Les réactions d’approche et d’évitement en pédagogie
Pour pouvoir atteindre son objectif pédagogique, l’enseignant doit, tout d’abord, savoir reconnaître les réactions d’approche. Celles-ci consistent, en pédagogie, en un mouvement vers un sujet (activité, objet, situation) à propos duquel on désire établir les tendances qu’il révèle. Ce sont des comportements qui résultent du contact avec le sujet étudié ou d’un rapprochement avec lui. Ou encore, l’attitude observée qui incite à conclure qu’un rapprochement serait probable dans des circonstances appropriées. La réaction d’évitement est le contraire de tout çà.
Connaître différents comportements qui relèvent des réactions d’approche
Observons par exemple un passionné de football. Vous reconnaîtrez volontiers que ce dernier a de fortes réactions d’approche pour tout ce qui touche le football. Qu’est-ce qui dénote son amour pour ce sport ? Que fait-il pour que vous puissiez conclure : « C’est un passionné du ballon rond ? » Supposons que vous le suiviez pendant huit jours, et que vous inscriviez sur un carnet tous les détails qui démontrent son goût pour le football. A la fin de la semaine, vous aurez sans doute écrit : parle sans cesse de football, quand il s’est absenté mardi et jeudi pour aller voir des championnats. Vous serez stupéfait du nombre de réactions d’approche, une fois que vous vous y intéresserez.
Cherchons maintenant des réactions dans un domaine plus proche de l’éducation. Voici par exemple un jeune homme qui, depuis six mois, suit les cours de biologie à l’université. Son professeur est en général considéré comme « enthousiaste », « stimulant » et « bon professeur ». Mais, pour le moment, ce n’est pas le comportement de l’enseignant qui vous intéresse, c’est celui de l’étudiant. Ou, plus exactement, comment deviner l’attitude future de ce dernier envers la biologie. Les individus fortement attirés par un sujet en parlent beaucoup, encouragent les autres à s’y intéresser, lisent et achètent des livres s’y rapportant, assistent à des conférences, publient des études et choisissent des carrières s’y rapportant. Les étudiants fortement intéressés par une matière s’efforcent d’assister à des cours supplémentaires et y consacrent tout leur temps d’étude.
Discerner la différence entre une réaction d’approche et son interprétation
Ainsi, nous pouvons dire qu’en général les personnes ayant de fortes réactions d’approche pour un sujet donné ne cessent de faire de nouvelles expériences dans le même domaine. Ils les préfèrent à toute autre expérience désirable. Plus ils sont attirés par un matière, plus ils surmonteront d’obstacles pour l’aborder et ne pas la lâcher.
Une réaction d’approche peut être simulée ou imposée. Une personne se déclarera intéressée par un sujet, ou l’approfondira, dans certaines circonstances et non dans d’autres. Si vous en êtes conscients, alors tout ira bien. Il est important de pouvoir discerner la différence entre une réaction d’approche et son interprétation. Trouvez d’abord les réponses, évaluez-les ensuite.
La confiance que vous pouvez accorder à des réactions d’approche dépend de ce que vous savez des circonstances qui ont entouré ces réactions. Vous ne pouvez tenir compte de celles qui se manifestent lorsque l’individu réagit à des stimuli autres que ceux à évaluer. Nous pouvons comparer cela à la façon dont vous apprécieriez les réponses à une interrogation écrite dans une matière donnée.
Essayer d’éviter des sujets
Certes, il y a aussi les sujets que les gens essaient d’éviter. Si nous pouvons déterminer les réactions nous permettant de conclure qu’une personne est attirée par un sujet, nous devrions donc être capables de déterminer les réactions indiquant qu’une personne évite un sujet.
Qu’est-ce qui permettrait de conclure à une tendance à l’évitement envers une matière scolaire ? Certaines personnes qui n’aiment pas tel sujet ou telle activité en parlent de façon défavorable. Par là, elles incitent les autres à prendre une attitude d’évitement. Certaines font beaucoup d’efforts pour décourager leurs interlocuteurs de tenter une expérience quelconque dans un certain domaine, de s’inscrire à un cours, d’écouter une discussion ou de participer à des activités s’y rapportant.
S’ils ont le choix, les gens préfèrent aborder un autre sujet que celui qui provoque leur tendance à l’évitement. Ils feront divers efforts pour l’éviter. Ils n’achèteront aucun ouvrage sur ce sujet. Ou encore ils ne feront pas partie de clubs qui s’en occupent et ils ne chercheront pas à en discuter. S’ils ont à l’affronter, ils auront tendance à changer la conversation, à s’écarter du stimulus, à trouver une excuse pour éviter le sujet ou pour l’abandonner au plus vite.
Mais voici, dans le domaine de l’enseignement, souvent des gens qui expriment la conviction d’être incapables d’apprendre telle ou telle matière, et manifestent l’intention de s’en occuper, dans l’avenir, aussi peu que possible. Ce genre de comportement une fois acquis est pratiquement irréversible. Plus l’étudiant refuse de se mettre à cette matière, moins il a l’occasion de changer ses tendances à l’évitement en tendances à l’approche.
Tout enseignement produisant des tendances à l’évitement envers un sujet peut causer plus de tort que de bien à l’élève
Les bonnes intentions ne suffisent pas. Ceci fut démontré de façon éclatante par une analyse des réactions d’approche et d’évitement effectuée récemment par une enseignante de mathématiques. Cette dame avait de fortes motivations pour susciter l’enthousiasme et le goût pour les mathématiques chez ses élèves. Elle aimait ce qu’elle enseignait et désirait partager avec eux son intérêt pour cette matière. Elle était courtoise envers son auditoire, en respectait les questions et restait toujours disponible pour y répondre.
Toutefois, malgré ses intentions et son succès initial, elle parvient à réduire l’intérêt pour les mathématiques de la moitié de ses élèves. Comment? Qu’avait-elle fait pour diminuer les réactions d’approche envers le sujet étudié? Nous sommes ici en présence d’un exemple classique de gaspillage d’énergie. Sans s’en rendre compte, elle avait consacré une grande partie de ses classes à présenter un cours d’un niveau trop élevé pour être suivi par les étudiants. Son enthousiasme l’avait portée à enseigner presque tout ce qu’elle savait des mathématiques… Ceci dépassait de beaucoup ce que pouvaient absorber les élèves, quel que fût leur désir d’y arriver. Certains d’entre eux conclurent qu’ils ne pourraient jamais comprendre les mathématiques, et perdirent tout intérêt.
Trois méthodes pour détecter les réactions d’approche et d’évitement
Les trois méthodes ci-dessous vous permettront d’améliorer vos capacités pour détecter les réactions d’approche et d’évitement:
- Pensez aux sympathies et antipathies d’un de vos amis; réfléchissez ensuite à ce qu’il fait ou dit qui vous permette de faire un tel classement.
- Quand quelqu’un commente devant vous les goûts, aversions et attitudes d’une autre personne, demandez-lui ce que dit ou fait cette personne qui lui permet de formuler ces conclusions.
- Si vous êtes un enseignant, ayez toujours en poche un carnet sur lequel vous noterez chaque évènement vous conduisant à penser qu’un élève est, ou n’est pas, favorablement disposé envers une matière (par exemple: ne fait jamais ses devoirs, dort en classe, ne fait pas attention, a toujours le manuel du cours, parle sans cesse de cette matière, est si absorbé qu’il n’entend pas quand on l’appelle).
Les réactions d’approche ou d’évitement constituent la matière brute à partir de laquelle nous prévoyons le comportement futur. Ce sont des preuves par présomption qui nous permettent d’énoncer les tendances. Certes, la qualité de ces énoncés dépend de celle de nos preuves mais il n’en reste pas moins qu’il existe des signes tangibles grâce auxquels il est possible de dresser des états valables des attitudes. Il n’est pas nécessaire de nous en remettre à notre foi ou à notre intuition pour réaliser notre objectif principal. Nous pouvons agir pour développer et renforcer les tendances à l’approche envers la matière de notre enseignement, et nous rendre compte si nous y sommes parvenus.
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