Pédagogie

L’enseignement des stratégies et des conduites intelligentes

Certes, le slogan «Apprendre à apprendre » vieillit, mais il ne prend aucune ride. Il prend de l’âge sans se fatiguer. En fait, la lutte contre l’échec scolaire se passe ici d’un atout important. Toutes les recherches actuelles sur le travail métacognitif arrivent à la conclusion que des performances scolaires élevées sont associées à des compétences métacognitives efficaces. Autrement dit, l’enseignement des stratégies aux élèves et la prise de conscience des démarches efficaces jouent un rôle primordial dans la lutte contre l’échec scolaire.

Alors que les élèves performants utilisent spontanément des procédures efficaces, les élèves en difficulté doivent les apprendre. Les recherches des dernières années révèlent que les élèves faibles présentent des stratégies cognitives et métacognitives déficientes ou inadéquates. Ayant un répertoire limité de stratégies d’apprentissage et connaissant mal certaines de ces stratégies, les élèves à risque ont tendance à compenser en surutilisant celles qui leur sont plus familières.

enseignement des stratégies

Favoriser l’émergence des conduites intelligentes

Les conduites intelligentes s’apprennent et doivent donc être enseignées. En effet, les recherches ont mis en évidence que les stratégies, procédures, les processus mêmes de pensée s’acquièrent par l’éducation. Les expériences que vivent les enfants, notamment les interactions avec le milieu familial ou scolaire, développent les performances intellectuelles. Le rôle des médiateurs parents, enseignants est, à ce propos, déterminant. Ce sont eux qui permettent à l’enfant de donner du sens à ce qu’il vit et de mieux maîtriser son environnement. Ils peuvent donc favoriser l’émergence de conduites « plus intelligentes », mieux adaptées aux exigences de la situation. Enseignement des stratégies

Pour l’élève en échec, la difficulté principale se trouve justement dans la non-explicitation des démarches. Contrairement aux élèves qui réussissent, les enfants en difficulté doivent apprendre les procédures efficaces. Et les conditions dans lesquelles celles-ci doivent être mises en œuvre. S’ils prennent conscience des processus qu’ils doivent actualiser, ils pourront réaliser correctement leurs tâches scolaires. Develay relève l’importance du travail d’objectivation : « Si 1/3 du temps d’enseignement est consacré aux activités métacognitives, les élèves progressent de 21% dans leurs apprentissages. »

L’enseignement des stratégies développe un sentiment de compétence

Un autre intérêt de cette approche touche au phénomène de l’attribution causale. Les stratégies d’apprentissage participent de causes internes, stables et contrôlables. Ce qui explique leur efficacité dans l’aide aux élèves en difficulté. En effet, l’élève qui maîtrise une stratégie et qui constate son efficacité développe le sentiment de contrôler la tâche. Ceci favorise chez lui un fort sentiment de compétence. Or, souvent, l’élève en difficulté attribue son échec à des causes sur lesquelles il n’a aucune prise. (« moi, je n’ai pas la bosse des maths, de toute façon » ou « moi, ma maman, elle me dit toujours que je ne suis pas intelligente »). Enseignement des stratégies

L’enfant développe ainsi un sentiment de résignation dû à ses échecs nombreux et répétés. Et à l’image qu’il se fait de lui-même. Il ne croit plus en lui et en ses capacités à surmonter ses difficultés. Comme le souligne Crahay, « il y a résignation apprise ou sentiment d’incapacité acquis lorsque les individus attribuent les événements négatifs qui leur arrivent à des causes internes, stables et incontrôlables ». L’apprentissage des stratégies par l’enfant lui redonne donc du pouvoir sur sa réussite scolaire. Et favorise par conséquent le sentiment de contrôlabilité. Or, les recherches ont constamment permis d’observer des relations entre la performance des élèves et la perception qu’ils ont d’eux-mêmes comme apprenants. Ainsi que la perception qu’ils ont de leur pouvoir sur les activités d’apprentissage.

stratégies d'enseignement

L’évaluation des stratégies et la remédiation adaptée

L’enseignant doit accorder toute l’importance dans son travail au fait d’évaluer l’attitude de l’élève face à la tâche. Un travail précis permet justement une évaluation assez fine des procédures que l’élève utilise face à une tâche scolaire. Lorsque l’enseignant aura identifié les difficultés stratégiques de l’élève, il pourra alors lui apporter une remédiation adaptée. Notons ici que le travail d’évaluation des stratégies, puis de remédiation, exige une prise en charge individuelle et un apprentissage rigoureux. Il serait en effet tout à fait insuffisant d’informer uniquement l’élève de ses difficultés et des procédures efficaces. La pratique de l’enseignement des stratégies demande que l’enseignant veille, comme lors d’apprentissages de connaissances déclaratives, au maintien et à la généralisation des procédures enseignées. En fait, les sujets en difficulté cessent d’utiliser la stratégie apprise dès qu’ils n’y sont plus encouragés. Et leurs performances retournent à leur niveau initial.

Pour lutter contre l’échec scolaire, l’enseignant devra donc veiller à enseigner à ses élèves des stratégies. Des procédures efficaces et pas uniquement des connaissances scolaires. Les tendances actuelles en adaptation scolaire suggèrent que l’intervention pédagogique avec les élèves en difficulté se centre sur les stratégies cognitives et métacognitives. Les recherches démontrent qu’un élève performant est stratégique dans ses apprentissages. C’est-à-dire qu’il connaît bien les stratégies dont il dispose. Et qu’il sait dans quelle situation une stratégie est appropriée et dans laquelle elle ne l’est pas. Il s’agit probablement ici de l’approche la plus prometteuse dans l’aide aux élèves en difficulté.

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