La formation professionnelle de la qualification à l’employabilité

Pour penser la formation professionnelle, le concept de qualification parait inadéquat. Sur cette base, il est possible de lui définir un nouvel enjeu. Ce dernier devient alors la préparation à l’employabilité.

Les cinq sens de la qualification

En effet, on peut repérer au moins cinq sens différents accordés à ce terme.

De la qualification à l’employabilité

L’employabilité se définie, tout simplement, comme la capacité, pour un individu, d’occuper un emploi donné. Cette définition, apparemment pleine de bon sens, est pourtant lourde de conséquences.

En effet, le paradigme relatif à la formation professionnelle dans une perspective d’employabilité repose sur la conviction de la possibilité de définir des objectifs pédagogiques formulés à partir d’une analyse ergonomique des compétences nécessaires à l’exercice d’emplois spécifiques. Nous postulons donc qu’il est possible de décrire les fonctions professionnelles en termes de compétences. Et que l’acquisition de celles-ci devient l’objet de l’apprentissage dans la formation professionnelle. Comme la notion de compétence permet de séparer le pouvoir faire, véritable but pédagogique, du faire, résultat dérivé de l’apprentissage. La question pédagogique théorique devient alors la suivante. Comment rendre les élèves capables de pouvoir faire de telle ou telle façon ?

Cette manière de penser a une conséquence importante dans le domaine pédagogique. Le choix des didactiques à utiliser dans la formation professionnelle ne peut être déduit des caractéristiques sociales de l’emploi. Autrement dit, ce qu’on veut faire acquérir n’est pas à confondre avec la méthode à utiliser pour y arriver. Le monde de l’enseignement retrouve ainsi une latitude et un champ de créativité pour organiser son travail didactique. Le critère de choix devient alors la théorie de l’apprentissage de référence et dont on déduit la méthodologie la plus indiquée.

Problème de l’efficacité de la formation professionnelle

Ce recul permet de poser le problème de l’efficacité de la formation professionnelle. Si le référentiel des compétences est correctement établi, le débat pédagogique peut s’ouvrir sur les stratégies les plus indiquées pour les faire acquérir. Rien ne prouve donc que les pratiques pédagogiques dominantes jusqu’à présent à l’école technique et professionnelle soient les plus performantes. C’est le cas, quand il y a transformation des professions. L’évolution des technologies et des modes d’organisation du travail (enrichissement des tâches) entraîne une modification profonde des fonctions à exercer.

Si l’on recherche l’efficacité, il devient indispensable de réexaminer les formations professionnelles à deux niveaux : celui de la pertinence du contenu des apprentissages et celui des moyens à utiliser pour les poursuivre.

Cette évolution vers un apprentissage à portée plus générale se favorise encore par l’approche du travail en termes de fonction plutôt que de poste de travail; allant à l’encontre de la tendance à la spécialisation de la formation professionnelle. Ainsi, on forme à la conduite de machines à commandes numériques; quel que soit le domaine productif pour lequel ces machines sont utilisées. L’accent à mettre sur les invariants de la fonction et non sur les particularités de telle ou telle machine. De même, la gestion informatique des dossiers est un type d’activités qui n’est l’apanage d’aucune catégorie d’entreprise. Et qui se retrouve dans le processus de production de biens ou de services variés.

Mais la brèche par rapport à la conception spécialisée de la formation professionnelle apparaît plus béante encore lorsque l’on observe qu’il existe des compétences génériques; définies comme des compétences communes à plusieurs fonctions ou plusieurs emplois. Autrement dit, il existerait un fonds commun d’aptitudes, mobilisable dans des emplois divers. L’acquisition de ce fonds commun deviendrait le but d’une possible formation professionnelle commune.

Le seuil de l’employabilité dans une formation professionnelle

Par ailleurs, l’analyse du travail montre que les emplois ont des exigences en tenues de compétences; non seulement de nature variée comme on vient de le rappeler. Mais aussi de niveaux différents. Autrement dit, certaines professions exigent des compétences plus élevées que d’autres. On a donc dégagé un nouveau concept, celui de seuil d’employabilité. C’est le niveau de compétences socialement admis comme indispensable pour exercer un emploi donné.

Le seuil d’employabilité à ne pas à confondre avec le seuil d’embauche qui est l’exigence à une personne pour l’engager. Ce seuil est le résultat d’un rapport de forces au sein du marché du travail; déterminé lui-même par une série de variables parmi lesquelles l’employabilité de la personne. Selon la conjoncture, ce seuil d’embauche peut être plus ou moins élevé que le seuil d’employabilité.

On peut donc supposer que les seuils d’employabilité varient d’une profession à l’autre. Autrement dit, certains emplois demanderont un temps de formation plus long que d’autres. Parce que le niveau et la variété des compétences à maîtriser plus élevés. La durée de la formation professionnelle étant fonction des objectifs à atteindre et des moyens à mobiliser pour y arriver. Il n’y a donc plus aucune raison théorique d’organiser la formation professionnelle selon un cursus standard, comme le fait l’école. En effet, certains seuils peuvent être atteints plus vite que d’autres.

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