C’est par une pratique tirant parti, à la fois, d’une pédagogie par objectifs et d’une pédagogie différenciée, que le maître pourra atteindre ses propres objectifs d’enseignement. Puisque la pédagogie différencié a été présenté dans nos derniers articles, cet article proposera des éléments et des arguments pour et contre celle par objectifs.
Cette pédagogie consiste, pour l’enseignant, à définir a priori les objectifs d’apprentissage, à les détailler en objectifs intermédiaires, puis à déterminer les situations qui permettront de les atteindre.
En quoi consiste un apprentissage ?
Accordons-nous tout d’abord sur le terme même d’apprentissage qui recouvre deux réalités bien différentes. L’objet d’apprentissage, qui désigne des contenus notionnels, méthodologiques et comportementaux. Et le processus d’apprentissage, qui désigne le développement cognitif de l’enfant. C’est-à-dire les stratégies déployées, les méthodes appliquées, ainsi que les comportements adoptés par le sujet pour acquérir des connaissances.
Apprendre consiste donc, pour l’élève:
- en un acte de transformation d’un savoir ancien en un savoir nouveau. Cela suppose qu’il passe dans un premier temps, d’une ignorance ignorée à une ignorance dévoilée. Puis dans un second temps, de la prise de conscience d’un savoir incomplet au désir d’un savoir plus affiné.
- en un enrichissement des outils dont il disposait déjà pour s’approprier ces connaissances.
Il s’avère donc fondamental pour le maître d’agir à la fois dans les domaines de l’objet. Et du processus d’apprentissage en disposant d’une connaissance claire de ces contenus et de leur traduction en termes d’objectifs pédagogiques. Et puis, en détectant ce qui, dans les processus que l’enfant met en œuvre pour s’approprier les connaissances, peut être pris en compte, modifié ou enrichi.
Accroître l’efficacité de son propre enseignement
En effet, la pédagogie par objectifs devrait permettre à l’enseignant d’accroître l’efficacité de son propre enseignement.
- Elle facilite une meilleure gestion des apprentissages grâce à une analyse plus consciente des composantes de l’apprentissage, de son déroulement à l’intérieur d’un cycle et entre cycles. En fait, elle permet la construction de progressions au sein de l’apprentissage considéré, en fonction de l’activité de l’apprenant. Elle facilite le choix des démarches, des stratégies, des moyens d’enseignement les plus adaptés aux objectifs visés. Et aussi l’adaptation aux objectifs, des tâches proposées aux élèves. Enfin, elle permet l’instauration des bases d’un enseignement plus individualisé. Et la constitution plus rigoureuse des groupes d’élèves qui tienne compte de leurs acquis antérieurs et de leurs besoins présents, au sein de la classe et au sein du cycle.
- Elle donne les moyens d’assurer de façon objective, le suivi des élèves par une évaluation formative. Tout en comprenant la prévision d’activités, d’épreuves adaptées aux sujets apprenants. Assurer une évaluation intermédiaire régulière des objectifs atteints dans le cadre plus global de l’apprentissage considéré. En plus de l’analyse de ces résultats aboutissant au repérage des causes des difficultés, erreurs des élèves et les réponses pédagogiques à leur apporter. Elle instaure l’utilisation des documents de suivi individuel permettant de considérer précisément les progrès de chacun.
- Elle permet une meilleure communication avec l’élève pour l’aider à mobiliser ce qu’il savait déjà et à acquérir ce qu’il ne sait pas, au travers d’un contrat de travail. La communication aussi avec les autres enseignants du même cycle pour y répartir les contenus d’enseignement. Analyser les résultats obtenus, et apporter si besoin, les modifications nécessaires à une harmonisation de leurs pratiques pédagogiques au sein du cycle. Enfin, la communication avec les parents, en les informant objectivement des progrès de leurs enfants, des actions de soutien nécessaires.
Les limites de la pédagogie par objectifs
La pédagogie par objectifs, si elle fournit aux enseignants un excellent moyen d’orienter leur pédagogie, aboutit parfois à des dérives. L’utilisation d’objectifs ne constitue pas la clé unique et suffisante de la réussite. Une telle pratique deviendrait inadéquate si elle ne prenait pas en compte ces quelques remarques.
- Il ne convient pas d’aboutir à une conception purement linéaire de l’apprentissage dont l’ordre scrupuleusement respecté par le maître et par l’élève. En effet, l’enfant construit son savoir selon une logique qui lui est propre. Et qui dépend non seulement de ses activités scolaires. Mais aussi de son histoire et de son vécu extrascolaire. De cela, vont dépendre une série de paramètres de la pédagogie par objectifs (rythmes de travail, acquis antérieur, stratégies utilisées, mode d’appropriation des connaissances).
- Tout apprentissage doit être aussi considéré dans sa globalité. C’est pourquoi, au-delà des séquences élémentaires, distinctes les unes des autres, il conviendra de prévoir des séquences de synthèse. Celles-ci auront pour objet de conduire les élèves à la perception. Ceci permettra, non seulement de généraliser les apprentissages au sein de la discipline enseignée. Mais aussi de les transférer d’une discipline à l’autre.
- Un même apprentissage doit souvent, pour être acquis en totalité, faire l’objet d’un travail tout au long du cursus. À ce titre, il découle d’une vision en continu des apprentissages considérés au sein du cycle, et excluant les ruptures entre cycles.
- Enfin, l’enfant dispose aussi de compétences qui ne se révèlent pas toujours dans le déroulement quotidien de la classe. Ainsi en est-il de l’élève capable de raconter un film, inventer une devinette sans pouvoir, pour autant, réussir en classe. C’est en déscolarisant les activités proposées aux élèves que l’enseignant pourra favoriser l’émergence de ces aptitudes. Par la suite la prise en compte d’un savoir qui ne doit pas rester ignoré.
