Pédagogie

Voici pourquoi différencier l’évaluation et la remédiation

A l’intérieur du cadre pédagogique que constitue la démarche de base du travail autonome, les itinéraires d’appropriation des savoirs par les élèves peuvent être diversifiés grâce à des stratégies d’évaluation et de remédiation différentes, portant sur le contenu autant que sur le processus de l’apprentissage visé. Cet article interprétera les raisons et les méthodes pour arriver à bien différencier l’évaluation et la remédiation favorable à l’appropriation du savoir.

différencier l’évaluation à l'école

Comment différencier l’évaluation ?

Parmi les méthodes de différenciation de l’évaluation, il y a l’auto-évaluation et la co-évaluation. L’auto-évaluation est l’évaluation effectuée par l’élève sur ce qu’il a réalisé, production et/ou maitrise d’un comportement. La co-évaluation s’effectue entre plusieurs élèves. C’est une démarche particulière de travail autonome. Son but spécifique est d’être une autoformation de l’élève en même temps que son auto-évaluation. Pour cela, elle doit se pratiquer selon les méthodes d’évaluation formative. La seule à offrir à l’élève des informations suffisamment opérationnelles, variées et précises pour qu’il puisse moduler l’apprentissage selon son rythme et son itinéraire. Ici, les travaux de Gendron ont mis en lumière cet aspect formateur en parlant d’évaluation formatrice lorsqu’elle est ainsi prise en charge par les élèves eux-mêmes.

Cet outil d’auto ou de co-évaluation représente un moyen privilégié de différenciation des processus. En fait, il crée une situation d’apprentissage où l’élève peut se déterminer grâce à la description précise du cadre de formation. Ainsi, il peut chercher librement ses stratégies d’appropriation et de correction des erreurs.

Différencier la remédiation concernant le contenu et le processus

Parmi les stratégies de remédiation qui concernent le contenu, on peut citer :

  • La stratégie de la révision. Elle consiste à répéter et/ ou à récapituler l’apprentissage non acquis en utilisant les mêmes points de départ, les mêmes supports, la même démarche que lors de sa première présentation. Cette stratégie a l’avantage d’aider les élèves qui ont été inattentifs. Ou qui ont des difficultés de mémorisation, qui n’étaient pas prêts précédemment à travailler et à comprendre. Mais, elle a l’inconvénient de ne provoquer que rarement le déblocage cognitif.
  • La stratégie du renouvellement. Elle consiste à présenter l’apprentissage à acquérir sous un éclairage différent avec des supports et des contenus nouveaux en changeant de point de départ.
  • La stratégie de l’ouverture. Elle consiste à abandonner l’apprentissage pour étudier un autre contenu, choisi de façon à préparer cette acquisition ultérieure reportée en attendant la maturation des élèves en difficulté. Elle demande une très grande rigueur et cohérence dans l’organisation de la progression des séquences pédagogiques.
  • La stratégie du conseil méthodologique. Elle consiste à travailler davantage sur les méthodes que sur l’acquisition des savoirs en conseillant les élèves sur la gestion de leurs instruments de travail. L’organisation de leur temps scolaire, et la maîtrise des savoir-faire fondamentaux interdisciplinaires . (savoir lire, écrire, écouter et observer, communiquer, apprendre ses leçons, mémoriser, transformer une information d’une forme en une autre, etc.).

En ce qui concerne le processus, les stratégies de remédiation y concernant consistent à réutiliser et/ ou inverser la démarche suivie la première fois au moment de l’apprentissage. Et ce, quelle soit une démarche inductive ou déductive. Une démarche analytique ou synthétique, une démarche partant de l’abstrait ou du concret. Cette réutilisation ou inversion doit être accompagnée d’un découpage des étapes du travail. Et ce selon les opérations mentales tenant compte de l’hétérogénéité des élèves.

Le fait de différencier l’évaluation et la remédiation, en quoi est-il formateur ?

Cette pratique, différencier l’évaluation et la remédiation, constitue pour l’élève à la fois un guide méthodologique de l’apprentissage et un instrument de motivation et de responsabilisation. Petit à petit, elle conduit l’élève à trouver une stratégie pré-corrective.

En fait, avoir à s’évaluer sur les bases concrètes que sont les opérations, le plan et les points de repère, pousse l’élève à adopter naturellement l’attitude fondamentale. Ceci est au cœur même de la pédagogie différenciée. Cette attitude consiste à s’interroger sur ce qu’il vient de réaliser. A répondre en se déterminant par rapport au niveau de performance exigé dans l’atteinte des objectifs de la grille utilisée. À ce moment-là, si l’élève n’est pas satisfait de sa réponse d’évaluateur, il peut décider. Contrairement aux autres situations habituelles d’apprentissage, de revenir en arrière et de corriger ce qu’il a réalisé.

Ce sera alors une véritable auto-formation, grâce à cette liberté de réversibilité de l’action. Il aura à réfléchir, à se représenter la situation, à revoir les connaissances acquises. Et surtout à rechercher dans son environnement d’autres informations éclairantes. Dans son cahier, son manuel, ses fiches annexes, le dictionnaire, auprès de l’enseignant, de ses camarades, etc. C’est par cette possibilité de stratégie pré-corrective que l’auto-évaluation, la co-évaluation et la remédiation permettent si bien de différencier les processus. Puisque chacun réagit selon sa personnalité et son cadre de référence cognitif.

différencier l’évaluation et la remédiation

Cette pratique est un garant de motivation et de responsabilisation

D’abord, différencier l’évaluation et la remédiation débouche sur la prise de conscience par les élèves de leurs réussites et de leurs erreurs. En effet, l’élève se rend compte de façon concrète, matérialisée, qu’il a réussi certaines parties de l’apprentissage demandé. Cette prise de conscience produit deux effets sur lui. Un effet méthodologique, car les éléments réussis lui servent de points d’appui pour continuer et s’améliorer. Et un effet psychologique, car cette mise en évidence explicite des réussites lui fait reprendre confiance en lui, retrouver motivation et énergie. Si bien que, parfois, il se met à apprécier le travail. Et même, à long terme, à aimer la matière concernée.

Ensuite, chaque fois que l’élève inscrit sur la grille d’évaluation ce qu’il juge de son niveau de performance. Il prend la responsabilité de cette décision. Certains élèves le sentent bien d’ailleurs. Ils refusent ce mode d’évaluation qui les oblige à être actifs. Et ce au lieu de continuer à rester de passifs entonnoirs où le savoir se déverse. Certains élèves, après avoir participé à l’élaboration de grilles de critères d’évaluation, prennent conscience du rôle formatif de l’évaluation et de la correction des erreurs. Ils s’habituent à critiquer leur propre travail en s’appropriant ces critères. D’autres élèves, par contre, refusent de s’investir de façon autonome. Pour résoudre ce problème de passivité, les élèves puissent définir leurs propres critères bien différents.

Enfin, la description des objectifs, des opérations et l’explicitation de la règle du jeu, c’est-à-dire des critères de réussite, donnent aux élèves un sens et une base d’orientation pour l’apprentissage exigé.

Articles similaires

10 commentaires

  1. Ok pour différencier les remédiations, c’est une évidence.
    Par contre, différencier les évaluations serait injuste car les évaluations certificatives (Type CEB) ne sont pas différenciées…
    C’est mentir aux enfants et aux parents.

    1. C’est possible de différencier les évaluations diagnostiques, formatives ou aussi sommatives mais non les évaluations certificatives bien sure.

    2. Martine, l’évaluation dans le cadre d’un enseignement n’a pas pour objectif de comparer ou de classer les élèves. Il ne s’agit pas d’un concours ou d’un entretien d’embauche !
      C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la note est totalement absurde et même nuisible à l’école.
      A l’école l’enseignant évalue parce qu’il a besoin de savoir ce que sait faire ou pas un élève. Et pour ça il n’a pas besoin de notes, pas besoin même de tests ni de contrôles, puisqu’en travaillant 6h par jour avec ses élèves, il connait parfaitement le degré de maîtrise des connaissances et des compétences de chacun.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
error: Content is protected !!