Les circonstances pour et contre la situation pédagogique

Les gens apprennent à éviter ce qui les heurte. Il n’est pas toujours possible de déterminer quelle circonstance est positive ou « contraire » pour un individu donné, mais certaines circonstances ont un effet suffisamment universel pour nous donner d’importantes indications. Nous allons d’abord examiner les éléments « contraires » à la situation pédagogique, afin de pouvoir terminer l’article sur une note positive.

Une condition (ou conséquence) « contraire » est tout événement qui provoque une gêne physique ou mentale. Il s’agit de tout événement amenant une personne à douter de sa propre valeur, à perdre amour-propre, dignité, ou à s’attendre à les perdre. De façon générale, des conditions ou conséquences peuvent être considérées contraires si elles obscurcissent la vie d’un individu ou si elles le rabaissent.

Lorsque les conditions et conséquences sont associées à la matière de notre enseignement ou résultent de son étude, la matière en question, l’étude, l’école elle-même, prennent des couleurs peu attirantes… Aucune vertueuse indignation de notre part ne saurait en changer l’effet. Aucune déclaration sur la façon dont il faudrait intéresser l’étudiant ne pourrait avoir plus de poids que la réduction des aspects contraires de la situation pédagogique.

la douleur parmi les contraires à la situation pédagogique

Elle est due à une gêne physique aiguë. Les occasions où l’étudiant ressent une douleur physique au moment où il étudie la matière enseignée ou bien comme conséquence de cette étude sont devenues rares (nous parlons bien sûr du cas où c’est le professeur qui provoque cette douleur). Toutefois, ce genre de situation n’a pas entièrement disparu. Certains enseignants prétendent que ceci est bon pour l’élève alors qu’il ne fait que justifier de façon peu commune son incurie pédagogique.

L’élève est parfois battu à cause d’une chose qu’il a faite ou n’a pas faite. Notre propos n’est pas de savoir si ce genre de punition devrait être ou non permis. Mais bien de déterminer les effets des conditions et des conséquences sur le comportement d’approche de l’élève à l’égard de la matière à étudier. Dans certains cas le professeur ou l’école ne sont pas directement impliqués dans la situation pédagogique contraire et douloureuse. L’étudiant a parfois mal quand il doit lire. Il a peut-être une vue déficiente et la lecture engendre une douleur.

La peur et l’angoisse

Elles sont provoquées par une détresse ou un malaise de l’esprit: crainte du danger, tension, mauvais pressentiments, inquiétudes, agitation, attente du pire. Les procédés qui engendrent la peur et l’angoisse, sont ceux qui menacent l’élève de désagréments divers. Par exemple: dire à l’étudiant, explicitement ou par l’attitude, qu’il n’aura jamais de succès quels que soient ses efforts, ou bien qu’il ne tirera de l’étude de la matière enseignée que des conséquences regrettables.

Menacer l’élève d’un échec en lui disant: « Si vous n’êtes pas assez motivé, vous ne devriez pas être ici ». Ou être incohérent dans votre estimation du niveau de performance acceptable. Aussi, une punition fréquente dans certaines écoles, est d’être « envoyé chez le directeur ». Pour une infraction réelle ou imaginaire, l’élève doit aller dans le bureau du directeur où une correction est censée lui être administrée par ce dernier. Combien de fois ai-je vu un jeune élève assis, là, en train d’attendre un discours cinglant, enfant recroquevillé, apeuré, désorienté et sursautant de peur au moindre mouvement. Est-ce cela l’éducation ?

La frustration

Elle consiste en une condition ou conséquence qui survient lorsque des activités axées vers un but déterminé, sont entravées, lorsqu’une activité ayant une signification ou une motivation est gênée. Frustrer c’est contrarier, faire échouer, circonvenir, intervenir, faire obstacle, détruire, rendre un effort inutile. Les pratiques capables de susciter des frustrations comprennent:

Humiliation et embarras

Ils apparaissent quand on rabaisse la fierté ou l’amour-propre d’un individu. Quand on lui fait honte, on le dégrade. Ou quand on lui fait perdre toute dignité de façon pénible. Voici les méthodes qui conduisent à ce genre de situation :

L’ennui qui résulte de la situation pédagogique

Il naît d’une situation où les stimuli ayant un impact sur l’étudiant sont faibles, trop rares ou trop itératifs. En voici les réactions d’évitement typiques: sortir de la situation, ou s’endormir. Les manières de faire qui provoquent l’ennui sont, entre autres :

L’inconfort physique

Il n’est autre qu’une gêne, une fatigue, une douleur légère. Il existe différentes façons d’occasionner un inconfort physique chez l’étudiant mais la plupart d’entre elles échappent au contrôle direct de l’enseignant. En voici une liste partielle :

Une coutume pratiquée à l’école et qui produit des conditions et des conséquences contraires, semble très fréquente. Il s’agit de l’utilisation de la matière étudiée comme punition. Vous connaissez la formule: « Eh bien, comme vous avez été insupportable, vous irez en retenue et ferez 25 exercices d’arithmétique! ». Ou bien: « Puisque c’est comme ça, vous étudierez ce soir quatre chapitres au lieu d’un seul ». Une fois encore, nous ne discutons pas l’opportunité de la punition, seulement son instrument. Les gens tendent à éviter les choses qui les heurtent, que ce soit une massue, une baguette, ou un devoir sur la matière enseignée.

Les circonstances positives à la situation pédagogique

Une circonstance positive est tout événement agréable survenant au cours du contact entre l’élève et le sujet d’étude, ou le suivant de près. Alors qu’une circonstance contraire assombrisse la vie de l’élève ou lui fait perdre confiance en lui, celle positive le hausse dans sa propre estime ou éclaire un peu son existence.

Les conditions et conséquences positives sont les événements qui mènent à des expériences réussies et reconnaissent ce succès. Ces pratiques positives comprennent:

Pour conclure…

Sans doute, tout enseignant désireux d’augmenter les capacités de ses étudiants, utilise pour la plupart les manières de faire ci-dessus, sinon toutes, et aussi quelques autres. Alors, pourquoi entrer dans de tels détails ? Tout simplement parce que la bonne volonté ne suffit pas. Nous tenons certainement à ce que les élèves quittent notre cours aussi intéressés à la fin de celui-ci qu’ils l’étaient au début. Mais nous faisons peu, ou rien, pour nous en assurer. Une telle apathie est effrayante si l’on considère quelle perte énorme de compétences potentielles représentent les attitudes contraires et l’utilisation continuelle des facteurs qui les engendrent. Ces compétences gâchées représenteront peut-être l’un des plus lourds fardeaux de notre société, alors que nous progressons vers une ère où un individu sans compétence est à peu près inutilisable.

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