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Quelles sont les dimensions de la communication non verbale

La relation avec les élèves passe par un ensemble de comportements verbaux et non-verbaux plus ou moins subtils. Ces différentes manières d’être et d’agir déclenchent des réactions différentes chez les élèves. En particulier, les comportements non-verbaux sont régis par des codes fortement marqués culturellement. Ceci peut être une source de mauvaise communication entre le maître et l’élève. En fait, ce sont les dimensions de la communication non verbale qui véhiculent l’implicite et reflètent particulièrement la relation affective. Elles peuvent soit amplifier la signification du verbal, soit en modifier le sens, soit être en contradiction avec lui. Lorsqu’il y a contradiction entre les messages verbaux et non-verbaux, le destinataire accorde généralement plus de crédit aux seconds qui sont plus difficiles à contrôler volontairement. Ils révèlent donc plus sûrement les véritables pensées de l’émetteur.

la communication non verbale institutrice

L’occupation de l’espace et la gestion des distances d’interaction

Traditionnellement, l’espace de la classe est le territoire du maître. Il est le seul qui puisse s’y déplacer librement. Au contraire, le territoire de l’élève réduit à l’extrême (une chaise et une table) et menacé en permanence puisque le maître peut y intervenir en demandant par exemple de changer de place. L’estrade symbolise la prééminence du maître. La disposition des tables en rangées induit des échanges entre le maître et les élèves. Et elle rend difficiles les communications entre élèves, jugées indésirables. Ces arrangements spatiaux extrêmement contraignants pour les enfants donnent aux élèves la sensation qu’ils n’ont pas leur place dans la classe et d’être un facteur de rébellion. Aujourd’hui, les enfants ont en général une plus grande liberté de mouvement dans la classe. L’estrade a souvent disparu. La disposition des tables traduit des pratiques pédagogiques mettant l’accent sur le travail de groupe.

La distance maintenue dans la communication est aussi un paramètre important. Dans la communication de personne à personne on utilise une distance rapprochée, d’autant plus faible qu’il y a plus d’intimité. Lorsqu’on s’adresse à un groupe, la distance est plus grande. Souvent les enseignants utilisent mal les distances dans la communication avec les élèves. Par exemple, lorsqu’un élève pose une question, l’enseignant a tendance à s’approcher de lui, surtout s’il a du mal à entendre. Mais pour que la réponse profite à tous, il faut au contraire s’éloigner suffisamment de l’élève. Quitte à lui faire répéter sa question plus fortement car s’en rapprocher revient à exclure le groupe de l’échange.

non verbal en classe

Le regard, les mimiques, la gestualité et les contacts physiques

Le regard est le premier canal de la communication non verbale. Les mimiques et la gestualité sont le support principal de l’expression des émotions. Certains gestes servent à régler la communication entre partenaires. On les appelle des synchroniseurs. Ce sont par exemple les mouvements en miroir de l’auditeur, les hochements de tête et les expressions manifestant l’écoute, l’approbation ou la désapprobation. En classe, l’enseignant a souvent l’impression de s’adresser à tout le monde. Mais une observation rigoureuse montre que les regards, les sourires, les gestes s’adressent toujours aux mêmes élèves. Probablement à ceux qui font le meilleur usage de ces synchroniseurs.

Or dans un groupe, les sujets les plus regardés par l’animateur ont l’impression d’être appréciés. Ceux qui ne sont pas regardés ont une impression de désintérêt ou d’hostilité à leur égard. On peut faire la même observation à propos des contacts physiques qui ont un rôle non négligeable à l’école maternelle. On observe aussi une réticence au contact physique avec certains enfants. Les élèves laissés pour compte peuvent être tentés de se manifester de façon subversive. La prise de conscience de ces biais devrait aider les enseignants à répartir plus équitablement leurs comportements non-verbaux.

Les intonations et tous les aspects paralinguistiques de la communication non verbale

Imaginez les différentes manières dont un maître qui passe dans les rangs et vérifie le travail en cours peut dire à un élève «c’est bien, continue » :

  • Un bon élève a bien compris, il s’applique et jusque-là l’exercice est juste. Le maître dit « c’est bien, continue » en souriant et en donnant une petite tape amicale sur l’épaule de l’élève. Dans ce cas, les messages non-verbaux amplifient la signification du message verbal.
  • L’élève qui a déjà commis plusieurs erreurs et le maître pense qu’il ne sert pas à grand-chose de lui réexpliquer, que de toute façon il ne réussira pas cet exercice. Il lui dit « c’est bien, continue » d’un ton las, en soupirant, avec un haussement des épaules et des sourcils. Dans ce cas, pour l’élève la signification encourageante du message verbal est pour le moins atténuée par les messages non-verbaux exprimant le découragement, l’impuissance, les attentes négatives.
  • Un autre élève lit en cachette une bande dessinée au lieu de faire le travail demandé. Le maître le surprend. Là l’intonation aiguë du « c’est bien, continue !», la projection du buste en avant, les gros yeux et l’éloignement brusque ne laissent aucun doute sur la véritable signification du message. Arrête-toi tout de suite et mets-toi au travail, sinon cela risque d’aller très mal.
institutrice en classe

La communication non verbale des attentes affecte l’image de soi de l’élève

Les comportements des maîtres envers les élèves dépendent fortement des attentes qu’ils ont par rapport à ceux-ci. Des observations minutieuses ont montré que les maîtres ne traitent pas de la même façon les bons éléments et ceux en difficulté. Certaines de ces différences de traitement sont appropriées mais d’autres non.

Par exemple ils ont moins de contacts visuels avec les élèves en difficulté, ils les asseyent plus loin d’eux et leur adressent moins de messages non verbaux d’attention. Ils les interrogent moins souvent, leur posent seulement des questions faciles ne nécessitant pas d’effort d’analyse et attendent moins longtemps leur réponse. Lorsque ces élèves hésitent, les maîtres leur donnent la réponse, acceptent une réponse de mauvaise qualité ou interrogent d’autres élèves plutôt que de reformuler la question ou de leur donner des indications pour qu’ils améliorent leur réponse. Les maîtres ignorent souvent les interventions de ces élèves, faisant comme s’ils n’avaient rien dit et répondent plus brièvement à leurs questions qu’à celles des bons élèves.

On pense que c’est par l’intermédiaire de tels comportements subtils et en grande partie inconscients que les maîtres communiquent leurs attentes aux élèves, affectant ainsi profondément leur image de soi, leur motivation et leur niveau d’aspiration. Les résultats scolaires en subissent directement les répercussions et la confirmation des attentes du maître referme la boucle causale de l’échec scolaire des élèves en difficulté.

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