Derrière le terme de projet de classe, les enseignants mettent des significations bien différentes. Cet article a donc pour but de clarifier la notion et de donner des indications pour mettre en place des projets de natures diverses destinés à favoriser l’apprentissage de l’enfant et lui permettre de construire des compétences.
Qu’est-ce qu’un projet ?
Le projet est d’abord une intention concernant une ou des actions que l’on se propose de réaliser dans l’avenir. Il s’agit donc d’un but que l’on va s’efforcer d’atteindre. Mais aussi d’une série d’actions hiérarchisées à mettre en œuvre pour atteindre ce but. Une dimension temporelle intervient nécessairement. La durée et l’ordre chronologique des actions. Comme il s’agit de l’institution scolaire, ce projet va concerner des apprentissages, aura un lien avec les programmes en vigueur, prendra donc en compte les compétences acquises et à faire acquérir par les élèves. Outre la dimension matérielle qui conditionne la mise en œuvre, le projet de classe concerne des acteurs : l’enseignant, les élèves, éventuellement d’autres partenaires dans l’école ou hors de l’école. Selon la nature des projets, un ou plusieurs acteurs interviendront lors de la conception et de la réalisation du projet.
Le projet peut être un texte rédigé avec une liste d’objectifs, un calendrier, un budget et une répartition des tâches. Il est alors une sorte de contrat passé entre les acteurs. Selon donc les composantes, il s’agira d’un projet d’enseignement dont les contenus peuvent concerner une ou plusieurs disciplines. Certes, les compétences à acquérir sont la première préoccupation, mais la mise en œuvre des différents projets d’enseignement dépend, pour sa réussite, de la motivation, de l’implication des élèves et donc de ce qui va constituer la vie de la classe.
L’enfant partie prenante du projet
Tous les enseignants savent combien il est facile de faire adhérer les enfants à un projet préalablement pensé par l’adulte. Mais est-il objectivement une différence entre une situation d’apprentissage hors projet et une situation relevant d’un projet imposé ; où l’enfant est exécutant et non actant ? Exécutant dans un projet imposé, l’enfant se confronte à des situations d’apprentissage où il produit pour de vrai ; où il appréhende la nécessité d’acquérir certaines compétences, condition nécessaire à la construction du sens de l’activité mise en place. Mais malheureusement non suffisante à la genèse d’une réelle motivation.
En effet, il faut aussi que l’enfant trouve sa vraie place, que le projet de l’adulte devienne sien. La motivation ne peut uniquement résulter de l’existence de situations fonctionnelles. Elle relève aussi d’une nécessaire et véritable appropriation du projet de vie. L’enfant doit avoir son mot à dire dans la conception de ce dernier.
Mais comment réussir le projet de classe ?
- L’enseignant propose la forme, le cadre du projet. Initialement, il pense et expose son projet de production. Il présente aux enfants un projet de production qui se divise en deux sous-projets. D’abord, créer une histoire dans le cadre d’un « feuilleton mail», avec deux classes de correspondants. Les enfants écrivent le début d’un récit de fiction et l’envoient à l’une des deux classes chargée de le poursuivre ; qui elle-même l’envoie à la troisième qui fera de même auprès de la classe initiale. Ainsi de suite jusqu’à ce que le récit se termine. Le travail de réécriture et la production de la fin appartiennent à la classe qui a lancé la production. Puis, représenter ce récit sous forme de livre animé géant. L’enseignant définit la situation de communication. Les productions seront exposées à la semaine du livre. L’école participe chaque année à cette exposition que les enfants adorent.
- Le groupe classe définit le contenu du projet de vie après avoir manifesté son adhésion à la forme proposée. L’oral va jouer ici un rôle primordial, celui de véritable outil d’appropriation du projet de vie, par la mise en place de différents débats, dont le but sera une élaboration progressive du contenu de celui-ci. La motivation à la production se renforcera au fil du temps, par différents moyens et pour différents enjeux. Plus le projet deviendra leur, plus les enfants seront concernés par son aboutissement. Avoir le choix de la partie à écrire est un plus dans l’appropriation individuelle. Le rôle de l’enseignant est désormais de les aider à mener à bien leur projet de vie ainsi défini. Et d’affiner son propre projet d’enseignement en fonction de l’analyse des obstacles rencontrés. Ce qui appartient à l’adulte n’est pas le contenu de la production, mais bien celui de l’apprentissage.
Exemple de projet de classe en CM2
Dans une classe de CM2, un projet mis en place dans le cadre de l’action « Un ballon pour la classe », en partenariat avec une association de loisirs scientifiques. L’association s’engage à fournir une enveloppe de ballon stratosphérique, un écho-radar, un parachute, ainsi que l’hélium nécessaire au vol. De plus, deux techniciens prévus pour suivre le projet. La classe s’engage à élaborer une nacelle qui contiendra une expérience scientifique. À la suite de la première visite des techniciens, la classe a fait le choix de mettre au point un dispositif de déclenchement automatique à intervalles réguliers d’un appareil photo, afin d’obtenir des images aériennes.
Dans ce type de projet, la motivation première pour des élèves de ce cycle réside dans son aspect scientifique. La démarche utilisée se rapproche de celle des « professionnels ». La référence permanente à un cahier des charges regroupant, en particulier, les contraintes inhérentes au projet (masse, volume, finances, etc.) permet d’aboutir à un système fiable. La classe et son enseignant ont pu toucher ce qui paraissait inaccessible. La structure de travail en groupes a permis des échanges riches car libres. Les occasions de mettre en place des situations permettant d’acquérir des compétences ont été nombreuses.
