Importance de la compréhension orale pour une prise de parole réussie
La communication orale est une série de contacts que chacun, quel que soit son vécu, son histoire, ses difficultés ou ses réussites d’apprentissage, devra nouer avec les autres et avec l’enseignant. C’est un voyage commun. Instaurer un rapport de confiance est donc essentiel, chacun ayant sa place dans cette parole qui va se dire, se nouer et se dénouer. La compréhension orale est nécessaire avant la prise de parole pour aboutir à une communication intéressante et enrichissante pour les apprenants.
Rôle de l’enseignant pour garantir la compréhension liée à la situation de classe
L’apprenant est confronté à deux types d’interlocuteurs: l’enseignant d’une part, les autres élèves d’autre part. L’enseignant donne des consignes, des explications, des conseils… Pour faciliter la compréhension, il a recours à divers procédés : utilisation de synonymes, d’antonymes, de paraphrases, de définitions voire de gestes en particulier avec des débutants. Ainsi, le professeur de langue reformule les signes du message qu’il veut expliquer au moyen des signes déjà connus, déjà acquis afin de rendre le message assimilable. Cette traduction impose le réemploi constant des formes déjà étudiées. La richesse et la justesse d’une bonne explication vient de l’utilisation pertinente des rappels de ce qui a été vu. L’intérêt de cette stratégie est donc double. Elle facilite la compréhension et favorise l’acquisition des nouveaux signes tout en obligeant l’apprenant à mobiliser ce qu’il a appris.
La compréhension des uns et des autres en classe dépend de la qualité de l’expression de chacun liée à la prononciation et au respect de la correction linguistique. Ici, l’enseignant doit encourager le récepteur à intervenir auprès du locuteur pour lui demander de répéter, de reformuler ou de préciser ses propos.
La compréhension orale en tant qu’objectif d’apprentissage
La compréhension orale est aussi un objectif d’apprentissage qui précède, souvent, la prise de parole. En effet, on ne peut inventer les formes discursives utilisées par un groupe social dans une situation donnée. L’étudiant doit, donc, être exposé à des situations suffisamment diverses pour qu’il en dégage un comportement linguistique adéquat.
Le discours, aussi bien que la langue, s’apprend en situation et non à partir de listes de mots ou de formules. Si l’objectif est centré sur la demande, l’élève doit être à même de comprendre les refus, les hésitations de ses interlocuteurs et être capable de reformuler sa demande avec insistance ou toute autre nuance qui convienne à la situation. Comment acquérir cette compétence, sinon en écoutant, en mémorisant et observant des dialogues où sont mis en scène ces fonctions de communication ou actes de parole ?
Comprendre n’est pas une simple activité de réception d’un message qu’il faudrait décoder mais la reconnaissance de la signification de tout un discours. Autrement dit, la compréhension suppose la connaissance du système phonologique, la valeur fonctionnelle et sémantique des structures linguistiques, mais aussi la connaissance des règles socioculturelles. II est donc préférable d’utiliser des documents sonores authentiques ou du moins vraisemblables, intéressants par leur contenu et variés.
Les supports, outils d’aide à la compréhension orale
Plusieurs supports peuvent être utilisés à la phase de l’oral. L’enseignant peut avoir recours aux :
- interviews fabriquées ou authentiques
- émissions radiophoniques
- extraits de films
- documentaires
- spots publicitaires
- journaux télévisés
- débats, etc.
Le support qui accompagne la parole apporte deux genres d’information: une information de type référentiel (les référents des objets dont on parle peuvent y être présents) et une information de type situationnel (les locuteurs, les lieux et circonstances de la parole). Le support permet également l’étude des éléments paralinguistiques tels que les gestes et les mimiques. Cela peut donc faciliter la tâche de l’apprenant, mais çà peut aussi détourner l’attention portée à la perception sonore vers la perception visuelle (d’où la nécessité de bien choisir son objectif avant d’utiliser des documents vidéo).
Cette perception auditive est une des principales difficultés dans l’accès au sens de l’oral pour un débutant. Elle réside dans la découverte de la signification à travers une suite de sons. Identifier la forme auditive du message, percevoir les traits prosodiques ainsi que la segmentation des signes oraux et y reconnaître des unités de sens sont des opérations difficiles surtout pour les débutants.
Les stratégies et les objectifs d’écoute
L’écoute, à la différence de la perception auditive, est une pratique volontaire, une attitude, un désir ou un refus. L’atmosphère, la motivation, le type de document choisi, sa longueur, la voix enregistrée… attirent ou bloquent celui qui écoute. Ils soutiennent l’intérêt ou au contraire font décrocher l’attention. Il convient donc de jouer sur la diversité des locuteurs et des contenus. Enseigner à comprendre signifie donner à l’apprenant les moyens de repérer des indices dans un document, d’établir des liens, de mettre en relation, de déduire.
Une première stratégie d’écoute sera donc la reconnaissance des voix, du nombre de locuteurs, des éléments paralinguistiques tels que les pauses ou les accents d’insistance qui facilitent la compréhension des modalités de la parole (l’interrogation, la négation, le doute, la surprise, l’indignation…).
Ensuite, on privilégiera une écoute globale suivie et non fragmentée du document pour en faire saisir le sens général.
Puis, une écoute sélective pour laquelle des questions préétablies permettront à l’apprenant de retrouver des informations ciblées qu’il recherche dans le document.
Enfin, une écoute détaillée peut permettre de reconstituer, voire de reformuler le document dans son ensemble.
L’écoute active pilier de la compréhension
Que ce soit une compréhension partielle ou totale, globale ou détaillée, il est nécessaire de placer l’apprenant dans une situation d’écoute active, c’est-à-dire de lui donner une tâche précise à accomplir avant l’écoute du document. On peut aussi le préparer à l’écoute par une discussion sur le thème ou les aspects culturels abordés, par des associations de mots ou d’idées à partir d’un mot donné, par l’analyse d’une photo ou encore en faisant appel à son vécu.
Le document est donné à comprendre, il ne doit pas être expliqué par le professeur. Les apprenants développent ainsi la faculté de repérer les indices et d’inférer, c’est-à-dire de déduire le sens d’un mot d’après le contexte. L’habitude d’inférer instaure la confiance en soi et l’autonomie. Une découverte qui est le résultat d’une recherche de l’étudiant le place dans une situation plus active et donc plus réceptive que lorsqu’il reçoit simplement une information.
Après avoir entendu une fois le document, les élèves sont invités à échanger avec leur partenaire ce qu’ils ont compris. À la deuxième écoute, les attentes seront confirmées, infirmées ou elles persisteront. Entre la première et la deuxième écoute, le taux de compréhension augmente sensiblement, puis graduellement jusqu’à la quatrième ou cinquième écoute. Puis la fatigue ou le désintérêt risque de s’installer. Il faut donc bien gérer le nombre d’écoutes pour aboutir à une compréhension orale prometteuse de véritables discours entre nos apprenants.
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