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Les prédicteurs de réussite dans l’apprentissage de la lecture

Sans doute, l’apprentissage de la lecture commence bien avant l’entrée en CP; par la pratique du langage oral et par l’exposition aux mots écrits. Les enfants pré- lecteurs sont sensibles aux caractéristiques structurales des mots qu’ils entendent; et qu’ils voient et acquièrent à leur insu des connaissances alphabétiques, phonologiques, orthographiques et morphologiques qu’ils appliquent automatiquement. Autrement dit, sans accéder à un contrôle conscient des traitements linguistiques qu’ils opèrent. Cette sensibilité précoce à la structure du mot oral et écrit semble bien constituer le point d’ancrage des acquisitions ultérieures en langage écrit. La question qui se pose est celle du poids respectif de ces connaissances dans l’apprentissage de la lecture. De nombreuses études longitudinales ont eu pour objet d’identifier les principaux prédicteurs de réussite en lecture en suivant les enfants de l’école maternelle jusqu’aux premières années d’école élémentaire.

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Principaux prédicteurs de réussite

Une méta-analyse réalisée par Scarborough indique que les principaux prédicteurs de la lecture sont les connaissances des lettres; identification des lettres et connaissance du nom et du son de la lettre; les capacités d’analyse phonologique et la mémoire (mémoire verbale de chiffres et de mots, mémoire de phrases, rappel d’histoires).

En fait, les prédicteurs les plus puissants de l’apprentissage de la lecture sont :

  • le niveau de connaissance des lettres ;
  • les capacités d’analyse phonémique ;
  • la capacité de mémoire phonologique à court terme, dont le poids est inférieur à celui des capacités d’analyse phonémique ;
  • les capacités de dénomination rapide, qui semblent liées au niveau de lecture uniquement pour les lecteurs les plus faibles. Mais non pour les bons lecteurs ou pour ceux qui ont un léger déficit en lecture.

Ces prédicteurs de réussite permettent donc de repérer de manière fiable dès l’école maternelle les enfants à risque de difficultés pour l’apprentissage de la lecture. Certains travaux rapportent un poids faible mais significatif des connaissances morphologiques sur l’apprentissage de la lecture. En comparaison, le poids des habiletés non verbales, tout comme celui des facteurs socioculturels, est moindre. Elbro et Scarborough (2003) remarquent que le milieu socioculturel est moins fortement relié au futur niveau de lecture que les habiletés linguistiques.

Repérage de potentielles difficultés

Certes, la recherche a clairement permis d’identifier les principaux prédicteurs précoces de la lecture. Mais, on trouve en France encore peu d’études à grande échelle permettant de fournir une analyse des difficultés des enfants d’âge préscolaires. Or, l’examen du niveau de compétences précoces liées à l’apprentissage de la lecture chez de jeunes enfants permet la mise en place d’actions de prévention; pour réduire les difficultés d’apprentissage de la lecture. Dans cette perspective, Écalle, Labat, Thierry et Magnan (2020) présentent les résultats d’une enquête; issue auprès de plus de 15 000 enfants de moyenne section de maternelle. Le but était d’établir la prévalence des enfants présentant des difficultés significatives dans ces compétences précoces. Et d’analyser l’impact de certains facteurs environnementaux sur ces compétences. Compte tenu du jeune âge de la population, trois prédicteurs précoces et puissants identifiés par Hatcher, Hulme et Snowling (2004) ont été retenus :

  • la connaissance du nom des lettres ;
  • la conscience phonologique
  • et le vocabulaire.
prédicteurs de réussite

En outre, des analyses complémentaires (Écalle, Thierry et Magnan, 2020) ont permis de montrer que ces trois domaines contribuaient à une variable latente unique; la littératie précoce. Ces mesures de littératie précoce permettent un repérage rapide des enfants pouvant présenter des difficultés ultérieures d’apprentissage de la lecture. Un faible niveau de compétences dans ces trois tâches peut être considéré alors comme un facteur de risque de développer des difficultés d’apprentissage de la lecture.

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