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Parmi les qualités d’un bon enseignant

En France comme dans d’autres pays, le monde enseignant a passé d’un type d’enseignant qui met en œuvre des protocoles, procédures pré-acquises, à un nouveau type d’enseignant. Ce nouveau type donne son avis sur les programmes de l’école, joue un rôle accru dans l’animation d’équipes, prend des décisions concernant des modalités d’enseignement pour lesquels il n’a pas bénéficié d’une formation initiale. Malgré cette absence de préparation, le ressort de l’activité professionnelle a changé. On n’attend plus d’une formation préalable qu’elle configure l’exercice professionnel. Faisant suite à ces transformations, il est légitime de se poser la question concernant les qualités d’un bon enseignant de nos jours.

un bon enseignant

La réflexion, l’une des qualités d’un bon enseignant pour créer et diversifier ses outils

De nos jours, il n’y a plus de bornes au domaine que l’école doit défricher avec les élèves pour que ces derniers soient introduits dans la culture. La conséquence de cette situation pour les enseignants est considérable. Désormais, on admet tacitement que tout instituteur ou institutrice doit pouvoir prendre en charge des enseignements considérés comme indispensables. Même si on l’a pas formé pour cela. Les publics auxquels s’adressent ces savoirs de l’école primaire se sont eux-mêmes considérablement transformés avec le nouveau regard porté sur l’enfant. Les publics scolaires sont ainsi devenus beaucoup plus hétérogènes qu’autrefois et globalement, dans leur rapport à l’école.

Les élèves, les classes, les écoles sont par ailleurs devenus aussi divers que la société qui s’est, d’une part diversifiée, d’autre part acceptée comme telle. A l’époque où l’on pouvait souhaiter l’uniformité scolaire, a succédé le temps où la diversité devenue la règle doit être respectée. Les enseignants se confrontent ainsi à des conditions et des méthodes d’exercice très différentes. Enseigner signifie diversifier suivant que l’on se trouve dans une école rurale, une école de banlieue, une école de centre ville, ou en même classe suivant les capacités de nos élèves…

Un enseignement par expérimentation et par hypothèses d’action

Dès lors, on comprend que dans ces conditions l’univers scolaire soit aujourd’hui un monde d’incertitudes dans lequel la décision soit beaucoup plus difficile qu’auparavant. Se préparer à cette posture professionnelle suppose alors une approche tout à fait différente de celle qui consistait à mettre en place un maximum d’anticipations de ce que l’on allait, inévitablement, connaître. Il ne s’agit plus dès lors de tout anticiper. Mais bien de mettre en place une attitude, un comportement réflexif qui permette au praticien de faire face à la réalité rencontrée même si elle est très différente de ce à quoi il s’attendait. La solution est d’émettre des hypothèses d’action, même s’il ne dispose pas de schémas préétablis. Quitte à évaluer en permanence les résultats de ces actions pour les modifier en cas de besoin. L’expérimentation en classe de diverses méthodes fait partie des qualités d’un bon enseignant.

L’enseignant s’autocontrôle et régule son activité

Suite aux changements, le système actuel de contrôle des enseignants ne donne plus satisfaction. Surtout que la nécessité d’une régulation de l’activité reste aujourd’hui plus que jamais nécessaire, le soutien que les enseignants rencontrent au travers des visites d’inspecteurs ou de conseillers pédagogiques est trop modeste par rapport aux besoins. On peut espérer obtenir une mobilisation en conservant ce modèle et en amplifiant les moyens qui lui sont consacrés. Mais cette option, outre le fait qu’elle n’est peut-être pas réaliste, présente l’inconvénient de maintenir les enseignants dans un rôle relativement passif en ce qui concerne les déterminants de leur propre évolution.

Au contraire, une prise en charge par les praticiens eux-mêmes de leur propre régulation semble beaucoup plus conforme à une évolution dans laquelle l’autonomie professionnelle des enseignants soit efficace pour résoudre les questions qui se posent à chaque instant. Cette posture implique une participation plus importante des enseignants à leur propre formation, initiale et continue, y compris au niveau de la définition des orientations de cette formation, de ses axes, de ses contenus, de ses modalités. Cette posture implique aussi une prise en charge par les praticiens eux-mêmes des dimensions éthiques de l’activité professionnelle. Celles-ci les incitent toujours à améliorer leurs performances. On comprend que dans ces conditions, la réflexivité soit une condition nécessaire pour construire des attitudes les mieux fondées possibles.

En effet, tout enseignant doit être en mesure de réguler par lui même sa propre activité professionnelle. Cette activité permanente d’ajustement de ce qu’il réalise par rapport à ce qu’il projette. De ce qu’il projette par rapport à ce qui serait souhaitable, constitue aujourd’hui le véritable moteur du développement de la professionnalité enseignante. Cette logique d’une évaluation permanente de l’action professionnelle doit aussi s’imposer dans l’attitude à adopter vis-à-vis des élèves.

les qualités d'un bon enseignant

Parmi les qualités d’un bon enseignant, avoir une logique d’évaluation permanente

Les programmes étant faits pour être, à un âge et à un niveau donné, à la portée des élèves. Le fait qu’un élève n’apprend pas ce qui lui est proposé, apparaît comme la manifestation d’un manque qui peut ne plus être imputé à l’apprentissage mais à l’élève lui-même. Cela se traduit par des qualifications du type «élève en difficulté », « élève paresseux». Ces attitudes peuvent exister. Mais, il existe un risque important que ces qualifications finissent par saper le principe d’éducabilité. Ce principe doit être au cœur des croyances de l’enseignant. Il est peu productif de cataloguer un individu. Ce genre d’attitude n’offre qu’une seule perspective : l’exclusion. (il n’aurait pas dû passer de niveau, devrait être placé en classe spécialisée).

Ce qui est attendu d’un enseignant, ce n’est pas un jugement de valeur. On peut ici parler d’évaluation permanente si on entend par évaluation l’outil grâce auquel l’enseignant et l’élève peuvent se repérer facilement. Mais surtout que l’élève peut changer de performance. Et l’enseignant peut changer d’impression à propos de cet élève d’une évaluation à une autre. L’évaluation renvoie à une attitude, autant qu’à une technique, qui permet de réguler les apprentissages selon le progrès des élèves. Cette attitude suppose un regard bienveillant sur l’élève.

Il faut croire réellement à la possibilité qu’a tout élève d’apprendre, de progresser. Quel que soit son niveau de départ, et même si ces progrès ne concernent pas tous les domaines. Tout enseignant a rencontré des élèves qui réussissent parfois, mais pas toujours, dans des disciplines mais pas dans d’autres. L’enjeu n’est pas d’instaurer une logique de la compensation. Mais parmi les qualités d’un bon enseignant, c’est bien d’installer un climat dans lequel c’est la réussite, et non l’échec, qui est l’issue normale, l’issue attendue.

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