Education

Ordre ou désordre en classe lequel choisir

Commençons cet article par ce que dit Jean Basile : « l’avantage du désordre c’est qu’il se transforme en ordre, tôt ou tard ». Presque aucune école n’échappe à la règle : une idéologie de l’ordre qui domine les réflexions et les réactions chez la plupart des acteurs de l’école. C’est une institution qui reste profondément conservatrice avec une vision de l’action pédagogique très vieillie et obsolète manquant de base et de cadre culturels dans la société. Nous ajouterons que l’école est en panne d’idéologies centrées sur le bien-être de la personne. L’école reste un système pyramidal où les décisions descendent vers la base sans concertation. Ce système est de moins en moins adapté au public qui fréquente les établissements scolaires. Nous essayons dans cet article de répondre à la question : « Ordre ou désordre en classe ou en école d’une façon générale, lequel choisir ? »

Ordre ou désordre, relation avec la violence

Si nous nous en tenions à une approche traditionnelle; la violence symbolique qu’elle engendrerait dans la classe serait un puissant moteur de violence. En effet, selon Durkheim, toute l’éducation consiste dans un effort continu pour imposer à l’enfant des manières de voir; de sentir et d’agir auxquelles il ne serait pas spontanément arrivé. Durkheim insiste sur la passivité de l’enfant ainsi que sur l’autorité de l’enseignant.

Dans de nombreuses écoles, nous avons fréquemment à gérer des situations de désordre. C’est dans ce domaine qu’un changement idéologique s’impose. La gestion du désordre est nécessaire à la proclamation de l’ordre. L’enjeu de ce bouleversement est d’amener les acteurs à comprendre que le désordre ne constitue pas toujours un frein à l’évolution sociale et psychologique d’un apprenant. Pingeon le confirme en prétendant que les spécialistes ont mis beaucoup trop d’acharnement à voir dans le désordre une menace pour l’ordre. Alors qu’il en est à la fois fondateur et conservateur.

Travailler avec des apprenants violents sans modifier; par nos réflexions, nos pensées et nos actes, les structures paradigmatiques constituantes de notre personnalité constitue une erreur ; et donc, une faute conduisant au parti de la seule répression aveugle. A l’image de notre dualité amour-haine constitutive de notre personnalité; il nous faut donc en tant qu’éducateurs, conscientiser et appliquer le couple ordre-désordre. La Vérité humaine comporte l’erreur. L’ordre humain comporte le désordre. C’est l’ordre humain qui se déploie sous le signe du désordre.

ordre ou désordre

Paradigme de l’ordre et Pédagogie

Quelques exemples nous montrent que de nombreux professeurs ou responsables pédagogiques refusent de mettre en place des méthodologies basées sur l’expression :

  • le refus de méthodes telles que : jeux de rôles, travaux de groupe… ;
  • refus de tout déplacement dans la classe ;
  • le refus de l’auto-évaluation des élèves ;
  • la peur ou l’incapacité de jouer et d’animer sa classe ;
  • le refus du changement de cadre, de lieu pédagogique.

Et pourtant, c’est à travers ce désordre que certains de nos élèves pourront construire des modèles structurant leur personnalité. L’enjeu est de taille. Il consiste en une opposition entre la répression au nom de l’ordre et/ou l’intégration à partir du désordre. Le centre de cet enjeu reste et restera toujours le sacré. Nous nous bornerons à signaler qu’éduquer au sacré, ce n’est pas enseigner le sacré, c’est lui enseigner son véritable objet respectant ainsi la règle des sciences humaines : les enfants font ce que nous faisons et pas ce que nous disons.

L’ordre catalyseur de chahut

Nous pensons que le chahut qui, par définition, empêche de manière quasi permanente, la communication dans la classe, constitue en fait un ensemble de communications d’une grande richesse pour l’équipe pédagogique chargée d’établir des solutions intégratives. Les écoles qui se paient encore le luxe de considérer le chahut comme un tabou ou comme d’une cause venant exclusivement de l’enseignant devraient réagir préventivement face surtout aux chahuts endémiques. En effet, ces derniers existant de plus en plus dès la maternelle ne peuvent être correctement gérés que si tous les acteurs du microsystème travaillent en parfaite collaboration.

En fait, une direction qui propose aux enseignants d’expliquer leur chahut afin de trouver des solutions peut très vite canaliser les violences. Celle qui culpabilise va amplifier la violence institutionnelle. Plusieurs exemples résument l’attitude de violence institutionnelle de l’école à l’égard des élèves. Menacer en utilisant des symboles, c’est pratiquer une politique de déshumanisation. Supprimer les symboles aussi d’ailleurs. Les jeunes ont besoin de valeurs, de sacré et de symboles mais ils supporteront de moins en moins qu’on les leur impose.

ordre en ecole

Ordre ou désordre, conclusions possibles

Suite à une réflexion entre la réalité et l’ordre, trois réponses sont possibles :

  • Le chaos, la confusion : il n’existe aucun ordre dans notre réalité et donc tout est confus et chaotique. Notre vie est alors un cauchemar psychotique.
  • La compensation : nous compensons notre état existentiel de désinformation en inventant un ordre. Nous oublions que nous l’avons inventé et nous le ressentons comme quelque chose qui se trouve autour de nous et que nous appelons « réalité ».
  • La dépendance : il existe en fait un ordre indépendant de nous, organisé par une instance, une entité dont nous dépendons. L’homme se retrouve tête en l’air, obéissant à cet ordre.

Forts de cette théorie, nous avons essayé de la transposer à nos jeunes. Certains d’entre eux, il est vrai, vivent dans un univers très psychotique. Il devient difficile pour l’éducateur d’entrer dans ce monde, d’en ressortir indemne et de réussir en plus à aider l’apprenant.

Pour la plupart d’entre eux, nous sommes dans le second cas de figure. Les jeunes compensent alors en inventant un monde, un ordre dont l’adulte est absent. Ce qui nous amène à croire et à dire que la mission de l’adulte consiste à tendre la main, à effectuer un pas vers son cadet. Seule la communication peut, sans doute, rétablir un équilibre entre chaos et dépendance.

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