alors l’apprenant ne franchit pas un obstacle épistémologique mais, plus précisément, le vainc car celui-ci ne se trouve pas derrière mais devant lui…à moins que l’obstacle ne soit finalement la conjugaison des deux: l’ancienne et la nouvelle croyances, qu’il soit à la fois devant parce que c’est la nouveauté qui interpelle et qu’on ne parvient pas à l’accepter…et derrière parce que, même une fois vaincue, la difficulté resurgit, parce que la croyance ancienne brusquement renaît, créant à nouveau une perturbation cognitive.

Quand un obstacle peut-il être considéré comme méthodologique ?

Si toutes les difficultés que nous tentons d’inventorier sont cognitives, si toutes prennent l’aspect d’un dysfonctionnement du système « apprendre », si nombre d’entre elles ont pour origine une difficulté liée à la connaissance en cours d’acquisition, pour autant les obstacles qui peuvent en être les causes ne sont pas toujours d’origine strictement cognitive. Ils peuvent être aussi des obstacles méthodologiques et résulter d’erreurs de méthodologie dues soit à l’apprenant, soit à l’enseignant. Erreurs de méthodologie cela veut dire :

  • pour l’apprenant: des erreurs dans la gestion personnelle de l’apprentissage. Par exemple la démarche choisie est inappropriée, les connaissances nécessaires insuffisamment maîtrisées, les matériaux et outils cognitifs employés inadaptés…
  • pour le formateur : des erreurs dans la conduite de l’apprentissage, dans l’aide au dépassement des obstacles rencontrés, dans l’explication des difficultés manifestées, dans le diagnostic sur leur origine. Erreurs aussi dans le choix et la mise en œuvre des remédiations qui renvoient à la maîtrise par l’enseignant des contenus enseignés, discipline par discipline, c’est-à-dire aux didactiques.

Les erreurs méthodologiques concernent donc deux domaines principaux. En premier lieu, celui de la conduite de l’apprentissage ou méthodologie de l’apprentissage qui concerne, individuellement et interactivement à la fois, l’apprenant et le formateur, et qui relève de deux champs scientifiques principaux d’explication et d’intervention à savoir la psychologie et la pédagogie. En second lieu, les erreurs méthodologiques concernent le domaine de l’organisation et de la gestion internes des savoirs enseignés dans un champ disciplinaire précis. Organisation et gestion se définissant en fonction d’une certaine logique interne qui ne peut être improvisée et que doit maîtriser suffisamment le formateur. C’est la dimension didactique.

Un obstacle méthodologique est donc essentiellement une organisation inappropriée de l’environnement pédagogique et/ou didactique à laquelle peut s’ajouter parfois une erreur relevant de la psychologie de l’apprentissage.

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Obstacles pédagogiques, obstacles didactiques

Un obstacle pédagogique se différencie d’un obstacle didactique en ce qu’il concerne principalement les conditions matérielles et psychologiques de conduite de l’apprentissage : la démarche mise en œuvre, le type de situation d’apprentissage choisi, les activités prévues, les modes de groupement des élèves…bref, la méthodologie suivie.

Un obstacle didactique renvoie à une discipline ou à un faisceau de disciplines à l’école élémentaire. II découle d’une erreur provenant soit d’un mauvais choix didactique, soit d’une connaissance insuffisante de la didactique concernée. Cela peut être : une erreur de programmation, un enchaînement inapproprié des notions à l’étude, une erreur de présentation conceptuelle, une sous-estimation de la difficulté conceptuelle d’une notion précise pour certains élèves, en fonction par exemple de leurs acquis antérieurs…

Il est incontestable que la nuance est faible. L’écart méthodologique est étroit entre un obstacle pédagogique et un obstacle didactique surtout à l’école élémentaire. En effet, même si l’on différencie comme nous le faisons la démarche d’apprentissage des contenus, on ne peut nier pour autant que les ponts entre les deux sont nombreux au point même que pour nombre d’enseignants, contenus d’un apprentissage donné et démarche sont pratiquement liés. C’est selon nous une confusion aux répercussions souvent dommageables pour l’apprentissage. Il est indispensable, en effet, à l’école élémentaire de donner aux différentes didactiques toute l’importance qu’aujourd’hui on leur reconnaît sans pour autant négliger et sous-estimer les exigences organisationnelles et les connaissances psychologiques sur les processus d’apprentissage et les enfants apprenants qui relèvent, elles, de la pédagogie.

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